Le siège de Saint-Maximin en août 159O
 
Le comte de Martinengue, venu au secours des ligueurs, passe le Var le 29 juillet 1590 à la tête de 400 lances et de 800 hommes d'infanterie (selon Fabrègues, 300 chevaux et 1 000 fantassins) où Ampus le rejoint.

Les deux corps d'armée s'emparent de Signes qui ne résiste pas, puis se dirigent vers Brignoles. Après avoir examiné la place comme s'ils avaient voulu en faire le siège, les ligueurs continuent leur route vers Aix.

Le 3 août ils établissent leur campement à proximité de la cité de Saint-Maximin afin de se reposer pour la nuit. Rien n'indique qu'ils aient l'intention de prendre la cité, mais de son côté Chambaud, qui commande Saint-Maximin, est convaincu qu'il va devoir soutenir un siège. Avec une témérité inexcusable, il décide d'attaquer le premier l'ennemi.

Ainsi le 4 août, au lever du soleil, il effectue une sortie à la tête des meilleures troupes de la garnison et engage le combat. Après trois heures d'affrontement les royalistes sont repoussés sous les remparts par la cavalerie savoyarde. Ils comptent un grand nombre de morts et de blessés.

Le lendemain, dimanche 5 août, les ligueurs persuadés d'avoir pris un avantage déterminant, décident de s'emparer de la ville. Ils arrivent un peu après le coucher du soleil et établissent cinq canons sur un coteau couronné de moulins à vent (probablement à la Montagnette).

Le 6 août, ils ouvrent le feu et tirent sans relâche jusqu'à trois heures de l'après-midi. Ils parviennent à ouvrir une brèche entre la porte de Barboulin et la grande tour. La chute du mur d'enceinte les amène à penser que les retranchements formés derrière sont assez forts pour leur faire perdre beaucoup d'hommes.

Ils entreprennent alors d'ouvrir une tranchée qui part du pied de la batterie et qui doit aboutir à une contrescarpe correspondant à la brèche. Cela nécessite trois jours de travail, pendant lesquels les assiégés réparent la brèche, font de nouveaux retranchements, et réorganisent complètement la défense.

Les ligueurs une fois arrivés à 50 pas environ de la pointe de la contrescarpe, descendent deux canons, les mettent en batterie derrière la muraille d'un enclos situé sous les murs de la ville, et recommencent le feu.

Ils parviennent à ouvrir une deuxième brèche, à côté de la première de 200 pas de long. Ils tirent ce jour là 560 coups de canon avec 5 pièces seulement.

Chambaud et Valavoire, prévoyant un assaut, font jeter dans le fossé un grand nombre de planches garnies de clous, et creuser des chausses-trappes garnies de paille. Ils préviennent les habitants qu'ils doivent s'armer et auront à combattre sur la brèche, dès que le signal leur en sera donné par la cloche de l'église.

La garde du fossé et de la contrescarpe est confiée à Du Virailh.

Chambaud et Valavoine se placent chacun à un coin de la brèche avec ce dont ils peuvent disposer de soldats et d'habitants de bonne volonté.

Les ligueurs paraissent s'ébranler pour monter à l'assaut. On entend un grand bruit de tambours et de trompettes, mais en fait, ils ne veulent faire ou ne peuvent faire qu'un simulacre d'attaque.

Selon Du Virailh : "Seulement deux casaques rouges sortirent de leur tranchée, vinrent jusqu'à la pointe de la contrescarpe, et après avoir regardé l'un après l'autre dans le fossé s'en retournèrent".

Après quelques autres tentatives infructueuses, la nuit tombe, et les assiégés en profitent pour réparer la brèche.
les ligueurs entreprennent alors de creuser une deuxième tranchée qui doit contourner la contrescarpe, pour aboutir directement au fossé. Mais les travaux ne peuvent se faire qu'avec lenteur, et pendant la luit, en raison du feu incessant des assiégés.

Sur ces entrefaites A. Puget de Saint Marc, sachant que les royalistes manqueront bientôt de poudre, sollicite de La Valette l'autorisation de tenter de faire entrer des munitions dans la place. Parti de Pertuis, il passe par Mirabeau, avec trois compagnies et arrive à Trets au point du jour.

Le lendemain il donne l'ordre au capitaine La Violette, commandant 120 arquebusiers portant chacun 5 livres de poudre dans un sac derrière le dos, de traverser les lignes ennemies et de se jeter dans Saint-Maximin.
Avant le jour, cette troupe se trouve sur les avant-postes des ligueurs.

Un homme natif du Comtat, nommé Perrin, qui parle couramment l'Italien marche en tête et sert de guide. Les royalistes rencontrent une sentinelle à cheval qui voyant venir à elle dans la pénombre une masse mouvante se met en état de défense. Mais Perrin s'approche et lui raconte brièvement une histoire de maraude nocturne accomplie par de gais compagnons savoyards. Le soldat croit avoir affaire à des compatriotes et s'apprête à les laisser passer, quand Perrin lui assène sur la tête un coup de pertuisane qui le blesse profondément. Mais le malheureux, en tombant, pousse des cris affreux, qui alarment les sentinelles voisines.

Les royalistes, sans perdre de temps, donnent sur le camp des ligueurs qui sont réveillés en sursaut. La tête de la petite colonne le traverse heureusement mais une centaine d'hommes sont arrêtés dans leur marche et massacrés.
Cette affaire comble les assiégeants de joie. Ils poursuivent leurs travaux de tranchée avec une ardeur nouvelle, et établissent une batterie en avant de la contrescarpe qui, battant de près les remparts, ne tarde pas à ouvrir une large brèche.

Les assiégés se défendent avec courage et résolution. Un soir Chambaud fait monter avec lui, sur la plate-forme du clocher de l'église, les capitaines les plus expérimentés de la garnison, leur fait voir les travaux de l'ennemis, et leur demande leur avis sur les moyens de les déloger de la tranchée.

Quelques uns proposent de tenter une sortie à midi, heure où les soldats accablés par la chaleur, font la sieste. Mais la majorité est d'avis d'élever davantage une portion du rempart vis-à-vis la tranchée, d'y transporter des canons, et par un feu plongeant de forcer les assiégeants à évacuer leurs positions. Cette dernière proposition est adoptée et mise en œuvre.

Mais, les matériaux n'allaient pas tarder à manquer, et les travailleurs étaient très exposés aux coups des ligueurs. On s'apprêtait donc à abandonner cette fortification lorsqu'un violent orage accompagné d'éclairs et de tonnerres, provenant de la montagne Sainte Baume, s'abat sur la ville.

Les assiégeants abandonnent leurs positions et se retirent dans leurs campements.

Du Virailh qui est de service à la brèche constate ce mouvement de retraite. Il s'avance avec un petit nombre d'hommes pour examiner les travaux. Il s'engage dans un boyau et rencontre un corps de garde abandonné sur la porte duquel un soldat avait cherché abri. Ce dernier prend la fuite en criant "Aux armes !"

Du Virailh, l'épée à la main, s'engage plus avant et donne jusqu'au camp des ligueurs qu'il attaque avec impétuosité.

Valavoire, en entendant le bruit des arquebusades, redoute les conséquences de la témérité de son neveu. Il se hâte pour venir à son secours avec toutes les troupes dont il dispose. Il le trouve aux prises avec l'ennemi, acculé dans un boyau, où il se défend comme un lion. Il parvient à le dégager, non sans pertes, et rétablit pendant un court moment l'avantage en faveur des royalistes.

Mais les ligueurs se présentent en nombre de plus en plus important, contraignant les assiégés à se replier sur la ville.

Chambaud, sur ces entrefaites, arrive à son tour sur le lieu du combat avec toute la garnison de Saint-Maximin, à laquelle il avait fait quitter les arquebuses qui, par temps de pluie, ne peuvent rendre que de faibles services, et qu'il avait armé de piques.

Cette violente attaque jette la confusion dans le camp des assiégeants. Les royalistes ne retournent dans la place qu'après avoir brisé les affûts des canons, et bouleversé une partie de la tranchée.

Le siège durait depuis plus de 15 jours déjà et les ligueurs qui avaient tiré 1 1OO coups de canon, n'avaient encore pu parvenir à donner un assaut.

Le 22 août ils retirent leurs canons, et vers minuit, par un ciel sombre et orageux, malgré les fortes rafales du Mistral qui soufflait depuis la veille, ils délogent dans l'ordre et avec si peu de bruit, que les assiégés ne constatent leur départ qu'au lever du soleil.
 
Sources : Histoire des guerres de religion en Provence par le docteur Gustave Lambert (1870)