Bataille des Eparges
(du 17 février au 5 avril 1915)
 

Y étaient :

  • Henri SAILLE de Vinon (173ème RI), est tué à l'ennemi le 21 février 1915 dans le secteur des Eparges (Meuse).
  • Joachim PEYRE de Barjols (111ème RI), est tué à l'ennemi le 5 mars 1915 à Avocourt (Meuse).
  • Henri BESSON de Saint-Zacharie (173ème RI), est tué à l'ennemi le 7 mars 1915 au Bois-de-Ranzières (Meuse).
  • Henri AMPHOUX de Barjols (112ème RI), est tué à l'ennemi le 28 mars 1915 à Clermont-en-Argonne (Meuse).
  • Albert ESPITALIER de Rians (311ème RI), est tué à l'ennemi le 8 avril 1915 à Lacroix-sur-Meuse (Meuse).
  • Marius CAYOL de Saint-Maximin (173ème RI), est porté disparu, le 24 avril 1915, au Bois-Bouchot (Meuse).
  • Daniel JOURDAN de Rians (203ème RI), est tué à l'ennemi le 30 avril 1915 dans le Bois-Haut, secteur des Eparges (Meuse).
 

La bataille des Éparges (ou bataille de Combres pour les Allemands) est une série de combats pour la maîtrise de la crête des Éparges opposant la 12e division d'infanterie de la 1re Armée française à la 33e division d'infanterie allemande du 17 février au 5 avril 1915 au cours de la Première Guerre mondiale.
Ces combats se sont déroulés dans des conditions extrêmement difficiles sous la pluie, la neige, dans la boue. L'infanterie des deux camps a dû rester pendant de longues semaines sous les coups de l'artillerie. L'armée française tente au cours de plusieurs assauts de conquérir la crête, après des pertes très lourdes des deux côtés, les Français arrivent à prendre pied sur la crête sans pouvoir en déloger totalement les Allemands.
Cette bataille est l'une des premières caractéristiques de la première guerre mondiale : une durée de plusieurs semaines, des séries d'attaques, contre-attaques avec de nombreuses pertes pour des gains territoriaux faibles voire nuls. Elle annonce les batailles de Verdun et de la Somme.

 
Contexte
 

En septembre 1914 pendant la bataille de la Marne, les troupes allemandes tentent de tourner la position fortifiée de Verdun en l'attaquant depuis la plaine de Woëvre. Les Allemands réussissent à créer un saillant à Saint-Mihiel et bloquent la voie ferrée reliant Verdun à Commercy.
En vue de la réduction de ce saillant, les généraux Dubail puis Roques, commandants de la 1re Armée française, décident de l'attaque et de la prise de la crête des Éparges. La prise de cette hauteur permettrait ainsi d'obtenir un observatoire pour l'artillerie française sur la plaine de Woëvre afin de perturber les mouvements de troupes allemandes.

 
Description du champ de bataille
 

La butte des Éparges est une hauteur des Hauts de Meuse haute de 345 mètres, longue de 1 100 mètres et large d'environ 700 mètres. Elle est située sur la face nord du saillant allemand de Saint-Mihiel, cette hauteur s'avance dans la plaine de Woëvre ce qui en fait un observatoire idéal pour l'artillerie française.
La crête s'étend d'est en ouest avec les Allemands au sud. Les troupes françaises ont face à elles plusieurs secteurs défensifs. Le plus proche des lignes françaises est appelé le point A ou le doigt, puis sur la ligne de crête, d'autres secteurs défensifs sont présents, notamment le point C situé au milieu de la crête et le point X situé le plus à l'est qui domine la plaine.

 
La bataille
 

La conquête de la crête est confiée à la 12e division d'infanterie du général Paulinier. De novembre 1914 à janvier 1915, les troupes françaises s'approchent des lignes allemandes par les conquêtes successives des villages des Éparges et de Saint-Remy. Des sapes sont construites par les troupes du génie.

 
Les combats du mois de février
 

Le 17 février 1915, le combat pour la prise de la crête des Éparges débute par l'explosion simultanée de quatre mines sous les lignes allemandes, suivi d'un violent bombardement d'une heure. À 15 heures, le 2e bataillon du 106e régiment d'infanterie soutenu par un autre bataillon du même régiment et flanqué à gauche de deux bataillons du 132e régiment d'infanterie part à l'assaut de la crête et la conquiert. Durant la nuit, l'artillerie allemande bombarde régulièrement les positions françaises. L'intensité du bombardement s'accroît jusqu'à la contre-attaque allemande déclenchée à 8 heures le 18 février qui repousse les troupes françaises sur leur ligne de départ.
À 15 heures, un nouvel assaut français composé du 3e bataillon du 106e R.I. renforcé de compagnies du 2e bataillon du même régiment et du 132e R.I. reprend les tranchées allemandes.

Le 19 février, malgré les nombreuses tentatives de contre-attaques allemandes , les tranchées conquises restent aux mains des troupes françaises.

Le 20 février un nouvel assaut français est lancé, composé d'un bataillon du 106e R.I. à gauche (vers le point X), un bataillon du 67e R.I. et d'un bataillon du 132e R.I. La crête est dépassée, mais devant l'arrivée et l'action de renforts allemands, les troupes françaises sont à nouveau repoussées avec de lourdes pertes.
À la fin des combats du mois du février, les Français se maintiennent dans la partie des défenses allemandes les plus proches des tranchées de départ, appelé le point A ou le doigt.

 
Les combats du mois de mars
 

Les résultats obtenus lors des combats du mois de février sont très limités. Après plusieurs jours nécessaires à la remise en état défensif des tranchées, un nouvel assaut de la 12e division d'infanterie, pour le 17 mars, est ordonné par le général  Herr, commandant du 6e Corps d'armée. Plus de 100 canons sont impliqués dans la préparation d'artillerie de 45 minutes. Les troupes d'assaut sont les 1er et 2e bataillons du 132e R.I., le 3e bataillon est en appui du 1er. Les réserves sont formées par 6 compagnies du 54e R.I. À 16 heures, les troupes françaises déclenchent leur attaque et abordent le secteur défensif appelé point C, objectif principal de l'assaut, mais ne peuvent investir la zone. Cet assaut permet juste la capture de 350 mètres de tranchées, le point X étant situé à 100 mètres des nouvelles lignes françaises.
Le général Herr ordonne l'exécution d'une nouvelle attaque par la 12e D.I. renforcée d'un bataillon de chasseurs, le 27 mars qui malgré les moyens employés ne donnent aucun résultat.

 
Les combats du mois d'avril
 

Du 5 au 9 avril 1915, une nouvelle série d'attaques est lancée sur la crête des Éparges pendant l'offensive française dans la plaine de Woëvre. La 12e D.I. est à nouveau engagée pour prendre la crête. Le 106e R.I. doit prendre le point C au milieu de la crête tandis que le 132e R.I. doit attaquer la partie est de la crête et prendre le point X.
À 16 heures, après une préparation de 30 minutes, l'attaque est déclenchée. Le 106e R.I. réussit à atteindre et prendre ses objectifs, le 132e R.I. est bloqué par la violence du feu allemand. Des sections françaises sont contraintes de rompre le combat, la boue ayant rendu hors service leurs armes.

Le 6 avril, le 67e R.I. attaque à son tour appuyé par un bataillon du 132e R.I., mais l'attaque est stoppée par les mitrailleuses allemandes. Dans la journée les Allemands contre-attaquent et reprennent l'intégralité du terrain perdu le 5 avril lors de combats au corps à corps. À partir de 15 heures, l'artillerie française établit un barrage. Une attaque générale des troupes françaises permet de reprendre le point C, mais est toujours bloquée à l'extrême est de la butte des Éparges au niveau du point X.

Le 7 avril, quatre bataillons allemands attaquent les 106e R.I. et 132e R.I. Ces deux régiments ne sont pas soutenus par l'artillerie française et doivent abandonner le terrain conquis la veille. Dans l'après midi, l'avance allemande est contenue, mais les contre-attaques françaises échouent.

Le 8 avril, le 8e R.I. est envoyé en renfort de la 12e D.I. Ce régiment participe à plusieurs attaques nocturnes qui sont immédiatement enrayées par les Allemands qui repoussent tous ces assauts.

Le 9 avril, la ligne de crête est pilonnée par l'artillerie française, et le 106e R.I. et le 25e Bataillon de chasseurs alpins soutenus par le 132e R.I. prennent définitivement le point C et la ligne de crête. Le 8e R.I. attaque le point X, mais après des combats très violents les Allemands restent en possession du point X et du versant sud de la butte.

 
Bilan
 

Après trois mois de combats extrêmes pour l'infanterie des deux parties, dans la boue, sous le pilonnage incessant de l'artillerie des deux camps, les Français possèdent, dans des conditions précaires, la plus grande partie de la crête des Éparges excepté le point X. Il est pour eux impossible d'y établir des postes pour l'artillerie, but de la bataille. Ces combats coûtent environ 12000 pertes (tués, blessés et disparus) pour les deux camps, pour des résultats quasi nuls. Les combats dans cette région se transforment en guerre des mines jusqu'en avril 1917. Au cours de cette période, 46 mines allemandes et 32 mines françaises explosent sur une longueur de front de 800 mètres sans modifier la ligne de front.