Fouille préventive du Clos de Roque
Néolithique Récent, Néolithique Final, Bronze ancien et Bronze final
Responsable scientifique : Maxime Remicourt

 

Une série d’occupations de plein-air dans le bassin de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (3500-850 avant J.-C.)
 
Le chantier archéologique du Clos de Roque a débuté le 02 mai 2011 et s'est terminé le 13 juillet 2011. La fouille a été prescrite par le Service Régional de l’Archéologie de Provence-Alpes-Côte-D’azur, à la suite du diagnostic de Mme F. Laurier du service archéologique du Conseil Général du Var, sur le tracé de la future déviation RD560/RD28 qui contournera par le nord la ville de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. La zone traitée est limitrophe à l’emprise fouillée lors de l’opération archéologique du « Chemin de Barjols » réalisée en 2008 par l’équipe d’Oxford Archéologie.
 
Résultats
 
Sur le terrain
 
Lors du décapage, nous avons constaté qu’aucun paléosol n'a été conservé et de ce fait, seules les structures excavées les plus profondes nous sont parvenues.
En tout, ce sont 408 structures qui ont été mises au jour et documentées. A la fin de l’opération de terrain, on peut estimer qu’un tiers d’entre elles correspondent à des structures modernes (fosses de plantation, fossés parcellaires, pierriers) ou à des perturbations liées aux animaux fouisseurs (terriers). Le reste correspond aux vestiges des occupations pré et protohistoriques.
Il s’agit le plus souvent de fosses circulaires qui ont été creusées, puis qui ont été comblées à la suite de leur abandon, soit naturellement, soit par une action anthropique.
L’essentiel de ces structures se rapporte à des unités de stockage. Certaines, de type fosse en ampoule, correspondent à des silos. D’autres, relativement imposantes (3,5 m de diamètre), avec des fonds en cuvette, pourraient être interprétés comme des caves-silos. Elles sont dotées de surcreusements latéraux ovoïdes destinés à recevoir des vases de stockage, et leur partie centrale forme un dôme.
Deux puits étaient également présents dans cet ensemble. Il s’agit de la même structure avec un nouveau creusement qui recoupe l’excavation précédente déjà en partie comblée (5,4 et 5,6 m de profondeur par rapport au niveau du décapage).
Des fosses de plus petites dimensions (entre 0,2 et 0,6 m de diamètre) et peu profondes pourraient correspondre à des trous de poteau. Toutefois les calages en pierres sont rarement présents. Pour l'instant, deux plans de bâtiment rectangulaire peuvent être proposés, mais le travail de post-fouille pourra peut-être permettre de mieux discriminer et organiser d’autres alignements observés lors de l’opération de terrain.
La fouille a également permis de découvrir les restes de cinq individus, en plus de celui mis au jour lors du diagnostic. Ces inhumations sont le fruit de différentes modalités qui pourraient être d’ordre chronologique (les comblements n’ayant pas livré de matériel, les datations restent encore toute relative). On distingue des sépultures primaires dans des fosses qui semblent avoir été creusées spécialement pour accueillir le défunt (2 cas), mais qui peuvent également réutiliser des excavations déjà en partie comblées avec une série de réaménagements (2 cas). Le dernier type de pratique recensé correspond à des « sépultures secondaires » en fosse. Les restes osseux ont été rejetés dans des structures en partie comblées ; l’un des individus est complet mais dispersé, sans trace d’organisation ou de rangement des ossements, le second n’est représenté que par quelques éléments épars dans le remplissage (mandibule, côtes, humérus, clavicule).
Les deux occupations majeures qui ont été perçues sur le gisement correspondent au Néolithique récent (3500-3300 av. J.-C.) et au Bronze ancien (2100-1900 av. J.-C.). L’occupation du Néolithique final (3200-2900 av. J.-C.) est plus diffuse et celle attribuable au Bronze final (950-850 av. J.-C.) est bien localisée et correspond à une vingtaine de structures.
On peut rattacher au Néolithique récent les puits et les caves-silos, ainsi que de nombreuses fosses-silos et des trous de poteaux. L’occupation du Bronze ancien est surtout caractérisée par des fosses à fond en cuvette qui ont servis de dépotoirs et par quelques vases de stockage à fond plat posés au fond de petites fosses. Les fosses du Bronze final ont également servis de dépotoirs dans de nombreux cas et ce sont les seules à avoir livrées du mobilier métallique (alène en bronze, scorie, …).
 
Le mobilier archéologique
 
Les artéfacts et autres vestiges mobiliers mis au jour sont variés :
- du bois, des charbons, des branchages, des graines, des noyaux et des feuilles d’arbre ont été découverts dans le fond des puits qui se trouvaient à 3 m sous le niveau de la nappe phréatique actuelle. Ces éléments (anthracologie, carpologie), couplés à d’autres données (palynologie, malacologie, micromorphologie), permettront de préciser le contexte paléo-environnemental dans le bassin de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume durant une phase du Néolithique récent. Des prélèvements pour ces différentes études ont été réalisés sur une partie des structures, pour tenter d’établir une évolution diachronique des données paléo-environnementales ;
- des céramiques, entières ou fragmentées, nous permettront d’observer les techniques de préparation des pâtes et de montage. Ces observations, couplées à la typologie, donneront la possibilité d’avoir des outils de comparaison avec les techniques reconnues chez les groupes humains contemporains à une échelle régionale et diachronique. Mais également de reconnaître la gamme des activités pratiquées sur le site. Nous pouvons estimer le corpus découvert à quelques centaines de récipients pour les différentes périodes, avec des vases de stockage et des céramiques fines mieux ouvrées ;
- une série d’éléments en terre crue parfois cuite a également été découverte. Il peut s’agir de fragments de sole ou de torchis, parfois en place ou dispersés dans les remplissages des fosses. On a aussi reconnu dans les puits des éléments en terre crue comportant des empreintes de clayonnage, et peut-être de vannerie ;
- on recense également des restes d’outils du quotidien : fragments d’industrie macrolithique destinée au broyage, à la mouture et à la percussion ; de l’industrie lithique taillée en silex dans les structures du Néolithique et du Bronze ancien, dont les éléments du Néolithique récent rappellent encore fortement les industries lithiques chasséennes ; de l’industrie osseuse en faible quantité ;
- les objets de parure sont rares eux aussi, on recense des perles en coquillage (Néolithique récent), une alène en bronze et un bracelet en lignite (Bronze final) ;
- les vestiges fauniques sont plus ou moins bien représentées dans les structures. Il peut s’agir de dépôts d’animaux retrouvés entiers et en connexion (2 chiens, 1 ovicapridé), mais la plupart du temps ce sont des rejets de boucherie. Les espèces recensées dans les structures correspondent essentiellement à des bovidés, suidés et ovicapridés. Dans les fosses du Bronze ancien on note aussi la présence de restes d’équidés et de cervidés.
 
Premiers enseignements
 
La compréhension du gisement en est encore à ses débuts, et les études variées sur le mobilier et les structures permettront de mieux préciser les modalités d’occupation entre le Néolithique récent et le Bronze final. Toutefois, plusieurs points ont déjà pu être dégagés durant l’opération de terrain :
- il semble s'agir de petites occupations agro-pastorales de courte durée qui se sont succédées dans le temps, avec des périodes d’abandon et de réoccupation par le même groupe de population et/ou par de nouveaux groupes humains. Ce schéma semble s’appliquer d’une manière générale sur tout le bassin de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume pendant la Pré et la Protohistoire, comme le montre les différentes opérations archéologiques réalisées ces dernières années ;
- à partir de la chronologie relative qui a pu être établie durant la fouille, on peut estimer qu’il y a au minimum deux phases d’occupation pour le Néolithique récent, au moins une pour le Néolithique final, deux pour le Bronze ancien et une pour le Bronze final.
 
Photos de la fouille et du materiel archéologique découvert
 
Informations issues du site : http://www.paleotime.fr/operation.php?id=44