Les débuts de la Résistance
La Résistance intérieure s'organise dès l'été 1940 dans le secteur de Saint Maximin à partir de noyaux divers : militaires qui veulent continuer la lutte, militants politiques et syndicaux révulsés par Vichy et la collaboration, anglophiles...etc.
La plupart se reconnaissent dans la France Libre et son chef, le général de Gaulle.
Des premières organisations, d'abord urbaines, naissent à Marseille, Nice et Toulon. Elles se structures peu à peu en mouvements (Combat et Libération sont les plus importants), réseaux (liés aux services secrets britanniques ou à la France Libre), et partis clandestins (Parti Communiste, Comité d'Action Socialiste), qui rayonnent à partir de 1941 dans l'arrière pays.
En 1942, sous l'égide de Jean Moulin, délégué du général de Gaulle, les trois grands mouvements de Résistance (Combat, Libération, Franc-Tireur) se rapprochent pour former une Armée Secrète (A.S.) commune reconnaissant le Général comme chef, puis fusionnent en Mouvements Unis de la Résistance (M.U.R.) fin 1942, début 1943.
Dans le nord-ouest du département, un embryon de résistance que l'on pourrait qualifier de "réseau des instituteurs" se développe dès le début de l'année 1942, autour de Jean Ferrari exerçant à Brignoles, Henri Bertolucci en poste à La Roquebrussane et Joseph Ducret enseignant à Méounes. Marius Brunet camionneur de Méounes et François Clavel boulanger à La Roquebrussane font également partie de ce groupe en contact avec les mouvements Combats et Libération. Courant 1942, le commandant Hamel demande à Joseph Ducret de structurer ce réseau informel, qui étend ses ramifications jusque dans le Haut Var, pour le compte de l'A.S.

Dans cette première organisation, le responsable du secteur dont Saint Maximin fait partie, est l'instituteur de Brue Auriac, Jean Chabaud. Tout de suite il nomme des responsables dans chacune des communes de son secteur. On retrouve parmi ces derniers :
- à Saint Maximin : Paul Andraud,
- à Barjols : Eugène Garcin,
- à Régusse : François Abiven et Pierre Piccolet,
- à Montmeyan : Kohler

Parallèlement à la mise en place de cette organisation, des Saint Maximinois ont déjà entrepris une action clandestine, mais le plus souvent de manière isolée.
Ainsi Paul Bertin, responsable de la cellule du Parti Communiste, accueille depuis 1941, des militants exilés de la zone nord pourchassés par la police, et les aide à trouver un asile. C'est sur ces premières filières que vont se construire de véritables réseaux.
Fin 1942, Paul Bertin entre en relation avec des représentants locaux de l'A.S. notamment Gaston Péri directeur de la cave coopérative, Paul Andraud contrôleur des Indirectes, et les frères Henri et Jean Boulert forestiers.
Félix Gay, Alberi Cabasson, Antoine Fecci, Marcel Verlaque, Henri Roux, Jean Capellades ainsi que le père Robert de Bienassis font également partie de ce premier groupe au cours de l'hiver 1942/43.
En fin d'année 1942, un Saint Cyrien (il s'agit probablement du capitaine Lecuyer, responsable du réseau britannique "Carte" dont une antenne se trouve à Aix en Provence) est chargé de rechercher des terrains propices pour recevoir des parachutages. Dans le cadre de cette mission, il se rend à Brue Auriac où il rencontre Jean Chabaud et le Maire de la commune Paul Guigou. Ensemble, ils choisissent un vaste terrain tapissé de thym au lieu-dit La Rimade.
Début 1943, le commandant Berthe est chargé par Londres, de rencontrer les responsables locaux de l'A.S. pour recenser les terrains déjà localisés et les équipes chargées d'assurer la réception des parachutages. Ainsi, à partir d'août 1943, le groupe de Brue Auriac se retrouve placé sous le contrôle de la Section d'Atterrissage et de Parachutage (S.A.P.). Rattachée à la région R2, elle dépend directement d'un organisme placé sous la tutelle des Forces Françaises Libres qui supervise toutes les actions en direction de la France : le Burau Central de Renseignement et d'Action (B.C.R.A.).
C'est sur le terrain de la Rimade qu'est réceptionné le premier parachutage varois d'armes et de munitions le 15 septembre 1943.
Mais au cours de l'automne 1943 de nombreuses arrestations désorganisent l'A.S. et amènent les responsables du secteur à se rapprocher de l'Organisation de la Résistance de l'Armée (O.R.A.) liée au général Giraud et à l'Armée d'Afrique, qui vient de se créer autour d'officier démobilisés.
Dans ce cadre Joseph Ducret prend contact avec le lieutenant-colonel Lelaquet, chef départemental de l'O.R.A. Ce dernier, décidé à réorganiser le secteur, charge le lieutenant-colonel Joseph Gouzy du Nord-Ouest. Ce sera la deuxième phase de la Résistance.