La bataille de Vinon (d'après les travaux publiés par l'association Histoire et Archéologie de Vinon) |
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Le contexte : | |
En 1587 le Parlement de Provence s’est scindé en deux fractions : La Provence déchirée par la guerre civile semble une proie facile et suscite bien des désirs de conquête chez les puissances voisines : Espagne, Papauté, Savoie. En juillet 1591, le Duc de Savoie de retour d’Espagne avec argent, une armée et des galères, reprend les opérations et assiège Berre et son riche trésor naturel, les salines. |
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La bataille : | |
L'enjeu : | |
Tout ceux qui en parlent reconnaissent à la fois le peu de valeur de Vinon comme agglomération et place forte, et à la fois son importance stratégique dans les liaisons d’Aix avec la Haute-Provence. Vinon est la dernière place avant les plateaux et la montagne. De plus Vinon est au bord du Verdon que l’on traverse depuis toujours par un bac et parfois à gué mais difficilement. Autant dire que La Valette contrôlant la rive droite de la Durance presque jusqu’au Rhône ainsi que la région de Saint-Maximin, s’il tient aussi Vinon, Aix sera coupé de tout un arrière-pays nourricier. Cet intérêt,ajouté à la provocation voulue par La Valette et bien ressentie comme telle par le Duc, fit que ce village devint un enjeu essentiel pour les deux adversaires. |
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Les préliminaires : | |
Mesples part donc, début novembre, pour Vinon avec 450 hommes, ses meilleurs fantassins. Les remparts du village avaient été démantelés au printemps précédent et il faudra en fait plusieurs semaines pour les reconstruire. Les travaux s’accélérant lorsqu’il fut annoncé que le Duc de Savoie se mettait en route lui-même avec son armée. Du côté savoyard, les troupes se regroupent en novembre à Rians pour compléter leur équipement et attendre les canons. Dès la fin novembre des patrouilles installent quelques postes autour de Vinon, isolant Mesples. Ensuite des détachements plus importants voyant qu’ils n’ont affaire qu’à des arquebusiers sans artillerie ni cavalerie commencent à construire des positions pour bloquer le village et établir le camp où va s’installer le Duc et son corps d’armée. Sitôt les canons arrivés et le village complètement encerclé, l’assaut va pouvoir commencer. Nous sommes alors le 12 ou 13 décembre 1591 et voilà donc comment se présentait la situation sur le rive gauche du Verdon. Sur la rive droite, les arquebusiers royalistes étaient cantonnés à Rousset et la cavalerie regagnait Sainte-Tullle chaque soir en traversant la Durance. La Valette lui se tenait avec le reste de ses troupes à Manosque où il attendait une réponse de Lesdiguières quant à sa demande de renforts. En vain, car seule une cinquantaine de cavaliers arrivera des Alpes en renfort. |
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La stratégie : | |
La Valette ne doit compter que sur ses propres forces qui sont numériquemment inférieures à celles du Duc de Savoie. Puisque l'infanterie du Duc est restée sur la rive gauche, à l'exception d'un petit contingent qui contrôle le hameau, il penche pour une action lui permettant de se rapprocher du Verdon, au niveau de la falaise, d'où il fera s'échapper Mesples et ses hommes car il n'a pas un effectif suffisant pour déloger le Duc de Vinon. Le Duc de Savoie, lui, se contente d'observer son adversaire sur l'autre rive et de donner assaut aux défenseurs du village. |
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Les combats : | |
Tout va aller très vite ! Le 14 et le 15 au matin, après avoir fait une brêche dans les défenses grâce à leurs deux "couleuvrines", les savoyards ont donné plusieurs assauts. Les défenseurs les repoussent. Dans la matinée du 15, la cavalerie du Duc entreprend avec précaution de traverser le Verdon et une fois sur la rive droite, les cavaliers ne se déploient pas immédiatement dans la plaine. L'infanterie savoyarde ne bouge pas et reste sur la rive gauche. Peut-être le Duc de Savoie a-t-il pensé défaire son adversaire par une belle charge de cavalerie sans avoir recours à l'infanterie ? Le 15 au matin, La Valette fait avancer son armée en ordre de bataille : la cavalerie "à petits pas" à travers la plaine de Pélonière est en retrait et l'infanterie, massée sur son flanc gauche sous la colline de Bouyte, à l'arrêt. Tandis qu'un contingent d'arquebusiers à pied, épaulé par un escadron de cent cinquante cavaliers armés de pistolets aux ordres de Buoux, se porte en avant pour faire face aux trois escadrons de cavalerie du Duc qui sont en cours de formation au lieu dit "le pas de Menc" tout près du Verdon. Il y a là, un escadron de "ligueurs" provençaux commandé par Carcès, un escadron de cavaliers cuirassés armés de lances commandé par l'espagnol Vinciguerra et le dernier escadron commandé par le Duc lui-même. Le temps passe et les savoyards forment leurs rangs mais n'avancent pas. Le soleil commence à descendre sur l'horizon lorsque l'affrontement va avoir lieu. Il devra être assez bref pour qu'une décision intervienne avant la nuit. |
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Le choc : | |
Buoux attaque de front les cavaliers de Vinciguerra au pistolet et au même moment les arquebusiers tirent une salve à dix pas sur leurs adversaires. Carcès attaque Buoux sur son flanc gauche créant une confusion dans les rangs royalistes, mais qui ne dure pas, car Carcès est à son tour attaqué par les autres corps de cavaliers royalistes et il doit rompre l'engagement. La confusion est totale : les cavaliers royalistes ont chargé, les cavaliers savoyards ont subi l'assaut et sont dos au Verdon sans aucune possibilité de manoeuvre. Certains combattants tentent de repasser la rivière en désordre. Le gué aménagé est saccagé par le nombre et des cavaliers, lourdement harnachés, sont emportés par les flots. Le Duc de Savoie n'arrive plus à reformer ses contingents et doit lui-aussi repasser hâtivement le Verdon en oubliant même sur la rive droite son casque de parade. La nuit tombe. C'est terminé. Le lendemain le Duc de Savoie se replie sur Saint-Paul où il se met à l'abri des murailles du château considérant qu'il n'est plus en mesure d'affronter à nouveau son adversaire. |
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Bilan : | |
Parmi les hommes de La Valette seulement six cavaliers avaient été tués lors de la charge et douze arquebusiers tués par les cavaliers de Carcès. Il y avait peu de blessés. On retrouva plus de 160 morts des savoyards et leurs alliès en comptant les noyés. Les deux couleuvrines furent récupérées intactes par les royalistes. |
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