A la fin du mois d'octobre 1812, harcelé par les forces russes, Napoléon se rendit compte qu'il risquait d'être coupé de Smolensk.
Aussi, ordonna-t'il à ses troupes d'accélérer l'allure. Certaines formations ne pouvant suivre le rythme, la Grande Armée fut vite étirée le long d'une centaine de kilomètres.
La retraite fut rendue plus pénible encore par les conditions climatiques.
Soumis à de fortes chutes de neige, les Français, épuisés par les privations, durent abandonner une importante part de leur artillerie et de leurs voitures.
Le 9 novembre 1812, Napoléon atteignit Smolensk où il concentra environ 50.000 hommes.
Le 12 du même mois, il ordonna l'évacuation de la cité par échelons. Il fut décidé que les troupes de Ney seraient les dernières à abandonner la ville. |
Le 15 novembre, Napoléon demanda à Junot, placé à la tête de l'avant-garde, de s'arrêter à Krasnoï afin d'y attendre Eugène qui venait de quitter Smolensk.
Apprenant la présence de fortes troupes russes retranchées dans les villages entourant le sud de la ville de Krasnoï, Napoléon ordonna une offensive nocturne. Mis à mal, le général Miloradovitch céda du terrain.
Pour sa part, Koutouzov, bien que parvenu dans le secteur, jugea utile de battre en retraite sur plusieurs kilomètres et évita tout contact avec Napoléon.
Le 16 novembre, les troupes d'Eugène furent arrêtées dans leur progression, à l'est de Krasnoï, par les troupes de Miloradovitch.
A
ttendant la nuit, Eugène parvint à tourner les positions tsaristes et à atteindre Krasnoï. Au cours de ce mouvement, Eugène reçut l'appui efficace d'un détachement de la Jeune Garde.
A l'aube du 17 novembre, Davout et Ney, partis de Smolensk la veille, se heurtèrent à leur tour aux positions de Miloradovitch.
Napoléon décida de porter assistance à ses lieutenants en attaquant vers l'Est, engageant pour l'occasion la Garde.
Miloradovitch ne put empêcher le passage de Davout mais s'apprêta à anéantir l'arrière-garde française dirigée par Ney.
Toutefois, pris entre deux feux, Napoléon marchant vers l'Est et Davout progressant vers l'Ouest, le Russe ne put tenir ses positions.
Davout résista, en dépit de fortes pertes, aux assauts lancés contre lui afin de permettre à l'arrière-garde de Ney de lui tendre la main.
Mais, n'ayant quitté Smolensk que le 17 au matin, alors que l'Empereur lui avait ordonné de le faire le 16, Ney progressa difficilement.
Menacé de toutes parts, Davout finit par ordonner le repli sans avoir pu effectuer la liaison avec Ney.
Ce dernier, ayant à affronter des forces considérables, dut sacrifier l'un des ses régiments pour se dégager.
En repoussant les unités russes qui tentèrent de le piéger dans le secteur de Krasnoï, Napoléon parvint à dégager la route de la Grande Armée vers l'Ouest.
Etirée mais encore relativement bien organisée, l'armée française poursuivit sa retraite vers la Pologne.
Néanmoins, l'arrière-garde du maréchal Ney, qui n'avait pu rallier le gros des forces, resta dangereusement isolée et exposée.
Le total des pertes françaises à Krasnoi fut estimé entre 6 000 et 13 000 morts et blessés et 20 000 à 26 000 disparus ou prisonniers. Les Français perdirent également près de 200 pièces d'artillerie et une très grande partie de leur train. Les pertes Russes furent estimées à moins de 5 000 mort ou blessés.
Il ne resta ainsi plus à Napoléon que 30 000 hommes et 25 canons. La cavalerie française fut totalement anéantie.
Même si Napoléon échappa à l'anéantissement, Krasnoi fut une victoire russe, peut être incomplète mais incontestable.
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