Le castrum Rodanas (XIème siècle -XIIème siècle)
Extrait en partie du rapport de François Carrazé publié dans l'inventaire général du patrimoine culturel.
Histoire
 
Le castrum quod vocatur Rodanas est mentionné plusieurs fois dans le cartulaire de l'abbaye Saint-Victor :
- dans une charte daté de décembre 1038*
- dans une charte datée du 20 juin 1053**
- dans une charte datée du 18 juillet 1098***
Ses propriétaires étaient des membres d'une très ancienne famille aixoise, les Brussans-Palliol, qui tenaient également la ville d'Aix (y compris l'archevêché), ainsi que de très nombreux villages entre Lançon à l'ouest jusqu'à Roquebrune à l'est.

Raymond Berenger II convoite le titre de comte de Provence par son mariage avec Douce de Rouergue, l'ainée des deux filles de la comtesse de Provence Gerberge et de Gilbert 1er de Millau (ou de Gevaudan).
Percevant la menace que représente l'arrivée en Provence de ce représentant de la maison de Barcelone, la famille Brussans-Paillol organise l'opposition qui aboutit à l'assassinat de Gilbert 1er de Millau en 1111.
Le mariage entre Raymond Berenger II et Douce de Rouergue a néanmoins lieu le 3 février 1112.

Il est suivi d’une vague de représailles qui aboutit à l'élimination totale (ou presque) de la famille Brussans-Paillol et à la confiscation de ses biens.

C’est probablement vers 1116 que le siège du pouvoir est transféré du castrum Rodanas, qui est abandonné après avoir été complètement détruit, à Saint-Maximin.
Raymond Berenger II créé la Cour Royale qui administrera la cité pour le compte des Comtes de Provence durant tout le Moyen-Âge.

 
* : Cette charte nous apprend que Pierre 1er, archevêque d'Aix, et ses trois frères, ainsi que la femme et les enfants d'un quatrième déjà mort, font donation au monastère Saint Victor d'une partie de l'alleu qu'ils tiennent de leurs parents dans le comté d'Aix, "in territorio castri quod vocatur Rodenas" : ce sont les églises de Saint Maximin, de Sainte Marie, de Saint Jean et de Saint Mitre avec les droits attachés à leurs autels et certaines terres adjacentes, toutes situées dans le territoire de Castrum Rodanas.

** : Cette charte indique que Guillaume et Elfant donnent tout ce qui leur appartient encore dans ces mêmes églises. "Ipse vero locus" dit la charte, "cujus donationem facimus sancto Victori et monachis ejus videlicet sancti Maximini, est in comitatu Aquensi, in territorio castri quod vocatur Rodanas".

*** : Il s'agit d'un acte de confirmation des possessions de l'abbaye Saint Victor qui précise "... item ecclesia S. Maximini cum ecclesia S.Mariae et S.Mitri que sunt in territorio castri Rodanis in valle Maximini..."
 
Vestiges du site en octobre 2015
 
Sur le sommet (498 m d'altitude) on peut observer les vestiges d'un château composé d'au moins une tour et d'un corps de logis dont on distingue à peine les contours dans un monceau de décombres. Tout autour une enceinte (peut être quadrangulaire) est assise sur de légers abrupts. Le mur, parementé en gros moellons bruts ou à peine équarris liés au mortier, est très arrasé et masqué presque partout par un second mur en pierres sèches qui lui a été adossé du côté intérieur.

Vers l'extérieur, l'étendue des éboulis témoigne de l'importance de la construction. Un fossé (comblé) protégeait cette enceinte du côté le moins accidenté à l'ouest.

En contrebas vers l'ouest, une plateforme assez vaste (environ 350 m²), également entourée de petits abrupts et de murs, contient quelques éboulis.

A l'extrémité est de cette ancienne basse-cour une fouille d'urgence réalisée en 1987 à révélée les substructions de deux tours carrées, qui encadraient probablement une porte d'entrée.

Matériel : tuiles rondes, tegulaes, céramiques grises médiévales.
 
Le site vu des crêtes de Recours
 
La première ceinture de remparts
 
 
Dans l'enceinte du castrum qui a été détruit avant d'être abandonné