Quelques personnages qui ont laissé leur empreinte à Pourrières

 
Louis Chrysostome MICHEL dit "Michel de Bourges" (1797 - 1853)
Il est né à Pourrières le 30 octobre 1797. Son père Jean Baptiste Michel, Républicain, avait été assassiné sept mois plus tôt par des "brigands" royalistes. Elevé par sa mère, il reçoit une éducation républicaine sans concession. En 1815, pour échapper aux royalistes et à une nouvelle "Terreur blanche", il s'engage comme volontaire dans la légion du Var .
Après des études de droit à Paris, il devient avocat en 1826, et débute sa carrière à Bourges où il s'est installé après son mariage. Dans les prétoires, il est "incisif et retentissant", C'est un véritable républicain, qui lutte sans cesse contre la Restauration royaliste. Ses plaidoiries sont redoutables.

Il refuse un poste important dans le gouvernement de Louis-Philippe, et au cours de la monarchie dite de Juillet, il est le chef du parti républicain. Lors de cette révolution de 1830, Michel de Bourges, avocat républicain prend la tête de l'opposition libérale. C'est lui qui empêche le général Canuel d'envoyer un régiment de cuirassiers de Nevers contre les émeutiers.

Un an plus tard, le 27 juillet 1831, lors du premier anniversaire de la Révolution, Michel de Bourges, avec quelques uns de ses amis, plante un Arbre de la Liberté, alors que le maire de Bourges, Maillet Génétry n'en voulait pas. Le général Petit, (le général des Adieux de Fontainebleau) est appelé à la rescousse. Avec la troupe il disperse les manifestants et arrache l'arbre de La Liberté. Plusieurs personnes sont arrêtées, dont Michel de Bourges qui est incarcéré, et condamné à un mois de prison.

Il plaide pour toutes les causes qui vont contre le gouvernement. Ainsi, en 1833, il est l'avocat des 40 Vendéens jugés à Bourges qui voulaient renverser Louis-Philippe et le remplacer par le duc de Bordeaux, fils posthume du duc de Berry, c'est l'affaire du Port la Claie.

C'est en sa qualité d'avocat que Michel de Bourges rencontre Georges Sand en 1835. C'est lui qui plaide sa séparation avec son mari Casimir Dudevant, qui fut effective le 16 février 1836, après 14 ans de vie commune. Séparée de son mari, qu'elle avait épousé à l'âge de 18 ans, elle adopta assez vite les idées de son avocat qui devient aussi son amant.

Lors de la révolution de 1848, il est, avec Paul Duplan désigné comme Commissaire du Gouvernement Provisoire, il n'y reste que 24 heures et est remplacé par Félix Pyat.

Le 2 décembre 1851, il s'engage dans le Comité de Résistance contre le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte. Pour ne pas être arrêté, il doit s'enfuir en Suisse, puis en Belgique.

Après cette période difficile pour lui, il meurt le 16 mars1853 à Montpellier.

 
Germain NOUVEAU (1851-1920)

Fils de Martin Félicien NOUVEAU, propriétaire, et de Marie Augustine Alexandrine Silvy, il est né le 31 juillet 1851 à Pourrières.

Ainé de 4 enfants, il perd sa mère à l'âge de sept ans.

En 1863 il entre au petit séminaire d'Aix, puis est admis au collège Bourbon (aujourd'hui Sacré Coeur). Il y passe le baccalauréat en 1870. A l'automne 1872, il s'installe à Paris où il collabore à l'album zutique dans lequel il découvre les poèmes de Rimbaud et Verlaine qui ont quitté la capitale depuis juillet 1872. Fin 1873, il rencontre Arthur Rimbaud au café Tabourey et, en mars 1874, ils partent ensemble en Angleterre pour s'installer à Londres . Nouveau aide Rimbaud à la copie des Illuminations, puis revient seul à Paris en juin.

Après des voyages notamment en Belgique et en Hollande, il revient en 1875 en Angleterre, où il fait la connaissance de Paul Verlaine, avec qui il restera longtemps ami.

En 1878, il devient employé au ministère de l'instruction publique, collabore au Gaulois et au Figaro sous le pseudonyme de Jean de Noves. C'est à cette époque qu'il rédige La Doctrine de l'Amour, qu'il achève en 1881.

Pour avoir voulu se battre en duel, il perd son emploi en 1882. Devenu professeur au Liban, il y mène une vie difficile.

De retour à Paris en 1885, Germain Nouveau tombe amoureux d'une jeune femme qui lui inspire les poèmes de Valentines. Il est ensuite professeur dans différents postes, mais une crise de folie mystique entraîne son internement à Bicêtre en 1891 d'où il ne sort qu'après plusieurs mois d'internement.

Il mène, après sa libération, une vie de vagabondage et de mendicité, et se plonge de plus en plus dans le mysticisme.

De nouveau à Paris en 1904, il publie Savoir Aimer. Le ministère lui refusant son secours financier, il reprend son existence errante à travers l'Europe du Sud et l'Algérie.

En 1911, il se retire définitivement dans son village natal de Pourrières ou il achète une maison. Le 4 avril 1920, il est découvert mort à son domicile et inhumé dans la fosse commune. Son recueil Valentines ne sera publié qu'en 1922.
 
Joseph Justin PASCAL (1886 - 1982)
Il est né le 15 mai 1886 à Saint Martin, petit hameau situé sur la commune de Selonnet, dans les Basses-Alpes.
Il fréquente l'école de Selonnet où il apprend le bilinguisme (le patois était encore largement pratiqué), mais aussi les principes moraux et civiques qui le marqueront pour toute la vie.
Après avoir réussi le Certificat d'Etudes Primaires à l'âge de 11 ans, il ne peut, pour des raisons financières poursuivre ses études en ville. Il effectue donc l'année scolaire dans les salons du presbytère de Selonnet, puis dans un établissement religieux à Marseille.
Malgré de très bons résultats, en raison de son attachement profond aux valeurs de la République, il quitte cette école à la fin de la seconde.
Aidé financièrement par une de ses tantes, il termine ses études au collège de Barcelonnette, où il réussit brillamment le Brevet de Capacité.
Ne pouvant continuer à l'école Normale, il travaille aux champs avec son père pendant une année, en attendant une éventuelle convocation de l'Inspection Académique pour effectuer un remplacement. Cette dernière arrive le 2 novembre 1905 : il est appelé au Forest où il exerce deux mois, puis encore trois autres fois pour des périodes brèves.
Après avoir effectué 11 mois de service militaire il part pour le Var, département à population croissante, où on a plus besoin d'instituteurs. Il est nommé successivement à Lorgues, au Bourguet, puis à Ampus où il reçoit son ordre de mobilisation le 1er août 1914. Après avoir été blessé à Verdun, il est envoyé pour se battre dans les Dardanelles, puis en Tunisie.
En 1921, il épouse Anna Maurel, institutrice de Pourrières. L'année suivante ils obtiennent un poste double à l'école de Pourcieux où ils resteront jusqu'en 1934. C'est alors qu'il entre en franc-maçonnerie. Il est initié 22 juillet 1923 à l'Ecole de la Sagesse, à Brignoles. Il est également un militant syndical actif, et il crée et anime le Cercle coopératif de la jeunesse à Pourcieux.
Mais, en 1934, le double poste de Pourcieux est supprimé et les époux Pascal demandent leur mutation sur Aix-en-Provence.
Lors de la déclaration de guerre de 1939, en raison de son âge, Joseph Pascal n'est pas mobilisé, mais, deux ans plus tard, il est mis à la retraite d'office par le gouvernement de Vichy, en raison de ses fonctions passées de Président de Loge maçonnique.
En 1945 sa pension de retraite est réajustée en hors-classe et la sanction de Vichy effacée.
Cinq ans plus tard, c'est au tour de son épouse d'atteindre l'âge de la retraite, et c'est à Pourrières qu'ils décident de finir leur vieux jours.
Anna Maurel décède en 1966. Malgré des obsèques civiles, le curé décide de faire sonner le glas pour cette incroyante, femme d'élite, ancienne directrice de l'école du village.
Joseph Pascal passe alors tout son temps à méditer. En 1972, il publie un petit recueil intitulé "Mémoires d'un instituteur" dans lequel il fait part de ses réflexions, notamment sur la pratique de la laïcité.
Joseph Pascal décède à Pourrières le 25 mars 1982 dans sa 96ème année. Conformément à sa volonté, il est incinéré, et ses cendres dispersées.
 
Emile RIGAUD (1814 - 1890)

Émile Joseph Rigaud est né à Pourrières, le 27 mars 1814.
Son père Joseph Emile est un propriétaire, natif de Montmeyan, et sa mère Marie Maurel, une Aixoise.
Après avoir effectué des études de droit à Aix, il fréquente un cénacle littéraire animé par un immigré polonais, Constantin Gaszinski.
Conservateur légitimiste, il est élu maire d'Aix-en-Provence le 7 août 1849.
Après le coup d'Etat du 2 décembre 1851, il se rallie au prince Louis Napoléon Bonaparte et reçoit même une décoration.
Sous sa municipalité de grands travaux, déjà initiés par ses prédécesseurs, sont poursuivis. Ainsi une grande partie du rempart est démolie, ce qui permet le développement d'une urbanisation nouvelle. C'est aussi durant son mandat qu'est construite la voie ferrée Aix-Rognac.
Le 29 février 1852, il est élu député de la 2ème circonscription des Bouches-du-Rhône.
Au terme de son mandat de maire, le 11 janvier 1863, il ne se représente pas aux élections car il vient d'être nommé (en 1862) premier président de la Cour d'Appel d'Aix.

Il reste néanmoins un des membres les plus actifs du parti bonapartiste dans la région.
En 1883, après la réforme de la magistrature, il est révoqué de ses fonctions.
Il décède le 18 mars 1890 à Aix.