En août 1914 à Coincourt-Moncourt |
Y étaient :
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Le 14 août 1914 |
Le 14 août 1944, la 58ème brigade (3ème RI et 141ème RI) quitte Drouville à 3h, et se trouve rassemblée à 7h au Sud Est de Serres. Elle doit se porter en formation d'approche sur Valhey, Beauzémont et Bures. Le 1er bataillon du 141 ème obligé de traverser le bois d'Einville exécute cette marche avec précaution et d'assez grandes difficultés, ce qui le met légèrement en retard; mais il reprend ses distances avant d'arriver à Beauzémont et la marche continue. Un bataillon du 141ème est détaché en flanc-garde par la vallée du Sanon. Le 3ème bataillon du 3ème RI part en avant-garde, sa 9 ème compagnie en tête; il est 9h du matin, il fait chaud. Vers midi, au moment où elle débouche de Bures, l’avant-garde est accueillie par quelques coups de feu tirés de la cote 300 au N-E du réservoir du canal. La 12e compagnie se déploie immédiatement face à cet objectif et suivie des 3 autres compagnies du bataillon chasse promptement les quelques cavaliers qui occupaient la crête. Au cours de cet engagement un soldat est blessé à la jambe, trois autres sont contusionnés. La 58ème brigade, gardée au Nord par le 112ème qui est établi à la cote 300 et en avant, à l'Est par deux compagnies du 3ème RI (bataillon Caillès) renforçant l'avant-garde occupant Coincourt et au Sud par 2 compagnies du 141ème sur la croupe de Parroy, s'établit en halte gardée dans le couloir Bures - Coincourt à l'abri des pentes de la cote 300.Le 141ème RI bivouaque au Nord du réservoir, entre les cotes 246 et 300. Le 2 ème bataillon est en soutien d'artillerie sur les hauteurs au N de Parroy. A 13h20, les bataillons sont rassemblés à Coincourt et aux abords immédiats du village. Les 3ème et 4ème compagnies du 3ème RI organisent défensivement cette localité. Les reconnaissances de cavalerie ont signalé le bois du Haut-de-la-Croix comme fortement occupé par l’ennemi. L’attaque prévue comprend l’action d’un bataillon du 141ème RI sur la lisière S du bois et un coup de force par le 3ème RI sur la corne NO. Le 3ème RI déploie ses deux bataillons (1er et 2ème) à la lisière N-E du village et se porte en avant à 15h soutenu par les batteries postées au Nord de la crête de Parroy et à la sortie Est de Coincourt. Objectif pour le 1er bataillon de gauche, la partie Nord du bois de la croix et pour le 2 ème bataillon à droite, la cote 282 N-O du bois. Le 1er bataillon du 141ème attaque vers le cimetière de Coincourt. Les 1er et 2ème compagnies sous les ordres du capitaine Coquet partent aussitôt relever le 2ème bataillon du 141ème RI et les 3ème et 4e compagnies en soutien du 3 ème RI. Plus à droite le 2ème bataillon attaque le petit bois de la Saulnière situé à 2km à l'E de Coincourt. Le 3ème bataillon est en réserve vers la cote 300. Les compagnies de tête débouchent du village et sont aussitôt violemment prises à partie par les salves de l’artillerie ennemie. « À 3h, la canonnade commence, nous rigolions tous de voir éclater ça au-dessus de notre tête, nous nous mettons en colonne de sections sur deux et nous nous mettons en marche du côté des Boches, soutenus par notre artillerie, le feu de l’artillerie boche devient intense, nous rigolons toujours et nous avançons, les shrapnels éclatent sur nos têtes, toujours nous avançons» A 15h30, les premiers obus éclatent très haut au dessus de Coincourt révélant la présence d’une artillerie ennemie assez importante. 4000m environ séparent la lisière Est du village de la lisière N-O du bois de la croix. La marche a lieu par bonds successifs jusqu'à la frontière où l'on commence, vers 17h, à être en butte à des feux de l'infanterie très meurtriers et très bien réglés. L’avance et le déploiement des unités s’exécutent sans autres couverts que quelques meules de foin, malgré un feu violent, mais heureusement peu précis, de l'artillerie allemande qui ne cesse de tirer qu’à la nuit. « Nous reçûmes le baptême du feu, les balles sifflaient à nos oreilles, fauchant les épis de blé; aussitôt l’ordre de nous disperser nous fut donné aussitôt notre artillerie de campagne se mit à riposter car déjà les allemands nous arrosaient d'obus à shrapnells.» Le 38ème d’artillerie, entre Parroy et Coincourt, à plusieurs reprises, tire sur des batteries invisibles. « De l'ennemi, je ne vois rien. Devant Moncourt, je découvre bien une ligne noire, des tirailleurs, mais il est impossible de savoir si c'est l'ennemi ou les nôtres et les renseignements n'arrivent pas. » L’artillerie est complètement perdue, elle ne sait ce qu’elle doit faire: "Ouvrez le feu immédiatement". Sur quoi ? On cherche les généraux, on va aux ordres. Seulement, il n'y a pas de poste de commandement, ou s'il y en a un, personne ne sait où il se trouve. Les chefs sont en avant quelque part sur une crête, à regarder le combat qu’ils (Carbillet, Tocanne et Person) pourront commenter à leur aise d’une manière emphatique plus tard !! Malgré l’intensité de ce feu la progression se continue par bonds rapides coupés par des pauses pendant lesquels les hommes essaient de s’abriter soit en se couchant à plat ventre soit en utilisant leur sac comme bouclier. Mais le tir d’une grande précision fait de cruels ravages dans les rangs des 2 bataillons du 3ème RI. Le 3ème bataillon chemine pendant ce temps en utilisant quelques ondulations du terrain. Il arrive peu à peu à s’aligner avec eux, sans trop de dégâts. Mais lorsqu’il parvient à hauteur et au sud de Moncourt, il est pris à son tour sous un feu violent d’artillerie qui en peu de temps lui fait subir de sérieuses pertes. Malgré tout l’élan des tirailleurs n’est pas ralenti et le régiment par bonds successifs arrive sur la croupe jalonnée par des les cotes 273 et 250, à 1500 mètres environ de l’objectif final. A partir de cet endroit un feu intense d’infanterie se mêle à celui de l’artillerie et les pertes sont de plus en plus nombreuses. La progression devient de plus en plus lente. L’ennemi caché dans ses tranchées est toujours invisible. A mesure que diminue la distance qui sépare les assaillants de leur objectif, les effets de l’artillerie allemande sont plus meurtriers, d’autant plus que, depuis 44 ans sur ce terrain, l’ennemi avait pu parfaitement établir ses éléments de tir, et défiler suffisamment ses batteries pour que les nôtres, entrées en hâte en action, ne puissent les réduire au silence. « A 6h10 une grande clameur retentit, nous venons de franchir la frontière, nous mettons baïonnette au canon et en avant sous une pluie d’obus et de balles, les camarades commencent à tomber ; le feu devient de plus en plus horrible, nous ne rigolons plus, mais nous avançons toujours, nous entendons sonner la charge, c’est le 1er et 2ème bataillons qui font l’assaut nous nous mettons à l’abri derrière un talus et nous avançons par bonds, les balles sifflent sans discontinuer et les shrapnels éclatent à hauteur de la ceinture. Il y en a un qui met le feu au blé derrière nous, nous étions pris entre deux feux, celui des balles et des obus et derrière nous le champ de blé qui brûlait et faisait du chemin. Enfin nous quittons cet abri et nous partons en avant, nous faisons un petit abri avec le sac et de la terre devant et nous attendons.» La 57ème brigade, qui a eu de grosses pertes en traversant le bois de Moncourt, se trouve en arrière : elle oblige la ligne d'attaque de la 58ème brigade à s'arrêter le long du talus de la route de Moncourt à Xures. La fusillade continue et les mitrailleuses crépitent sur tout le front et notre artillerie cesse de tirer à partir de 17h, tandis que l’artillerie allemande continue à envoyer ses terribles "gros noirs". Vers 19h, le village de Moncourt est enlevé. Un peloton du 3eRI coopère à cette attaque, tandis que les 1 er et 2ème bataillons du 3 ème RI sont déployés en tirailleurs entre 600 et 300m de leur objectif. Le 3ème bataillon, prolongeant à gauche face à un mamelon qui se trouve à 1300m environ au N-O du bois du haut de la croix a dépassé d’environ 200m vers le nord le chemin qui va de Moncourt au bois. L’obscurité se fait peu à peu, le tir d’artillerie se ralentit mais le 3ème bataillon subit alors le feu de mitrailleuses dont il est impossible de fixer l’emplacement. Les 3ème et 4ème compagnies du 141ème RI sont déployées dans les fossés du chemin Moncourt-Xures, à cheval sur la ligne frontière. Enfin à 20h, on n’entend plus rien, l’attaque est suspendue et diverses fractions se replient sur Coincourt sur le bruit répandu qu’un ordre de repli a été donné. Les combattants, livrés à eux-mêmes pendant toute cette opération. Laissés sans ordre précis, sans renseignements, sans liaison ignorent tout de la situation et des projets du commandement, il n'est pas étonnant que les unités qui ont subi des pertes et se trouvent un peu désemparé. « Nous nous rassemblons et nous quittons ce lieu de carnage. Dans la nuit on marchait sur les morts, on entendait les blessés qui criaient, d’autres nous suppliaient de les achever, d’autres de les faire boire, nous n’avions pas une goutte d’eau ; enfin nous arrivons à la route et nous retournons à Coincourt, tous sans rien dire, nous semblions tous des condamnés, nous n’avions rien mangé encore, enfin nous arrivons au village tous mélangés. » Pendant les 2 heures de la marche d'approche et surtout pendant les 3 heures où il est resté sans broncher sous un feu des plus violents d'infanterie et d'artillerie, ce qui reste est incapable de résister à une contre-attaque. Il est préférable de se retirer vers Coincourt, en dehors du village sur les hauteurs à l'Est prêt à soutenir la 57ème brigade retranchée dans Moncourt au cas où celle-ci serait attaquée. Vers 21h, le 3ème RI rallié est ramené en bon ordre dans une formation massée à Coincourt. Le colonel Chartier, en avant de la lisière Est de Coincourt, regroupe les troupes qui passent à sa portée, mais d’autres se sont retirées directement sur le village où finalement se reforme le 141ème RI. Les brancardiers, répartis en 3 groupes, se mettent à la recherche des blessés mais, surpris par la nuit, ne peuvent en trouver qu’un nombre infime bien que la tentative en soit prolongée tard dans la nuit, les dernières équipes ne rentrant que vers minuit. De plus, par suite d’instructions du médecin divisionnaire mal comprises, les médecins des corps sont restés très arrière avec leur personnel et leur matériel, et ce n’est que le lendemain, dans l’après midi, qu’ils rejoindront. De tous côtés l’on entend les cris déchirants des blessés réclamant des secours et les gémissements des infortunés qui n’ont pu être enlevés ; la plus grande partie doit rester sans soins sur le terrain pendant la nuit, certains se suicident. Les ambulances n°1 et 2, sont installées dans les maisons situées dans la partie S-E de Coincourt. Pendant toute la nuit, elles ne cessent de recevoir et de transporter des blessés. |
Du 15 août au 18 août 1914 |
Le 15 août, la pluie commence à tomber et ne cessera pas de plusieurs jours. A travers les blés gisent des victimes du combat qui croyant à une retraite, supplient qu’on les emmène. Les infirmiers du 15e corps les rassemblent dans des replis de terrain, situés non loin des premières lignes, les premiers soins leur sont donnés. Le 16 août, la marche en avant de reprend vers le Bois du Haut de la Croix, puis Ommeray, direction Bourdonnay. Les hommes progressent par Mouacourt et Xures. Par suite d’une méprise les troupes du 112e RI qui marchent en avant se fusillent entre elles pendant un ¼ heure ! Le 17 août, Les Provençaux exténués, se dirigent vers Bourdonnay. A 4h30, ils en repartent pour le château de Marimont. Le 111e R.I Léon Mondon cantonne à Gélucourt. La 30e Division avec le 58e RI de Léon Labeaume envoie ses avant-gardes sur la Seille face à Marsal. Le 18 août, la marche est pénible, la pluie continue à tomber, le sol est détrempé, les fantassins s’enfoncent jusqu’aux chevilles dans la boue. Ils arrivent aux abords de Dieuze. Aucune action n’est prévue ce jour-là, les hommes se reposent, s’ils savaient ce qui les attend ! Des avant-gardes de la 29e sont à Zommange. |
Bilan : |
367 français sont tombés dans ce combat : |
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Source : |
Le récit de ce combat de Moncourt du 14 août 1914, baptème du feu de la 29ème Division d'Infanterie du 15ème Corps, est le fruit du travail de Maurice Mistre. |
Il s'est appuyé notamment sur les journaux de marche des diverses unités engagées et sur les témoignages des combattants relatés dans leurs cahiers, la presse et/ou ouvrages publiès ou appartenant à des collections privées. |
Pour plus d'informations voir le site http://www.provence14-18.org/MM/coincourt/ |