Bataille de Woëvre et des Hauts de Meuse (du 19 septembre 1914 au 17 novembre 1914) |
Y étaient :
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Le camp retranché de Verdun demeurait l'objet des convoitises allemandes. La Ve Armée ennemie renouvela en septembre, et poursuivit jusqu'à fin novembre 1914, ses tentatives en vue d'arracher à la sauvegarde de notre 3e Armée, ce pilier de la défense française. La place de Verdun est reliée à celle de Toul par une véritable digue : le récif calcaire des Hauts-de-Meuse, coupé de défilés sinueux. Les points faibles en sont défendus par des forts qui furent construits après la guerre de 1870-71 forts de Génicourt, des Paroches et de Troyon, fort du Camp des Romains, forts de Liouville et de Girouville. La Woëvre est une plaine faiblement ondulée, d'argile grasse et bleuâtre, où l'eau s'amasse en étangs ; des forêts et des bois touffus achèvent d'en faire une région d'accès difficile. L'ennemi résolut de franchir la Meuse à SaintMihiel et Commercy, afin de couper nos communications avec Verdun, par Bar-le-Duc et SainteMenehould. Vers le 19 septembre, un détachement d'Armée, commandé par le général von Strantz, surgit brusquement de Metz pour renforcer l'Armée du Kronprinz. Le 20 septembre, l'ennemi tenait, avec une puissante artillerie lourde, la région de Thiaucourt, et assiégeait le promontoire de Hattonchâtel, qui forme saillie sur les Hautsde-Meuse, au nord-est de Saint-Mihiel. Les 21 et 22 septembre, l'attaque allemande se fit plus violente. Von Strantz lançait dans la trouée de Saint-Mihiel le Ve Corps, le IIIe Corps bavarois et le XIVe Corps; le Kronprinz, de son côté, avec les XIIIe et XVIe Corps, attaquait la ligne Montfaucon-Varennes, et, après un bombardement effroyable (13ème Régiment d'artillerie), s'emparait du bois d'Avocourt. Les 23 et 24 septembre, toutes les nouvelles tentatives de l'ennemi se brisèrent au nord-est de Verdun. Mais, au sud de la forteresse, dans la nuit du 24 et dans la matinée du 25, malgré l'héroïsme des 367e et 368e régiments d'infanterie, les Allemands progressaient vers Saint-Mihiel qu'ils réussissaient à enlever. Sur la rive gauche de la Meuse, le fort des Paroches tenait toujours; mais le Camp-des-Romains succombait sous une avatanche de mitraille, le 26 septembre, et l'héroïsme de ses derniers défenseurs forçait l'admiration et le respect de l'ennemi. Notre 27e régiment d'infanterie à Apremont, notre 67e régiment d'infanterie sur les Hauts-de-Meuse se couvrirent de gloire dans les contre-attaques qui rejetèrent l'ennemi sur Saint Mihiel. Au soir du 26 septembre, les Allemands avaient rétrogradé sur une ligne partant de Mortmare, dans la Woëvre méridionale, et remontant à Regniéville, en pays de Haye, au nord de la route de Commercy à Pont-à-Mousson. Ce premier recul fut accentué, les semaines suivantes, jusqu'à la rive droite de la Meuse. Les mois d'octobre et de novembre 1914 permirent à nos troupes des 1eet 3e Armées de ressaisir l'avantage, de dégager Verdun, d'enfermer l'adversaire dans la hernie de Saint-Mihiel, de progresser à l'est de Nancy, au nord de Lunéville, autour de Saint-Dié. L'épaisse forêt de Mortmare, le Bois-le-Prêtre avec son formidable retranchement du « Quartde-Réserve », et les positions dominantes de Flirey et de Limey, furent le théâtre d'une lutte sans merci. Bombardements et fusillades faisaient rage. Chaque adversaire rétablissait en hâte les tranchées bouleversées. Des patrouilles, toutes les nuits, rampaient dans la boue, afin de surprendre petits postes ou sentinelles. Toute préparation d'artillerie déclenchait une riposte infernale. Devant Thiaucourt, la lutte fut particulièrement acharnée. Le 1e octobre, les Allemands jetaient un pont, afin de franchir la Meuse en forces près de Saint Mihiel. Nous réussîmes à détruire le pont et à rejeter, dans notre élan, toutes les formations ennemies sur la rive droite de la Meuse. Le 5 octobre, nous progressions entre Apremont et la Meuse et sur le Rupt-de-Mad, en refoulant de violentes contre-attaques. Le 7 octobre, nos offensives au nord et au sud de Saint-Mihiel contraignaient les Allemands à se replier au nord d'Hattonchâtel. Après un bombardement qui dura trente heures, l'ennemi lançait ses colonnes en direction d'Apremont, dans la nuit du 9 au 10 octobre. Sa progression difficile était arrêtée dans la soirée du 10, et les Allemands nous cédaient bientôt le peu de terrain qu'ils avaient conquis. Le 11 et le 12 octobre, nos progrès s'affirmaient à l'est et au sud-est de Verdun. Nous avancions au nord de Malancourt, face à Montfaucon ; et l'ennemi ne réussissait pas, dans la nuit du 13 au 14, à élargir la trouée de Saint-Mihiel. Le 12 octobre, nous avancions nos lignes sur le plateau d'Apremont; et, au Bois-le-Prêtre, nous dégagions complètement les positions de Flirey et de Limey. Le 15 octobre, nous harcelions au sud et au nord le saillant de SaintMihiel. Le 16 octobre, une attaque allemande se brisait sur nos positions de Malancourt. Nos réactions successives nous faisaient gagner du terrain le 22 octobre, vers Hautmont près Samogneux et Brabant-sur-Meuse. Notre artillerie (25e régiment) se distinguait le 23 octobre en détruisant trois batteries allemandes, dont une de gros calibre. Des combats acharnés se livraient quotidiennement en Woëvre, qui amélioraient nos positions. C'est là que, au retour d'une reconnaissance aérienne, tombèrent sous les balles ennemies l'adjudant pilote Clamadieu et son observateur, le médecin aide-major de 1e classe Reymond, sénateur de la Loire. Le 29 octobre, les troupes du 6e Corps dégageaient Verdun du côté du nord, à droite et à gauche de la Meuse avec des combats difficiles dans le bois des Forges (111e,112e régiments d'infanterie, 6e régiment de chasseurs). Le 6 novembre, nous enlevions de nouvelles tranchées sur les Hautsde-Meuse, et le 7 nous reprenions les villages de Maucourt, de Mogeville et de Saint-Remi. (167e, 169e régiments d'infanterie) L'ennemi, pour un temps, devait renoncer à son offensive d'envergure contre Verdun. Notre artillerie, dans ce secteur, affirmait de jour en jour la supériorité de son tir. L'état de l'atmosphère n'allait plus permettre que des actions limitées, trop sanglantes, mais dont nous ne pouvons énumérer le détail. Les « coups de main » commencèrent, inaugurés le 16 novembre, sans succès d'ailleurs, par les Allemands dans la forêt d'Apremont. En face de Saint-Mihiel, l'ennemi ne tenait plus que le village de Chauvoncourt, où s'élevaient les casernes de la garnison de Saint Mihiel. Le 17 novembre nous attaquions Chauvoncourt et nous nous emparions de la partie occidentale du village. Mais, dans l'après-midi du 18, nos positions, minées d'avance, sautaient. Le front alors se stabilisa. Des duels d'artillerie s'engagèrent. Les combats de patrouilles reprirent dans la nuit. Mais Verdun, le pilier de notre défense, avait été sauvé par la ténacité de nos soldats. |