Résultat des Sénatoriales de 1959
 
Les résultats
 
INSCRITS (grands électeurs) :
807
VOTANTS :
802
EXPRIMES :
799
PARTICIPATION (%)
99.38%
 
1er tour
 
Candidats
Voix % exprimés Résultat
     
SOLDANI Edouard (SFIO)
504 63.08% Elu
LE BELLEGOU Edouard (SFIO)
400 50.06% Elu
BALESTRA Clément (SFIO)
361 45.18%  
MERLE Toussaint (PCF)
121 15.14%  
FERRANT Adelin (PCF)
109 13.64%  
BREMOND Maurice (PCF)
111 13.89%  
BARLES Paul (UNRS)
134 16.77%  
FILLE Louis (UNRS)
153 19.15%  

TRAVERS Pierre (UNRS)

70 8.76%  
COULOMB Marius (UCR)
73 9.14%  
ISNARD Léon (UCR)
52 6.51%  
ARNAL Franck (Republicain et Socialiste)
130 16.27%  
MAITRE Marcel (UNRPCM)
13 1.63%  
REBUFAT Baptistin (Républicain et laïque)
22 2.75%  
VAN HECKE Alphonse Sylvestre (SE)
56 7.01%  
 
2ème tour
 
Candidats Voix % exprimés Résultat
BALESTRA Clément (SFIO)
441 56.11% ELU
FILLE Louis (UNRS)
187 23.79%  
MERLE Toussaint (PCF)
116 14.76%  
VAN HECKE Alphonse Sylvestre (SE)
22 2.80%  
TRAVERS Pierre (UNRS)
14 1.78%  
REBUFAT Baptistin (Républicain et laïque)
6 0.76%  

Commentaire amusant révélateur du climat de l'époque :

Ayant été présent à Draguignan ce jour-là avec les délégués de La Seyne, et ayant pu assister à la proclamation des résultats, nos souvenirs du déroulement de cette journée ne corroborent pas entièrement ce qui ressort des résultats officiellement proclamés par la suite, sans doute après recomptage et examens des bulletins par la commission de vérification. Nos souvenirs sont que : 1) il y avait environ 800 votants, 799 exactement, et que la majorité absolue (pour être élu au premier tour) était donc de 400 ; 2) Toussaint MERLE, tête de liste du P.C.F. avait obtenu 121 voix (ce qui était inespéré puisque le P.C.F. ne pouvait compter que sur une centaine de délégués) ; 3) Édouard SOLDANI avait bien été largement élu au premier tour (longs applaudissements de la salle) ; 4) il y avait ballotage pour les deux autres sièges, notamment pour Edouard LE BELLEGOU qui avait obtenu 399 voix et à qui il en manquait seulement une pour être élu.

Pour la petite histoire, les dirigeants du P.C.F. avaient tenté de négocier en fin de matinée avec ceux de la S.F.I.O. Ce dernier parti avait besoin de voix supplémentaires pour permettre à Édouard LE BELLEGOU (une seule voix !) et surtout à C. BALESTRA d'être élus. Mais l'idée de former une liste commune S.F.I.O.-P.C.F. pour le 2e tour était évidemment inenvisageable. Le P.C.F. avait alors arrivé à l'idée, après une réunion interne, de se désister pour la liste socialiste. L'annonce de cette décision (que Jean BARTOLINI avait justifiée en disant : « c'est quand même la gauche, c'est notre allié historique - depuis 1936 - et notre adversaire c'est avant tout la droite ») avait provoqué des remous à la base du P.C.F. J'entendis certains, comme Paul PRATALI, s'insurger d'entendre cette proposition : « C'est pas possible, une chose comme ça ! ». Et Marius AUTRAN n'y était guère favorable non plus. C'était l'époque où nombre de militants de base du P.C.F. - eu égard aux haines qui s'étaient accumulées envers les responsables S.F.I.O. varois après le Libération, et même auparavant dans les réseaux de la Résistance - préféraient voter à droite au second tour d'une élection pour mieux faire battre le candidat S.F.I.O. !

Le P.C.F. rencontra donc Édouard LE BELLEGOU, tête de liste du second tour, pour lui proposer un désistement en sa faveur afin de battre à coup sûr la droite (car, avec le nombre de petites listes éliminées au premier tour et dont le comportement au second tour était imprévisible, le risque existait que l'U.N.R.S. ne devançât la S.F.I.O.). Réponse sublime du socialiste Édouard LE BELLEGOU, les larmes aux yeux : « Mais messieurs, si vous votez pour moi, vous me faites battre ! ». Car, il comptait, pour être élu, bénéficier de quelques voix du centre, centre gauche ou centre droit. Voix qui se seraient écartées de son nom s'il s'avérait qu'il était soutenu par ailleurs par les communistes. Et le nombre de voix communistes gagnées n'aurait probablement pas compensé le nombre de voix du centre (et de son propre parti ?) de perdues !

Le P.C.F. décida alors finalement de maintenir sa liste au second tour. Lorsque cela fut annoncé, les délégués applaudirent et je me souviens que Marius AUTRAN s'exclama en même temps : « Très bien ! ». Le Parti n'avait évidemment aucune chance d'avoir un élu, mais, au moins, il ne se compromettait pas avec la S.F.I.O. !

Édouard LE BELLEGOU fut alors élu au second tour. Sans les voix communistes. Et Clément BALESTRA fut bien sûr élu également.

Or, les résultats officiels (tels que nous les avons recopiés dans un rappel du journal Le Monde du 24 Septembre 1968) mentionnent pas ce second tour ! Nous ne pensons pas que notre mémoire ait pu nous trahir à ce point. C'est donc que, très vraisemblablement, après recomptage et examen des bulletins, ont ait finalement pu valider 400 voix pour Édouard LE BELLEGOU (au lieu de 799) ce qui le fit officiellement figurer comme élu du premier tour.

JCA