Le 163e RI reçoit le baptème du feu en Alsace
Tagolsheim
(du 19 août 1914 au 21 août 1914)
 

Y était :

  • Fernand PELLAS de Saint-Julien-le-Montagnier (163ème RI), tué le le 19 août 1914 à Tagolsheim (Haut-Rhin).
 

Le 19 Août, avant la pointe du jour, le Régiment est alerté. Le Colonel a reçu l'ordre suivant: «La 44e Division marchera sur Mulhouse en deux colonnes; le 163e Régiment d'Infanterie formera le gros de la colonne de gauche».

On part à 3 heures du matin par une pluie fine et continue.

Rien d'anormal pendant les premières heures.

A 6 heures, le Colonel reçoit de nouveaux ordres : « Le 103e Régiment d'Infanterie se rassemblera à Tagolsheim, en se couvrant sur les crêtes à l'Est de Luemschwiller et se reliera aux avant-postes du 97e Régiment d'Infanterie qui doivent tenir le Bois d'Altenberg» (Tagolsheim est à 30 Km. environ du point de départ du Régiment).Des ordres de détail pour l'exécution sont donnés et nous marchons vers Tagolsheim.

Nous avons l'impression qu'il va se passer quelque chose: quoi? nous n'en savons trop rien!

A huit heures 55 le premier coup de canon boche (un 77 fusant) vient éclater au-dessus de nous. Nous sommes baptisés, mais sans trop de mal. Quelques autres coups suivent, dans notre direction, avec le même résultat.

Vers 10 heures nous sommes aux abords d'Heidwiller et à 3 Kilomètres en avant de Tagolsheim. A ce moment une fusillade nourrie venant des environs de Luemschwiller nous surprend. Les balles sifflent tout près. Cela nous laisse une impression bizarre où se manifeste un manque d'habitude. Nous nous faisions cependant une idée plus terrible de la chose.

Deux compagnies (ge et 10e) sont aiguillées sur Tagolsheim; leur pointe, quelques instants après, signale l'occupation du village par l'ennemi. Les deux Compagnies prennent position derrière le remblai du chemin de fer. Un nouvel ordre arrive : «Le 163e doit attaquer avec 3 bataillons le front Luemschwiller et la crête au sud jusqu'au bois exclus d'Altenberg».

Direction générale: Rantzwiller. Un bataillon restera en réserve au nord-ouest du bois situé à l'ouest de Tagolsheim.» Les détails d'exécution sont transmis aux officiers.

Le 3e Bataillon doit combiner son action avec le 97e pour tenter l'enveloppement de Tagolsheim.

Le 2e Bataillon doit, déboitant de Heidwiller vers Valheim en s'abritant des bois au N. O. de ce village, combiner son action avec le 157e pour ouvrir les débouchés de Valheim en vue de l'attaque ultérieure de Luemschwiller par l'ensemble du Régiment.

L'exécution commence On avance On aperçoit des uniformes gris on tire ; l'arme est solide; il s'agit de viser juste et d'abattre des <,boches». La riposte nous émeut bien un peu sur le coup, mais elle nous rend plus terribles.

On charge à la baïonnette ; le clairon sonne!

C'est notre première charge. On la fait .crânement comme «en manœuvres». On se demande ce qu'on va trouver làbas derrière les fourrés , on fait un retour en arrière par la pensée vers le foyer ! (dame ! c'est la première fois on ne sait pas ! ..) Mais cela ne dure que l'ombre d'un éclair. Le devoir est là, les camarades aussi, et le chef est en tête. En avant! et c'est avec des cris de joie que l'on s'élance à l'assaut. Cependant le 97e, à gauche du Régiment, se heurte à des forces de beaucoup supérieures. Il ne peut avancer.

Cela oblige les Compagnies du 3e Bataillon chargées de l'attaque de Tagolsheim à piétiner momentanément sur place pour ne pas être contournées. Elles subissent des pertes sérieuses.

Pendant ce temps le 2e Bataillon enregistre un plein succès qui va se généraliser tout à l'heure.

Liant son action à celle du 157e il parvient à prendre en flanc les forces adverses qui occupaient le bois Kadereck et à faire reculer l'ennemi de Tagolsheim sur Luemschwiller et de Luemschwiller vers l'est (mouvement terminé à 17 heures). Un lieutenant de la 6e Compagnie, dans une charge à la baïonnette avec sa section fait 38 prisonniers dont un major (commandant), un capitaine et un lieutenant.

Peu après les 1er et 3e Bataillons qui viennent de déboucher de Tagolsheim, poursuivent l'ennemi et occupent le bois d'Altenberg (côte 407).

Grâce à la réussite de l'opération du 2e Bataillon le succès est complet. L'ennemi est en fuite et a subi des pertes extrêmement élevées en tués et blessés. D'autre part on lui a fait 38 prisonniers.

Les poilus du 163e ont bien mérité de la Patrie pour leur coup d'essai.

Nos pertes dans le combat de Tagolsheim sont de :
- 3 officiers tués,
- 5 officiers blessés,
- 42 hommes tués dont Fernand PELLAS de Saint-Julien-le-Montagnier,
- 209 hommes blessés.

La journée du lendemain est consacrée à l'organisation des positions et à des travaux défensifs.

Le 21 août, le Régiment est relevé et quitte la Division d'Alsace. Il cantonne à Traubach-le-Haut, Traubach-le-Bas et Vauthiermont. Le lendemain il fait étape sur Belfort où il embarque le 23 août pour débarquer le 24 août à Saint-Dié (Vosges).