1ère Bataille des Flandres
 
Bataille de l'Yser (du 17 au 31 octobre 1914)
 

Y étaient :

 

17 octobre

Après la victoire de Tannenberg, le 30 août 1914, sur le front est, les Allemands concentrent plus de moyens sur le front ouest. Ils réussissent à constituer, à l'insu des services de renseignements alliés, une armée à quatre corps, la 4e, dont le Q.G. est à Gand et qui devra progresser par Ypres et Dixmude en direction de Dunkerque. Le 17 octobre, cette armée est identifiée mais sa composition est toujours inconnue.

Ce même jour, les unités de couverture signalent leurs premiers contacts avec les éclaireurs allemands.

18 octobre

Dès le matin, l'ensemble de la ligne de couverture de la mer à Dixmude est pris à partie par les troupes allemandes et doit se replier.

Un peu plus tard, l'ennemi déclenche une attaque générale sur tout le front de l'Yser. L'après-midi, tous les avant-postes tombent à l'exception de Lombardsijde.

Au nord, devant Lombardsijde, une escadre britannique croise près de la côte et ses tirs d'écharpe contrarient la progression de l'ennemi. Deux kilomètres plus bas, le 7e régiment de ligne débute un combat acharné pour défendre le pont de l'Union.

Au sud, après une préparation d'artillerie, deux bataillons belges lancent une contre-attaque à partir de la tête de pont de Dixmude ; Keiem est repris

À l'extrême sud, sur l'Yperlée, la 6 DA est relevée par les 87 et 89e divisions territoriales françaises. Le front belge est ainsi raccourci et s'étend désormais de la mer à Fort Knokke.

19 octobre

Dès le début du jour, les Allemands reprennent l'attaque avec violence.

Au nord, ils sont contenus devant Lombardsijde et la ferme Groote Bamburg (1,5 km au sud-est) par les divisions belges d'infanterie et les fusiliers marins français. Au centre, à Keiem, où se trouvent des éléments de la 4 DI, le village subit quatre attaques successives et tombe pour la deuxième fois.

Au sud, le commandement décide de lancer, au départ de Dixmude, une contre-attaque sur le flanc gauche de l'ennemi avec des unités de la 5 DI et les fusiliers marins de l'Amiral Ronarc'h. Ces derniers sont relevés par une brigade de la 3 DI qui défendra par la suite la tête de pont. Les éléments de la 5 DI reprennent Vladslo et les fusiliers-marins, Beerst. Toutefois plus au sud, l'avancée allemande a bousculé la cavalerie et met la 3 DA et des fusiliers-marins en danger. Leur repli à l'ouest de l'Yser est ordonné en début de nuit.

20 octobre

Les 4e et 6e armées allemandes mènent l'attaque sur un front de 100 km allant de la mer à La Bassée.

Au nord, malgré l'appui des tirs de l'artillerie des monitors britanniques qui croisent au long de la côte, le village de Lombarsijde et la ferme Groote Bamburg sont perdus. C'est en vain que la 2 DA essaie de reprendre la ferme. Le soir, une tête de pont est toutefois tenue à Nieuport pour couvrir les écluses. Au pont de l'Union, le 7e de Ligne défend la position. Suite aux tirs d'artillerie, le village de Sint Joris est complètement détruit. Le soir, le 7e de ligne est relevé par le 14e de ligne.

Au centre, la 1 DA tient une petite tête de pont à Schoorbakke mais devra l'abandonner et faire sauter le pont. En coordination avec la 4 DA, s'organise une position de défense sur la corde reliant le pont de Schoorbakke à celui de Tervaete.

La 3 DA est mise en ligne.

À Dixmude, la bataille fait rage.

21 octobre

À Nieuport, afin de protéger la tête de pont de Palingbrug qui couvre les écluses, le général Dossin, commandant de la 2 DA, donne l'ordre d'inonder la crique de Nieuwendamme. Il s'agit d'ouvrir les vannes du vieil Yser afin de permettre à la marée haute de se répandre au nord est de l'Yser canalisé. Il faut toutefois fermer le siphon reliant le vieil Yser au Noordvaart afin d'empêcher l'eau de pénétrer de l'autre côté de l'Yser canalisé, c'est-à-dire dans les positions tenues par l'infanterie belge. A 23 heures, une équipe de quelques hommes menée par le lieutenant du génie belge François s'aventure dans le no man's land entre la ligne belge et les troupes allemandes et, aidée par le batelier Geeraert, qui a retrouvé les manivelles du déversoir là où elles étaient déposées depuis des années, procède à l'ouverture des vannes sans éveiller l'attention des avant postes ennemis. Cependant, au centre, la situation devient critique car, pendant cette même nuit du 21 au 22, les Allemands parviennent à franchir l'Yser entre les ponts de Schoorbakke et Tervaete.

Et, à Dixmude, les troupes belges sont soumises à un bombardement ininterrompu.

Les premiers éléments de la 42e Division du général Paul François Grossetti arrivent à Coxyde. La division a reçu l'ordre du général d'Urbal, commandant des troupes françaises en Belgique, de se porter sur Nieuport. C'est toutefois au centre qu'il faudrait intervenir mais d'Urbal ne veut rien savoir. Le Roi Albert attire dès lors l'attention du général Foch sur le danger de la situation.

  • Reprise de Lombaertzyde et franchissement de l'Yser par la 42e division française en marche sur Slype et Ostende.
  • Prise de Bixschoote et poussée sur Merkem et Roulers par les divisions du général Mitry.

22 octobre

Au nord, l'inondation a réussi ; la crique de Nieuwendamme est sous eau. Les trois premiers kilomètres au nord est de l'Yser entre Nieuport et Saint Georges sont inondés. Le 7e Régiment de Ligne -qui a vaillamment combattu au pont de l'Union pour contenir l'ennemi jusqu'à ce que l'inondation soit complète- reçoit du Roi la Croix de l'Ordre de Léopold à accrocher à son étendard.

Au centre, les Allemands qui ont franchi l'Yser à la soudure des 1 et 4 DA belges, occupent la boucle de Tervaete. Une contre-attaque menée avec quatre bataillons de la 6 DA (réserve) ne parvient pas à les rejeter. La situation est désespérée, mais le général d'Urbal ne peut intervenir avec sa 42e division. C'est qu'il veut percer à Nieuport comme il en a reçu l'ordre dans le cadre d'une instruction générale de l'état-major français d'avoir à mener des actions offensives à partir du 23. Mais, à Dixmude, tous les assauts allemands sont repoussés.

23 octobre

L'opération offensive française menée à partir de divers points du front échoue :

  • la 42e division ne parvient pas à sortir des positions tenues par les Belges à Nieuport.
  • Les fusiliers marins de l'amiral Ronarc'h ne peuvent déboucher de Dixmude.

A Saint-Georges, le 7e régiment de ligne subit des pertes sévères. Le soir, il est relevé par le 14e régiment de ligne et un bataillon du 4e Chasseurs. Il a résisté 7 jours et 7 nuits et a perdu 18 officiers, 600 soldats et de nombreux blessés.

Au centre, pris d'enfilade, les défenseurs de Schoorbakke doivent reculer. Tervaete tombe. Finalement, d'Urbal prescrit à une brigade de la 42e division de se diriger vers Pervijze afin de rejeter l'ennemi à l'est de L'Yser.

24 octobre

À Nieuport, les unités belges de la 2 DA renforcées par des éléments de la 3 DA auxquelles se sont ajoutées des troupes de la 42e division française forment un mélange complexe difficile à coordonner. A 16 heures, le 14e régiment de ligne, soumis à de violents tirs d'artillerie, doit se replier derrière le Noordvaart et les Allemands occupent Saint-Georges.

Grossetti (42e division), renonçant à son avance, abandonne Lombaertzyde et se rabat sur Ramscapelle pour défendre la chaussée du chemin de fer de Nieuport à Dixmude.

Mais les Allemands s'obstinent. Avec des troupes fraîches, ils attaquent au centre, accentuant leur poussée sur la rive gauche. À partir de Schoorbakke, ils gagnent du terrain en direction de Saint Georges et l'artillerie française doit tirer 3 000 projectiles pour arrêter leur progression, tandis que les Belges s'accrochent derrière le Groot Beverdijk.

À Dixmude, quinze assauts allemands sont repoussés.

25 octobre

La journée du 25 s'avère plus calme à l'exception du secteur de Dixmude où plusieurs assauts doivent être repoussés.

Cette journée est toutefois importante car le Roi Albert prend la décision de recourir à une inondation générale. Depuis l'inondation réussie, le 21 octobre, d'une petite partie du front, l'état-major belge examinait la faisabilité d'une opération de plus grande ampleur et le commandant d'état-major Nuyten avait fait appel à l'ancien maître-éclusier Karel Cogge, de la wateringue de Furnes pour l'éclairer. Cogge est une des rares personnes présentes ayant une certaine connaissance du système, les autres ayant fuit la zone des combats. Avec d'autres officiers belges, dont le major Maglinse et le capitaine du génie Thys, le débat aboutit à la conclusion qu'il est possible de tendre une inondation entre l'Yser et le talus du chemin de fer à condition d'obturer tous les passages existant sous ce dernier. Il suffirait alors d'ouvrir les vannes du Noordvaart à marée haute pour que l'eau pénètre sur les terres. Heureusement, la zone des écluses, dénommée la patte d'oie, étant toujours aux mains des Alliés, les ordres sont dès lors donnés pour que les unités du génie procèdent aux travaux de colmatage du remblai du chemin de fer.

26 octobre

La situation est désespérée; l'artillerie belge n'a presque plus de munitions, il ne lui reste, en moyenne, que cent coups par pièce.

À Nieuport, les Français qui ont repris la position de la 2 DA doivent, dans la soirée, abandonner la tête de pont de Palingbrug. A 23 heures, le colonel Glaudon fait sauter le pont sur le canal de Furnes. Cette démolition prématurée posera ultérieurement des difficultés pour accéder aux commandes des ouvrages hydrauliques. Heureusement, les Allemands commettent l'erreur de ne pas occuper ceux-ci.

Au centre, sous pression de l'ennemi, les Belges doivent se replier du Beverdijk (wateringue important) derrière le remblai du chemin de fer. L'ordre est donné de défendre cette ultime position à tout prix.

Au sud, la tête de pont de Dixmude tient bon.

Le recours à l'inondation est devenu urgent. Par chance, les travaux de colmatage du remblai du chemin de fer se terminent ainsi que la construction d’une digue entre le Canal de Furnes et le chemin de fer. Le soir, l'ordre est donné de procéder à l'inondation par l’écluse de l’Ancien Canal de Furnes. Par cet accès à l’Ancien Canal de Furnes, l'eau de mer peut entrer à l'est du remblai du chemin de fer grâce au siphon sous le Canal de Furnes (ou Canal de Dunkerque). La digue entre le Canal de Furnes et le chemin de fer empêche l’eau d’envahir le terrain à l’ouest du chemin de fer où sont installées les troupes amies. Le soir, à l'arrivée de la marée haute, les portes de l'écluse sont ouvertes mais, mal fixées, sous la pression de l'eau montante, les vantaux se rabattent brusquement.

27 octobre

La nuit du 27 au 28 octobre les portes de l’écluse de l’Ancien Canal de Furnes sont de nouveau ouvertes et cette fois bien fixées. Le débit de l’écluse et du siphon s’avère limité et l’inondation espérée va prendre trois jours pour s'accomplir complètement.

29 octobre

L’ordre est donné, malgré les difficultés citées plus haut, de réaliser l’inondation par la voie du Noordvaart, comme proposé dès le début par Karel Cogge. La nuit du 29 au 30 octobre des militaires belges, aidés par le batelier Henri Geeraert, ouvrent les vannes du Noordvaart. L’eau de mer entre dans la plaine de L’Yser.

1 novembre

Une énorme flaque d’eau d’une largeur de deux à trois kilomètres et d’une profondeur de trois à quatre pieds s’étend entre l’Yser et le chemin de fer de Nieuport jusqu’à Dixmude. Devant la montée de l'eau, les troupes allemandes doivent reculer pour échapper à la noyade. L'inondation crée ainsi un no man's land qui restera infranchissable pendant quatre ans.

 
Bataille d'Ypres (du 29 octobre au 24 novembre 1914)
 

Y étaient :

  • Jules SUMIEN de Barjols (7ème RIC), est tué le 3 novembre 1914 à Saint-Eloi (Belgique).
  • Marius CODONNEL de Brue-Auriac (7ème BCA), est tué le 13 novembre 1914 à Ypres (Belgique).
 

20 octobre
Offensive anglaise, en partant d'Ypres, sur Thourout, offensive française en direction de Roulers.

21 octobre
Échec du 3e corps britannique dans la région de Comines, suspension de l'offensive.

24 octobre
Reprise de l'offensive

29 octobre
Progression des troupes françaises vers la forêt d'Houthulst mais violente attaque repoussée par les anglais à Gheluvelt.

30 octobre
Nouvelle attaque sur la droite des anglais et repli. Arrêt de la progression du 9e corps du général Dubois qui envoie au général Haig trois bataillons de zouaves en renfort.

31 octobre
Le 1er corps anglais est percé mais le général Moussy sauve la situation. Le maréchal French songe à évacuer Ypres.

    Entrevue au PC du général d'Urbal de Foch et French.
    Reprise de Gheluvelt (2e régiment du Worcestershire) et de Messines.

1er novembre
Arrivée de Guillaume II à Thielt pour préparer son « entrée » à Ypres : Cinq corps d'armée allemands sur le front de la ville, nouveaux renforts de Joffre à Foch (deux divisions du 20e CA).

    Perte de Messines et Wytschaete, reprise de Wytschaete par la 32e DI, relève de troupes anglaises par le 19e CA.

2 novembre
Perte de Wytschaete par les troupes franco-anglaise.
Au sud de Dixmude, progression de l'offensive française.

3 novembre
Dixmude résiste à de nouvelles attaques.

    Région de Woumen-Clerkem, immobilisation des unités allemandes par Humbert (32e CA).
    Route du Mont Kemmel barrée par Moussy, Olleris et Bouchez.
    Reprise de Wytschaete par la 42e DI.

5 novembre
Guillaume II quitte les Flandres pour le Luxembourg.

6 novembre
Pour le général d'Urbal, l'offensive ennemie est « brisée ».

10 novembre
Attaque générale allemande.

11 novembre
Prise de Dixmude par l'armée allemande, mais sans débouché.

    Les Britanniques, qui subissent le plus fort de l'attaque, parviennent à stopper les Allemands à Ypres.

12 novembre
Les premières neiges laissent présager la fin des mouvements de l'ennemi dont les assauts s'enlisent dans les eaux boueuses face aux alliés accrochés à leurs positions.

15 novembre
Immobilisation des deux partis sur les positions conquises.