Le 5 avril 1915, le Régiment attaque ; les 1èr et 3ème bataillons en première ligne, ont, comme objectifs, les tranchées allemandes dites du bois de Mort-Mart devant le village de Flirey. Les 9ème et 12ème compagnies dans un élan impétueux sortent des tranchées à 10 heures. La 9ème compagnie balayée par une mitrailleuse est décimée en quelques secondes et ne peut aborder son objectif. La 12ème franchit les deux premières lignes allemandes et, emportée par son élan, atteint la 3ème ligne, mais débordée aussitôt et contre-attaquée très violemment, elle reflux dans nos lignes. Le 1èr bataillon lui aussi est ramené, et l’ennemi par un puissant tir de barrage empêche toute nouvelle tentative.
L’élan et l’entrain déployés par les soldats du 157ème avaient été si remarquables qu’un officier du 369ème occupant un secteur voisin, était venu dire toute son admiration et celle de ses hommes au commandant du 3ème bataillon.
Durant la préparation d’artillerie sur les tranchées ennemies, le capitaine Bresson, commandant la 9ème compagnie monte sur le parapet, dominant ainsi sa troupe, de sa haute stature, encourage ses hommes et s’élance le premier en criant : « En avant ! ce n’est pas aujourd’hui qu’il faut avoir peur ! » et à deux mètres de la tranchée allemande, tombe mortellement frappé. Son ordonnance, le soldat Jacques Peyre, qui ne le quitte pas, ne peut parvenir à le dégage, mais revenu dans la tranchée de départ après l’échec de l’assaut, il
tentera plusieurs fois de ramener le corps de son capitaine que l’ennemi lui dispute avec acharnement.
Les 6 et 7 avril, nouvelles attaques par les 2ème et 3ème bataillons, mais le boche renforcé en infanterie et artillerie les fait échouer.
Enfin les tranchées de première ligne tombent entre nos mains après l’intervention du XIIème Corps.
Le 157ème a pendant plusieurs jours harcelé l’ennemi, mais décimé, il ne peut recueillir le fruit de ses efforts.
Quelques jours après ces combats acharnés un aumônier d’une division du XIIème Corps, vient demander au commandant du 3ème bataillon si on ne pourrait pas ramener le corps de son frère, le capitaine Tanant de la Tour tombé pendant l’assaut.
Le soldat Rostaing, de la 11ème compagnie, s’offre comme volontaire et réussi seul, en terrain découvert, et sous le feu nourri, à ramener dans nos lignes le corps de l’officier.
La période des attaques terminée, commence alors la guerre des mines activement poussée par les Allemands. Cette situation sur un volcan perpétuel fut supportée bravement et tranquillement par les soldats du 157ème, bien que chaque explosion de mines nous coûtât quelques hommes.
Un matin, le 11 juin, une mine saute et enfouit un petit poste occupé par le caporal Faure André, et les soldats Duclos et palette, tous trois de la 9ème compagnie. Dans leur pénible situation, ils ne se découragent pas, et s’entraidant les uns les autres, ils reparaissent au jour après une heure d’efforts. L’étonnement fut grand parmi ceux qui déjà avaient creusé une sape pour tâcher de les sauver.
Lors de l’explosion d’un dépôt de munitions, le soldat Orcières, de la 12ème compagnie, est enseveli complètement avec un autre soldat de la même compagnie.
Lorsqu’on parvient à eux, le soldat Orcières ne veut pas être retiré avant que son camarade ne soit entièrement dégagé. C’est d’ailleurs ce même soldat qui, apportant le repas du capitaine, et surpris par une rafale d’obus ne voulut pas se coucher malgré les objurgations d’un camarade, sous prétexte qu’il ne voulait pas renverser la soupe.
Le soldat Guibaud, de la 9ème compagnie, lors d’une explosion de mine n’hésite pas à descendre dans une sape, deux fois de suite, pour secourir un de ses camarades et à chaque tentative il remonte à demi asphyxié.
Jusqu’au mois de septembre 1915, le 157ème va rester dans ce secteur infernal où les bombardements font rage du matin au soir,
Le 30 septembre 1915, il va occuper le secteur compris entre le village de Rambucourt et le bois de Besombois. Secteur calme mais où l’endurance des hommes fut mise encore une fois à l’épreuve, car les tranchées étaient complètement envahies par l’eau des marécages de la Woëvre.
Le 10 janvier 1916, le Régiment vient au repos dans la région de Toul à Souzey et exécute des travaux de 2ème ligne dans les bois de la Reine et en avant de Bernecourt et à Bouconville.
Le 10 février 1916, la Division reçoit l’ordre d’arrêter ses travaux et de se porter dans la région de Commercy. Le 1èr bataillon cantonne à Commercy ; le 2ème bataillon à Saint- Julien ; le 3ème bataillon à Vignot. Les trois bataillons vont tous les jours exécuter des travaux de défense en arrière du bois d’Ailly, entre Saint-Julien, Boncourt et le fort de Liouville. |