4 mai 1811 - 28 juin 1811 : Le siège de Tarragone

 
Bélligérants
 
Empire français
Espagne
 
Commandants
 
  Général Suchet (Français)   Général Senen de Contreras
 
Forces en présence
 
  21 000 fantassins et artilleurs   8 000 soldats
  1 500 cavaliers   166 cavaliers
 
Pertes
 
  4 300 tués, blessés ou disparus   23 000 tués, blessés ou disparus dont de nombreux civils
      20 drapeaux
 
Contexte
 
Puissant port fortifié de la Méditerranée situé à l'est de l'Espagne, Tarragone constitua une importance base alliée.
En mai 1810, Napoléon confia au général Suchet la tâche de s'emparer de cette ville défendue par le général espagnol Senen de Contreras, lequel bénéficiait de l'appui d'une petite force anglaise.
 
Suchet se porta contre Tarragone sachant (Napoléon ne s'étant pas privé de lui dire) que de sa prise dépendrait son élévation à la dignité de maréchal d'Empire.
 
Déroulement de la bataille
 

Pour conquérir Tarragone, Suchet aligna 21.000 fantassins et artilleurs ainsi que 1.500 cavaliers.
Semen de Contreras n'aligna que 8.000 défenseurs, dont 166 cavaliers.
Une petite escadre anglaise, forte de de 2 vaisseaux de 74 canons et de 2 frégates mouillait au large de Tarragone mais, prise sous le feu des canons de siège français, elle ne tarda pas à appareiller.
 
Début mai, à peine parvenu sur place, Suchet ordonna un assaut général qui échoua en dépit de pertes considérables.
Il se trouva ainsi réduit à un long siège et à une tactique, coûteuse en vies,  de réduction progressive des différents ouvrages défensifs.
 
Ayant reçu des renforts le 20 juin 1811, Suchet repartit à l'assaut le 28 juin, moment où le moral des défenseurs espagnols était au plus bas.  Les chefs ibériques se divisèrent sur la marche à suivre.  Débarqué le 26 juin à la tête d'un petit détachement, le colonel anglais Skerret s'empressa de regagner les navires de la Royal Navy.
Les troupes françaises investirent la ville où elles massacrèrent 4 000 Espagnols (dont 450 femmes et enfants).
 
Le lendemain,  les forces de Suchet firent tomber les derniers bastions ennemis.
Voyant l'ennemi s'enfuir à toutes jambes, la cavalerie française entama la poursuite.  Les Espagnols se jettèrent à la mer, espérant se placer sous le protection des canons de la flotte britannique.  Les cavaliers de Suchet en sabrèrent plusieurs puis ramenèrent près de 10 000 prisonniers, dont le gouverneur de la ville, dom Catreras
.

A l'issue du siège, l'armée espagnole de Catalogne fut considérée comme anéantie.  Le dernier port espagnol de la côte orientale tomba aux mains de Napoléon.
Par ailleurs, les Français s'emparèrent d'une incroyable quantité de vivres, matériel et munitions.  Suchet y gagna  la dignité de maréchal.

 
Remond - Prise de Tarragone en Catalogne par le général en chef Suchet, le 28 juin 1811
 
Jean-Abraham Graindor, du 39° de ligne a laissé des "Mémoires" inédits jusqu'à présent mais qui viennent d'être publiés. Il participa au siège de Tarragone. L'épisode qui suit se situe précisément le 28 juin au moment de l'assaut. Mais laissons parler Graindor: "Nous étions vingt-deux compagnies de grenadiers et de voltigeurs pour monter les premiers. On nous donna une ration d'eau de vie en passant dans le faubourg et on nous conduisit dans le chemin couvert où tout était paisible. Chacun pensait à soi, on se disait voilà peut-être le dernier moment de ma vie, on savait qu'une nombreuse garnison défendait cette place, et de vieilles troupes, cependant on se résignait, on se disait il vaut beaucoup mieux en finir par un coup de main que de rester deux mois à un siège comme celui de Tarragone. Cependant le soldat français, exalté par les résistances opiniâtres et prolongées des assiégés, et par les insultes dont même des femmes ne cessaient de nous accabler, poussait la fureur au dernier degré. Le brave grenadier italien qui devait monter le premier était arrivé, ce brave s'était distingué à l'assaut du fort d'Olivo et le général en chef en l'atant fait appeler lui avait demandé quelle récompense il désirait, vu qu'il était déjà membre de la Légion d'honneur et chevalier de la Couronne de FEr, il répond: "Monseigneur, monter le premier à l'assaut de la ville", ce qui lui fut accordé. L'intrépide général Habert qui commandait l'assaut arrive, huit ou dix bombes tirées sur la brèche annoncent le signal, on court, on s'élance à la brèche, le brave italien est blessé à mort et on partage son sort, les premiers sont couchés par terre, on se pousse, on monte, la brèche est rapide, les tués et les blessés en obstruent encore le passage. Notre compagnie et nous sommes encore au bas de la brèche ; on ne peut tenir, deux bastions qui se croisent tirent sur nous à mitraille, en moins de deux minutes vingt voltigeurs de notre compagnie sont tués ou blessés, on se pousse, on monte pour fuir cette mauvaise position, arrivés en haut on se dirige sur tous les points, les canonniers des bastions sont tués près de leurs pièces. Une colonne de 3 000 militaires qui gardait la brèche est prise à dos, ils sont victimes des fortifications qu'ils ont faites dans les rues à côté desquelles ils ne peuvent passer qu'un à un. Beaucoup montent dans les maisons et par les croisées et font feu sur nous, il en est de même dans toutes les rues, un feu terrible sort de toutes les maisons. On entend encore parmi le démon des batailles les cris d'alarme des femmes et des enfants mais nous, alors qu'une grêle de balles dépeuple nos rangs, on monte dans les maisons qui deviennent le théâtre d'un spectacle effrayant. Là ce sont soldats français et espagnols passés au fil des baïonnettes, des vieillards, des femmes, des enfants qui se trouvent dans les maisons et qui subissent le même sort. Dans les rues, dans les maisons, tout est jonché de tués et blessés; cependant une partie de la garnison nous voyant maîtres de la ville s'était sauvée, les uns dans la citadelle, d'autres sur le port qui est à une distance de deux cent pas des murailles de la ville, d'autres sautaient du haut en bas des remparts, même des femmes et des enfants. La cathédrale dans laquelle étaient les blessés et malades espagnols était pleine de femmes, de jeunes filles, d'enfants, de vieillards qui s'étaient cachés dans le lit des blessés. Mais cet endroit fut respecté, on y mit aussitôt une garde, on vit même des jeunes filles se jeter aux pieds des Français qu'elles voyaient les moins farouches et les supplier de les conduire à la cathédrale ce que beaucoup firent, ces malheureuses prenaient encore le bon parti." Source: Jean-Abraham GRAINDOR "Mémoires de la Guerre d'Espagne, 1808-1814".Point d'Aencrage,