Canal de Fontcouverte acheminant l'eau de la Bernarde jusqu'à la villa du Carteret
(seconde moitié du 1er siècle de notre ère)

Informations extraites de la revue du centre archéologique du Var.
Auteurs : Patrick Digelmann, avec la collaboration de Frédéric Martos et Jean Marie Michel.

 
 
La villa gallo-romaine du Carteret se trouve sur une pente douce, en rive gauche du vallon du "Débat".
Des travaux agricoles ont permis en 2003, de mettre à jour des blocs dressés et des moellons calcaires, des fragments de sol de béton, d'enduits d'étanchéité, de briques thermales et de portions de colonnes, des tuiles, des tesselles de mosaïque en pierre noire et blanche, en pâte de verre verte, bleue, plus rarement rouge, un fragment de statuaire et du marbre de placage en abondance.
 
Le site de la villa du Carteret
 
La villa était alimentée en eau par un canal maçonné provenant de la source de la Bernarde. Il en subsiste encore quelques traces in situ ainsi que de nombreux blocs du conduit en béton dispersés sur les gradins d'anciennes cultures.
Ce canal suit un parcours sinueux de 1100 m à flanc de colline. On le retrouve en différents points de son parcours, malgré l'anthropisation des terres :
  • point 1 : il ne subsiste plus rien de visible du captage antique de la source de Bernarde.
  • point 2 : on peut observer du béton fragmenté on milieu d'un champ voisin.
  • point 3 : des morceaux de specus dans les épierrements indiquent la destruction du conduit qui le traversait.
  • point 4 : blocs de maçonnerie situés en contrebas du GR99.
  • point 5 : bout de conduit in situ dans l'engravure en L du rocher taillé.
  • point 6 : la section est observable (voir photo). Le rocher égalisé au moyen de blocs rapportés sert d'assises à un épais hérisson en pierres (15 cm) pris dans le mortier. Au dessus, le specus, coulé d'un bloc (60 cm sur 35 cm), est constitué d'un ravier en béton de gravier et de tuileau dont l'épaisseur atteint de 10 cm à 15 cm. La paroi interne est lissée mais sans enduit et l'épaisseur des piédroits parait constante, de l'ordre de 21 cm à 22 cm. Le cuvelage en béton forme un petit conduit en U de 15 cm à la base sur 22 cm de haut. Les concrétions recouvrent le fond d'un dépôt lamifié (2.2 cm d'épaisseur) qui témoigne de la mise en eau du canal. Une croûte carbonatée plus mince adhère également au bas des parois.
  • point 7 : second tronçon (voir photo) du canal effondré à 15 m de premier.
  • point 8 : troisième tronçon effondré, rejeté sous le chemin, reprennant la même architecture.
  • point 9 : concentration de tuiles à rebords (voir photo), sans marque (34 à 36.2 cm par 50 cm environ) mises à jour, à la suite d'un défoncement agricole présente sur la face plane une concrétion et du mortier de scellement sur la face à rebords, ce qui permet de préciser le mode de couverture du canal à cet endroit.
  • point 10 : la roche mise à nu est tronquée en forme de L, tandis que des morceaux de conduit sont inclus dans les pierriers qui bordent le verger.
  • point 11 : le canal, dont le béton du radier et de la paroi adhère encore au rocher, prend une nouvelle direction. Depuis la source de la Bernarde jusqu'à ce point, le dénivelé de 9 m sur une distance de 850 m se traduit par un pendage moyen de 1% suffisant pour l'écoulement. Ensuite, au débouché dans le vallon du Débat, le dénivelé s'accentue sur les 250 derniers mètres pour atteindre 20 m, soit une pente de 8%.
  • point 12 : un système d'adduction devait alimenter les thermes pendant que l'autre branche conduisait l'eau, toujours à flanc de colline vers les bâtiments situés en amont. Les derniers grands labours ont fini de détruire des sols de béton dont les fragments les plus importants ont été rejetés sur les bords du champ. Parmi ces blocs figure encore un seuil de porte complet, en calcaire, qui possède deux encoches latérales pour les crapaudines des battants (L = 1.19 m ; l = 0.46 m ; h = 0.21 m). Tout autour on retrouve, dispersées, une grande quantité de pilettes d'hypocauste et de tubuli qui proviennent des parois chauffantes. Les conduits en forme de boîtes rectangulaires, peignés dans les deux sens et latéralement ouverts, sont recouverts d'un mortier de tuileau tandis que l'intérieur fortement noirci atteste le fonctionnement du système de chauffe. Une estampille sur brique de suspensura porte la signature d'une importante briquetterie. Outre des mosaiques, les thermes possédaient un revêtement marmoréen relativement développé qui permet de présumer d'un style décoratif.
 
Le tracé du canal de la Bernarde jusqu'à la villa du Carteret
Coupe du canal engravé dans le rocher au point 6
 
Partie du canal effondrée au point 7
 
Tuile de couverture du canal mise à jour au point 9
 
Seuil de porte en calcaire
 
Estampille sur brique portant la signature d'une importante briqueterie placée sous la direction de T.Greius Ianuarius sur une des propriétés des Domitii entre la première moitié du 1er siècle ap JC jusqu'au règne de Marc Aurèle. Les fours de cette fabrique ont été localisés, en 2005, près du Tibre à Mugnano, au nord-ouest de Rome.
 
Revêtement des thermes
 
n°1 à 3 : éléments de décoration en marbre grec écrit
n°4 : brèche de Pourcieux
n°5 : ardoise
n°6 : porphyre vert
n°7, 9, 10 et 12 : blanc fin
n°8 : brèche coraline
n°9 : rouge antique
n°11 : cipollin vert et brèche de Settebasi