BLANC Martin dit "Archier"
 

Bien qu'originaire d'Auriol il est un des chefs de la bande de Pourrières.

Selon Joseph Marie Maurel dans "Le brigandage dans les Basses-Alpes "La fameuse bande du Var, dite « bande de Pourrières », qui avait pour chef Archier, dit d'Auriol, de son vrai nom Martin Blanc, type aux belles allures du brigand classique, avec son chapeau de général au plumet rouge, ronds d'or aux oreilles, épingles et coulants d'or au cou".

Le 18 vendémiaire de l'an VIII (10 octobre 1799), Archier fait partie de la bande qui a pillé les bagages du général Bonaparte à l'auberge des Banettes.

Le 26 messidor de l'an VIII (15 juillet 1800) Archier fait partie de la bande qui attaque le village de Brue-Auriac.

Arrêté, Martin BLANC dit "Archier" est fusillé après jugement de la commission militaire.

 
La fameuse bande du Var, dite « bande de Pourrières», qui avait pour chef Archier, dit d'Au riol, de son vrai nom Martin Blanc, type aux belles allures du brigand classique, avec son chapeau de général au plumet rouge, ronds d'or aux oreilles, épingles et coulants d'or au cou, cette bande, dis-je, chassée des Basses-Alpes, se trouvait réunie, un soir, vers la fin de l'an VIII, dans la bastide de Beauvillard, terroir d'Ollières, sur la route d'Es parron de Pallières. Archier propose une expédition dans les Basses- Alpes. On se dirigerait sur Brunet, de là on mar cherait sur Majastre, le Poil, on ferait, au retour, quelques bastides du plan de Canjuers et on rejoin­ drait le quartier général. La bande comptait, dans ces divers quartiers des correspondants qui connaissaient l'état des chemins, la situation des lieux, des personnes, et leur fourniraient les indications de nature à favoriser le succès de l'expédition. On s'adjoindrait, d'ailleurs, quelques collègues de la bande locale qui les guideraient et leur prêteraient leur concours.

Ils partent donc au nombre de trente. Ils guèyent le Verdon au passage étroit situe près de la cha­pelle rurale de sainte Maxime et se dirigent vers la campagne de X..., aux plaines de Quinson. On s'y repose puis, la nuit venue, on se remet en mar­che et on arrive, vers deux heures après minuit, à la bastide de Vaudonier, terroir d'Entrevennes. Quelques bandits les y attendaient, d'autres qui y étaient attendus pareillement, manquèrent au rendez-vous.

On mit à profit le séjour dans cette campagne hospitalière à se reposer, à arrêter définitivement le plan de la campagne et à dresser la liste des mai­sons de Brunet où devait s'opérer le pillage.

Le soir, vers trois heures, la bande quitte la cam­pagne et arrive par plusieurs contours, près du village de Brunet, à cinq heures. C'était le 26 fructidor (13 septembre).

Les brigands de la région, qui eussent été trop facilement reconnus, furent désignés pour se poster sur les hauteurs dominant le village. Ils devaient faire sentinelle, intercepter tout secours et garantir la sécurité des opérateurs, les autres se répandirent dans le petit village, et le pillage commença de la façon ordinaire.

On se présentait devant une maison, on y péné­trait de gré ou de force, on demandait de l'argent... on le prenait. Si le propriétaire se montrait... commode, on le laissait tranquille, s'il avait l'air d'hési­ter, s'il s'avisait surtout de refuser, on le menaçait, on le lardait de coups, on le pendait au besoin, s'il se défendait, on le tuait.

Quatre se présentèrent à la maison du citoyen Mounet, réputé pour avoir beaucoup d'argent. Prudemment il avait barricadé sa porte et se tenait coi. Un voisin, un complice occulte peut-être, lui persuade d'ouvrir sans crainte, l'assurant qu'il ne lui sera fait aucun mal. Une fois entrés, les brigands lui demandent son argent, et comme il hésite, balbutie, tarde à s'exécuter, ces messieurs, ennemis des lenteurs, toujours préjudiciables dans des opérations de ce genre, se saisissent de sa personne, lui attachent les pieds et le suspendent la tête en bas, à sa fenêtre, dominant un précipice de quinze mètres de hauteur. Le malheureux crie qu'on le retire vite de là, qu'il indiquera sa cachette. On le retire, il donne une somme assez ronde. Les bri­gands soupçonnent que tout n'y est pas, que le coquin en garde encore, il passe pour fort riche. Le supplice recommence, et le voilà de nouveau suspendu au-dessus de l'abîme. « Cette fois, je donnerai tout... » Il donne, en effet, jusqu'à son dernier liard, heureux, dans son dépouillement, d'avoir la vie sauve. Il n'en mourut pas, en effet mais son épouse ne put survivre à l'ébranlement de ces émotions violentes, et succomba peu de temps après.

Vers 6 heures, l'expédition prenait fin. Le partage du butin eut lieu sur la plaine. Deux ou trois se retirèrent alors, emportant leur part des dépouil­les, tandis que les autres, continuant leur route, passèrent au-dessus de Puimoisson, s'arrêtèrent durant quelques heures dans une bastide, et à la pointe du jour, arrivèrent à la campagne dite : « En Aups », au terroir de Moustiers. Ils y passèrent la journée. Deux brigands de la localité vinrent les y rejoindre. Le soir, un des bandits va à Moustiers, fait viser son passeport, fait provision de tabac, etc., pour la bande, et le lendemain, vers deux heures après minuit, sous la conduite de M..., dit « le Ménager » , la troupe se met en marche, traverse le Serre-de-Mondenier et arrive à Majastre au soleil levant.

Déjà, la plupart des hommes valides de ce minuscule village étaient aux champs. Ceux qu'on rencontrait sortant du hameau étaient contraints de s'en éloigner par les brigands postés aux alentours, qui leur enjoignaient de poursuivre leur che­min. Ceux qui se trouvèrent encore dans le village, furent, pour ainsi dire, faits prisonniers dans leur propre demeure car le chef avait donné pour consigne : « Que chacun rentre chez soi », et pour faire exécuter cette consigne, il avait eu soin de placer une sentinelle, arme au bras, à chacune des issues du modeste village, avec ordre de faire feu sur quiconque sortirait de sa maison. Quatre de ces coupe-jarrets occupent le chemin qui domine le village, le reste de la bande se répand dans les habitations.

Rien ne fut épargné ! Ce fut un saccagement gé­ néral, un bouleversement complet pour trouver ces rares économies que le paysan parcimonieux avait prélevées sur son pain quotidien. Mais tandis que les uns brisaient les meubles, éventraient les vieux bahuts, fracturaient les armoi­res, laceraient les paillasses, éparpillaient le linge, pour faire main basse sur tout ce qui tentait leur convoitise, d'autres chassaient au gibier humain. Un des plus hideux bandits de cette horde, dont nous tairons le nom quoiqu'il soit imprimé dans la procédure, ayant pénétré dans la maison de François-Isidore Guichard, n 'y trouva que sa femme, Suzanne Beraud, âgée de vingt-huit ans, qui se relevait à peine de ses couches (Elle avait donné le jour à une fille, Marie-Madeleine Guichard, le 14 thermidor précédent). Le bandit se pré­cipite sur elle, faisant connaître la brutalité de ses desseins. La pauvre femme résiste, crie, pleure, supplie, appelle vainement à son secours. Le bar­bare persiste. Alors puisant dans sa pudeur et dans son désespoir même, une force et une énergie que son état semblait lui refuser, elle se dresse et dé­ clare fièrement qu'elle aime mieux mourir que de céder et le féroce libertin, sans se laisser émou­voir par les larmes d'une malheureuse femme sans défense, par la vue de ce berceau où repose son enfant, plonge à deux reprises le poignard dans son sein, et arrache la vie à celle dont il n'avait pu ravir l'honneur ni corrompre la vertu.

Le brigand n'avait pu éteindre le feu de sa pas sion dans le sang de sa victime, il se précipite dans une maison voisine, et trouve Claire Daumas, jeune femme de dix-huit ans, qu'il se dispose à outrager. Celle-ci s'enfuit en criant et ne pouvant descendre dans la rue dont les issues sont gardées, vole sur les toits de sa maison. Avec une légèreté et un courage que seuls peuvent donner l'affole ment et le désespoir, elle court, saute d'une toiture à l'autre, traverse même une rue, et finalement se blottit, tremblante, derrière un tuyau de cheminée. Le bandit est à sa poursuite, le poignard à la main. Il essaye de franchir la rue, il va atteindre sa victime, lorsque tout à coup, le sifflet du chef retentit, c'est le signal du départ, l'expédition est terminée. Elle a duré trois heures. Chargés de tout le butin qu'ils peuvent emporter, les bandits, fusil sur l'épaule, s'éloignent à grands pas du village dévasté.

Or, à une faible distance du pays, un homme guettait. C'était Joseph Guichard. Sorti du village au moment où les brigands y entraient, il n'avait pu ni rebrousser chemin, ni se décider à aller plus loin et trompant leur vigilance, il s'était blotti derrière un rocher qui surplombe le hameau, pour voir ce qui allait se passer. De sa cachette, il avait pu voir une jeune femme courir, affolée, sur les toits des maisons poursuivie par le brigand, il avait pu entendre les appels désespérés, les cris de terreur de cette malheureuse créature humaine placée entre ces trois terribles alternatives : la chute mortelle, le poignard, l'outrage et cette malheu­reuse, il l'avait compris ! cette malheureuse était...son épouse! Les brigands sont là, maintenant! Ils vont passer à dix pas de lui ! s'il pouvait les dévisager ! s'il pouvait reconnaître le misérable qui voulait lui ravir l'honneur. Il s'écarte, se met un peu à découvert. Un des bandits le reconnaît!... « Cache-toi vite, lui dit-il, et surtout ne nous regarde pas ». Hélas ! Guichard ne connaissait pas assez les mœurs de la bande, malgré tout ce qu'il avait vu ! Au lieu de tenir compte de cet avertissement, il s'obstine à suivre des yeux la troupe qui s'éloigne. Un brigand se retourne, le couche en joue et lui lâche un coup de carabine qui l'étend raide mort ! Il était neuf heures du matin! Le malheureux Guichard n'avait que vingt ans ! Son épouse ne lui survécut pas longtemps, tant d'émotions la brisèrent et elle succomba un mois après, âgée de dix-huit ans, ne précédant que de quelques jours au tombeau une de ses soeurs que la terreur avait rendue idiote. La bande devait, de là, aller faire une incursion au Poil. Elle en fut empêchée, e t dut se diriger à tra­ vers la montagne, vers le plan de Canjuers. Arrivés à Aiguines, les brigands qui s'étaient joints à la bande pour cette expédition, voulurent rentrer chez eux. On procéda au partage du butin, après quoi, les uns réintégrèrent leurs foyers, les autres dévalisèrent, chemin faisant, quelques bastides du plan de Canjuers puis, toujours conduits par Archier, allèrent se reposer des fatigues de l'expédition sous les ombrages frais des forêts d'Ollières.

Extrait d'une déposition écrite de la main d'un des brigands qui fit partie de l'expédition, et que nous possédons. Vide etiam. « Procédure instruite contre, etc. »,t. I., f 62, 3 77 ,3 79 et passim.

http://www.bassesalpes.fr/brigandage.html