Quelques personnages qui ont laissé leur empreinte à Barjols

 
  Marius FABRE (1909-1999)

Né à Barjols en 1919, il a réalisé son premier galoubet guidé par son seul instinct et sa connaissance du bois.
Sa carrière aura été la plus longue de la lutherie provençale.
Son modèle de galoubet en si, ton de Saint Barnabé, fait toujours référence.
Les instruments de Marius Fabre déjà très répandus avant la guerre, ont été pratiquement les seuls sur le marché depuis 1940 jusqu'à nos jours.
Marius Fabre avait refusé de fabriquer des galoubets dans d'autres tonalités, et ne livrait que des instruments en un seul corps. Dans quelques circonstances exceptionnelles, par exemple pour solo avec orgue, ou pour jouer avec orchestre comme dans la messe de la Nativité d'Henri Tomasi, il avait fabriqué quelques galoubets en ut.
Mais c'est sur instances de Maurice Maréchal, puis pour les Musiciens de Provence, qu'il se mit, dans les années 70 à fabriquer des galoubets en ré et en ut.

Marius Fabre a donné à ses galoubets une forme de bec qui lui est personnelle (deux cônes inversés), qui constitue en quelque sorte une seconde signature.
Marius Fabre a aussi procédé à la reconstitution d'instruments disparus pour les Musiciens de Provence notamment.
Marius Fabre menuisier, luthier, photographe, mais aussi et surtout passionné de musique et traditions provençales a laissé un souvenir impérissable au coeur des Barjolais.

 
  Ferdinand MARTIN dit "Bidouré" (1825 - 1851)
Louis Ferdinand MARTIN est né à Barjols le 24 août 1825. Son père François Martin est un scieur de long, originaire d’Apinac (Loire), et installé à Barjols. Sa mère, Magdelaine Agnelly, est née à Barjols dans une famille de cultivateurs. En 1851 Ferdinand Martin, dit "Bidauré" ou "Bidouré" est "cordier de chanvre" à Barjols.
Il part avec le puissant contingent des insurgés de Barjols.
Le 9 décembre, alors que le gros des insurgés est dans Aups sous le commandement de Duteil, Martin fait partie du détachement qui, sous le commandement d’Arambide, prend position sur les hauteurs de Tourtour afin de contrôler la route de Draguignan.
Le 10 au matin, les chefs républicains sont dans l’indécision.
Montant un cheval prêté par le maréchal ferrant de Tourtour, Jean Joseph Blanc (qui sera condamné à la déportation en Algérie), Martin est envoyé à Aups porter un message à Duteil : Arambide demande des ordres. Martin repart vers Tourtour avec un billet de Duteil demandant à Arambide de rejoindre Aups.

Pendant ce temps, la colonne militaire, commandée par le colonel Trauers et le préfet Pastoureau, surprend à Tourtour le contingent insurgé, qui se débande. Poursuivant sa route vers Aups, la troupe rencontre Martin qui galopait vers Tourtour. Blessé d’un coup de pistolet à la tête, et de plusieurs coups de sabre, Martin est laissé pour mort sur le bord de la route.
Peu après, la troupe surprenait les insurgés à Aups et les mettait en déroute. Dans l’abondance d’informations, vraies ou fausses, sur l’insurrection, que publie la presse aux ordres du pouvoir, l’interception de Martin tient une bien mince place. Tout au plus mentionnera-t-on qu’une estafette chargée d’un ordre pour les insurgés avait été fusillée sur la route d’Aups à Tourtour.
Ce sont les républicains exilés à Nice qui feront connaître le drame dans sa totalité. Certains d’entre eux publient une feuille répandue clandestinement dans le Var, L’Echo du Peuple. Sur la foi de renseignements provenant d’Aups, dont ceux donnés par Martin lui-même avant son exécution, le journal (8 juin 1852) donne sa version de la mort de Martin.
Intercepté par les gendarmes à cheval, Martin est conduit devant le préfet Pastoureau qui l’interroge sur les raisons de sa course. Le préfet saisit un pistolet que portait Martin et le lui décharge sur le côté de la tête. Martin est ensuite sabré par les gendarmes et par un gentilhomme du Luc qui accompagnait la troupe. On avait trouvé sur Martin le message de Duteil à Arambide : réalisant que les insurgés sont à Aups, et non à Salernes comme on le croyait, les militaires pressent l’allure. Laissé pour mort, Martin est abandonné au bord de la route.
Plusieurs heures après, Martin reprend connaissance, il se traîne jusqu’au proche domaine de la Baume : le fermier le recueille, mais, apprenant la défaite des insurgés à Aups, il le dénonce le soir même auprès du maire d’Aups, qui fait transporter le blessé à l’hôpital d’Aups. Martin y est soigné par les sœurs, sous la surveillance des gendarmes. Le lendemain 14 décembre, après avoir pu parler à plusieurs personnes de sa connaissance, il est fusillé par les militaires. Les soldats doivent s’y prendre à deux fois pour l’achever.

Texte de René Merle