Arzacq-Arraziguet - Ronceveaux
Sylvie et Alain Revello
 
6 août 2019 : De Arzacq-Arraziguet à Pomps (21 km)
 

Nous voilà donc partis ce mardi 6 août 2019, une nouvelle fois sur le chemin de Compostelle. Après Le Puy - Saint Chely d’Aubrac (2016) et Saint Chely d’Aubrac - Figeac (2017) l’envie du chemin nous a gagné au printemps lors d’une visite à Saint Jean Pied de Port. Les vallons inondés de soleil du Pays Basque aperçus de la citadelle et l’attrait des Pyrénées nous ont convaincus de reprendre cette aventure teintée d’humilité et de partage.

Oubliée la portion à partir de Figeac, certains pèlerins nous auront convaincus du manque d’intérêt après avoir parcouru la Margeride, l’Aubrac et Conques. Tant pis si nous ne verrons point le Quercy Blanc et le Bas Armagnac mais notre destination doit être Saint Jean Pied de Port. L’objectif fixé il est nécessaire de tracer le parcours et de définir le nombre de kilomètres à accomplir. Sachant qu’une semaine de randonnée est un bon compromis, à raison de 15 à 20 Kilomètres quotidiens, le choix se porte alors sur Arzacq-Arraziguet. Cent trente kilomètres en tout et pour tout. Banco !

Première mission, stationner le véhicule à St Jean Pied de Port. Les Transports Claudine nous convoient jusqu’à notre point de départ. Arzacq-Arraziguet une charmante bourgade de la communauté de communes de Luys en Béarn gîte de 1300 habitants. Un café chez le roi de la garbure, l’occasion de rencontrer Robert membre actif de l’association en charge de l’accueil des pèlerins. « J’ai eu l’occasion de serrer la main de Mme Raffarin, son mari était entouré de gardes du corps. » Et l’homme a l’accent chargé nous recommande « Donc ne vous trompez pas le chemin c’est par là ». Merci Robert, nous avions déjà repéré le balisage Rouge et Blanc représentatif du GR65. Quelques dizaines de mètres et nous voilà aux abords du lac d’Arzacq. Une très belle carte postale pour débuter....
Après Louvigny dans la montée vers Lou Castet, Jean-Louis ramasse les feuilles de son superbe saule pleureur et nous salue « et bien voilà deux pèlerins qui prennent leur temps et ils ont bien raison. » Ne jamais pressez le pas surtout lorsque le chemin s’élève. « L’objectif n’est pas d’arriver les premiers mais d’atteindre l’objectif », je me hasarde à lui répondre et lui demander : « Et vous le chemin, vous l’avez fait ? » Le « non » est catégorique. « Je me suis promené sur quelques kilomètres mais pas question d’en faire plus. Je vois passer les pèlerins et cela me suffit. » Jean-Louis nous avouera bien porter ses 83 printemps. « Tu vois mon gars, j’aurai pu être ton père si j’avais rencontré ta mère. Qui sait, je l’ai peut-être croisé un jour. » Oui c’est cela…..

Cette première journée est agréable mais nous laisse présager que le chemin ne sera pas toujours très plaisant. D’ores et déjà la partie bitumée est plus importante que la forestière. A la Départementale 278 succède la Départementale 279 et au point culminant qu’est Fichous-Riumayou, force est de constater que les après-midi seront brûlants sur le macadam en dépit du Luys de Béarn, bien bas, que nous traversons parfois.

La traversée du hameau « Uzan » est l’occasion de poser pour la postérité près du panneau indicateur et d’avoir une pensée pour la jeune photographe de Var-matin devenue infographiste. On devine alors Pomps, notre première étape. Le gîte communal est situé en plein coeur du village. Nous serons 23 à y loger pour la nuit. L’ambiance y est conviviale surtout après la « mousse » consommée à l’épicerie située à quelques dizaines de mètres. Nous faisons la rencontre de Brigitte et Pascale, deux Iséroises, ainsi que Isabelle et Martine, deux locales de l’étape. Guillaume, Belge, nous avoue avoir quitté Namur, il y a plusieurs semaines de cela et entend bien atteindre Saint-Jacques, tout comme le Québécois Yannick croqueur dans la vie à pleine dents. Tout au long du parcours, sur le chemin nous croisons toujours les marcheurs rencontrés le premier jour, j’ai entendu son rire communicatif et sa voix susceptible à tout moment d’entonner la chansonnette.

Elles et ils seront nos compagnons d’un soir, d’une semaine, d’un parcours, d'un morceau de vie…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
7 août 2019 : De Pomps à Argognan (16.5 km)
 
La nuit a été fraîche. Tout autour du gîte communal de Pomps (Pyrénées-Atlantique) le ciel s’est obscurci et le tonnerre a fait entendre sa voix. Des litres d’eau se sont déversés sur ce secteur de la Nouvelle-Aquitaine. Un brin de réconfort pour les randonneurs. Le chemin sera plus souple… le chemin pas le bitume bien évidemment. Et en matière de macadam nous serons servis tout au long de cette journée du 7 août qui nous emmène jusqu’à Argagnon via Arthez-de-Béarn.
Les premier hectomètres sont plaisants. Une rencontre avec les vaches « Blondes d’Aquitaine » sur cette terre de transhumance, de vieilles granges délabrées toujours très agréables dans le décor de cette France rurale, agricole, forestière.
Au hasard d’un sentier, Sylvie prend plaisir à flâner parmi les chênes. Sur l’un d’entre eux nous remarquerons le panneau « ACCAS Doazon ». Nous retrouverons souvent le terme « ACCA » tout au long de notre périple. Il signifie « Association Communale de Chasse Agréées ». Il est vrai que nous entrons dans le royaume de la chasse à la Palombe.
En matière d’agriculture, nous nous trouvons aussi dans le vignoble béarnais et son célèbre Jurançon issu de trois cépages : le petit manseng, le gros manseng et le courbu.
Certains ont même pris soin de transformer un tournesol en un véritable soleil. Ce soleil qui ne va pas tarder à se pointer pour chauffer le bitume en début d’après-midi.
Après avoir sillonné parmi les fermes nous nous trouvons face à la chapelle romane de Caubin, le vestige d’une importante commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean. Nous voyons poindre Jean-Michel, un Isérois parti de La Tour du Pin le 20 juin dernier. Il nous rejoindra lors de notre halte à Arthez-de-Béarn et nous passerons la soirée avec lui au Gîte du Cambarrat à Argagnon.
Nous avions croisé Jean-Michel lors de notre première journée, il admirait le paysage juché sur une butte : « Cela me rappelle chez moi » avait-il prononcé à scrutant l’horizon et les vallons teintés de jaune et de vert où tournesols et maïs alternent avec les pâturages. 
Arthez est une commune de 1900 habitants. Du centre du village on peut apercevoir Lacq et ses usines d’extraction de gaz naturel. Mais passons cette vision industrielle et dirigeons-nous vers la boucherie bien sympathique. Des tranches de jambon de pays feront notre bonheur pour le déjeuner pris à la Brasserie du Palais. La propriétaire très sympathique accepte les pique-nique et nous propose même des prunes « cueillies à 4h du matin sous la pluie ». Que du bonheur !
L’après-midi sera moins heureux, le Gîte du Cambarrat est distant de 6 kilomètres mais uniquement sur une départementale. Sylvie fustige : « Ce n’est plus le chemin mais la route de Compostelle. Je ne fais pas cela pour croiser des voitures ou des camions. Mon but est de parcourir la nature, d’entendre les oiseaux, de voir des plantes, des animaux pas de subir les pots d’échappement ». Je ne peux qu'abonder dans son sens. Heureusement nous atteindrons notre étape du soir par le biais du chemin de Baraten afin d’apaiser la colère qui monte.
Le gîte du Cambarrat est un véritable havre de paix au sein d’une forêt dont s’occupe Nicolas, agriculteur et sylviculteur. Avec son épouse Isabelle, ils ont choisi de construire cette charmante demeure en 1998. Une bâtisse digne du XVIIIe siècle où se mêlent les éléments naturels tels que le bois et la pierre. « Bon nombre de pèlerins s’arrêtaient par le passé à la recherche d'une halte. Nous avons décidé de construire un dortoir pour les accueillir. Puis nous avons agrandi et maintenant nous pouvons accueillir quinze personnes notamment dans les roulottes qui connaissent un grand succès ». La soirée avec nos amis pèlerins sera très agréable. Nicolas, notre hôte, nous offrira même un moment insolite en jouant du banjo son instrument de coeur.
C’est cela le chemin des moments de plaisir et de souffrance (évidemment) mais surtout de belles rencontres. Comme Martine qui nous propose de rejoindre Navarrenx en voiture le lendemain. Les 24 kilomètres étant uniquement de la route et la canicule étant annoncée, nous acceptons son offre. Le lendemain sera donc une journée de repos à Navarrenx.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
8 août 2019 : Journée de relâche à Navarrenx
 
Après une bonne nuit de repos au Gîte du Cambarrat, nous avons donc donné suite à la proposition de Martine. Nous voilà partis pour deux kilomètres à pied jusqu’à Maslacq où son voisin nous attend. Le trajet jusqu’à Navarrenx nous confortera dans notre choix. Le tracé du GR apparaît fréquemment au bord de la Départementale. Le soir, dans les rues de Navarrenx, nos amis pèlerins nous confirmeront que la journée a été rude : « Beaucoup de bitume et surtout une chaleur écrasante et étouffante. Cela n’a pas été un plaisir ».
Nous avons profité de cette journée pour visiter Navarrenx. Bâtie sur le plan d’une bastide du XIVe siècle au dessus du gave d’Oloron, elle fut la première cité bastionnée de France au XVIe siècle. Henri II d’Albert, beau-frère de François Ier, a construit les remparts à partir de 1538.
Nous avons pris nos quartiers chez Régis, le propriétaire du Relais du Jacquet. L’ ingénieur avoue avoir pleinement vécu son chemin vers Compostelle. « Cela bouleversé ma vie. Je ne pouvais plus rester assis derrière un bureau. J’ai tout plaqué pour m’investir dans l’accueil des pèlerins ». Et Régis a pleinement réussi sa reconversion. Le gîte est très bien tenu et merveilleusement bien placé.
Régis nous offrira une soirée digne du chemin. Un apéritif pris dans la cour de la maison avec l’ensemble de ses locataires puis un repas de fête pris dans la rue centrale de Navarrenx à l’occasion de la première soirée de la fête du village. « C’est la tradition, notre boucher Jean-Pierre Casamayou nous propose un menu de gala avec une assiette de charcuterie et la daube de taureau ». Nous vous le confirmons, c’est un régal.
Le repos et cet excellent repas seront de précieuses armes pour la quatrième journée et l’étape Navarrenx - Lichos.
 
 
 
 
 
9 août 2019 : De Navarrenx à Lichos (15 km)
 
Nous revoilà sur le chemin. Le choix de s’arrêter à Lichos est volontaire. La reprise doit se faire en douceur et quinze kilomètres cela paraît suffisant. On nous annonce un début d’étape très agréable et c’est en effet le cas. Après Castetnau-Camblong nous pénétrons dans une forêt très agréable nous réconciliant avec notre passion.
Avant d’arriver à Lichos, notre premier objectif est de passer « Le Saison ». Cette rivière est la frontière entre le Béarn et le Pays Basque. Les avis sont unanimes, les paysages sont totalement différents et bien plus agréables. Les Basques ont pour habitude d dire « Randonneurs, vous en avez fini avec les champs de maïs vous entrez désormais dans le paradis sur terre ».
« Le saison » est franchi en milieu de journée. Nous arrivons chez « Angèle » en début d’après-midi. Cela nous laisse le temps de savourer encore un peu de repos dans le jardin de cette propriété où nous rencontrerons des randonneurs vendéens. Trois couples très agréables que nous accompagnerons le lendemain jusqu’à Ostabat.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
10 août 2019 : De Lichos à Ostabat-Asme (28 km)
 
C’est décidé, nous effectuerons l’étape la plus longue entre Lichos et Ostabat. Près de trente kilomètres car la météo n’est pas rassurante et les hébergements ne sont pas légion et nous ne sommes pas assurés de pouvoir dormir à la ferme Gaineko-Etxea (La maison d’en haut). Nous ne serons rassurés qu’à la mi-journée lorsque la propriétaire nous confirmera la réservation.
Comme la veille, les paysages sont plus doux. Le soleil est de la partie. La veille au soir, Angèle nous indique deux raccourcis. Le premier est par Aroue. Nous le trouverons aisément et nous permettre un gain d’un kilomètre. Nous ne trouverons pas le deuxième et c’est tant mieux. Je l’avoue humblement, je préfère avoir marché quelques kilomètres supplémentaires et atteindre la croix de Gibraltar et la chapelle de Soyarza. Le point de vue au sommet de la colline est en tout point remarquable.
La Croix de Gilbratar est symbolique. C’est en ce lieu que se rejoignent les nombreux chemins de France et d’Europe. Le symbole est grand.
L’effort est violent entre la stèle située à 150 mètres d’altitude et la chapelle à 286 mètres. Plus de 130 mètres de dénivelé en deux kilomètres…. Mais quel spectacle….
La descente vers Ostabat est douce, la dernière difficulté est d’atteindre le gîte. La maison d’en haut porte bien son nom. 
Le soir venu, au moment du repas, le propriétaire nous fera le plaisir de nous souhaiter la bienvenue avec des chants basques. Nous l'en remercions.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
11 août 2019 : De Ostabat à Saint-Jean-Pied-de-Port
 
 
Repas à Saint-Jean-le-Vieux
 
 
 
 
12 août 2019 : Journée de relâche à Saint-Jean-Pied-de-Port
 
 
 
13 août 2019 : De Saint-Jean-Pied-de-Port à Roncevaux