Var Matin du 14 mai 2015

 
Eugène Berton et Promofar répondent aux accusations à Seillons
 

Attaqués publiquement en conseil municipal au sujet du programme « Les Hauts de Seillons », l’ancien maire et le promoteur immobilier répliquent et rejettent les mises en cause de Stéphane Arnaud.

Il sort de sa réserve plus d'un an après avoir quitté la mairie qu'il a occupée durant sept mandats. Eugène Berton, affaibli par l'âge, garde en tout cas toute sa tête lorsqu'il s'agit de défendre son honneur. Et surtout son action publique.

Notamment ce programme immobilier des « Hauts de Seillons », tant décrié par l'actuel maire Stéphane Arnaud.

Le premier magistrat est revenu ainsi, au cours des deux derniers conseils municipaux, sur les « affaires » de l'ancienne municipalité, « où les élus étaient des incompétents notoires».

Et le nouveau maire d'accuser « l'exécutif (de l'époque) d'avoir touché une enveloppe », « d'avoir accordé des permis de construire illicites» et plus généralement que la commune «était le théâtre de dérives en matière de spéculation foncière…»

« Contre-vérités et diffamation »

«De telles affirmations de contre-vérités, copieusement accompagnées d'une logorrhée verbale, d'insultes mensongères et diffamatoires» qui ont conduit l'ancien premier magistrat à porter plainte à son encontre pour diffamation.

Sur un enrichissement personnel, Eugène Berton considère «totalement absurde une telle accusation sans aucun mobile. Et d'ajouterj'ai toujours gagné au cours de ma carrière suffisamment d'argent pour ne pas faire de la politique un métier. »

Au-delà de la forme, qui relève de « l'outrance et de la médiocrité », il se défend sur le fond du dossier. Ou plutôt des dossiers. Car les mises en cause sont nombreuses. Le promoteur du programme des « Hauts de Seillons », l'entreprise Promofar de Grasse, dirigée par Yassine Faraj, a selon Stéphane Arnaud « bénéficié de passe-droits». Notamment par « la suppression d'un emplacement réservé qui avait une utilité pour la commune.»

Le dirigeant lui répond que l'achat du terrain pour la réalisation de son programme avait été fait « sur la base d'un permis de construire déjà purgé de tout recours. Cette suppression d'un espace réservé sur un chemin de deux mètres de largeur avait pour but d'augmenter l'emprise des espaces verts et favoriser l'intégration paysagère de la résidence », explique le promoteur.

« Dans l'intérêt du village »

«Une décision qui, selon l'ancien maire, avait été prise dans l'intérêt général, et non dans l'intérêt personnel d'une voisine qui aurait pu tirer profit de cet emplacement réservé pour des cessions foncières… D'autant que le rachat de cette parcelle aurait coûté la somme de 100 000 euros au contribuable seillonnais. »

« Lors du creusement de ce même emplacement réservé, des centaines de tonnes de roches ont été déversées en zone naturelle. C'est un cadeau sans retour d'ascenseur ? » accuse encore Stéphane Arnaud.

Pour Eugène Berton, ces terres ont « permis de combler des vallons auparavant sensibles aux pluies, et d'éviter ainsi des crues. Une piste DFCI a par la même occasion pu être créée » affirme encore ce dernier.

Là encore, Promofar se félicite que « cette démarche a pu profiter à toute la commune. »

« Le permis de construire respecté »

Autre grief de l'actuel maire, la non-réalisation de vingt-sept places de stationnement pour les soixante logements de la résidence, pour lesquelles la Ville réclame aujourd'hui à la société le remboursement de 189 000 euros.

Yassine Faraj s'en défend, permis de construire initial à l'appui. « Stéphane Arnaud se base sur un permis modifié qui a été annulé quand le programme a débuté. Le document originel mentionne bien la création de 101 places et non de 120. Nous en avons réalisé davantage »,prétend l'intéressé.

Tout comme Eugène Berton s'était laissé le temps de la réflexion, le promoteur étudie l'opportunité d'entamer une procédure judiciaire pour diffamation.« En tout cas, s'il persiste à nous dénigrer publiquement, je le poursuivrais. »

Promofar : droit de réponse

L’article paru dans notre édition du 17 avril 2015 a fait réagir la société Promofar (promoteur de l’opération immobilière « Les Hauts de Seillons »).

Celle-ci « s’étonne des propos diffamants utilisés par le maire de Seillons, l’accusant d’avoir obtenu le permis de construire initial moyennant « une enveloppe » et/ou au bénéfice de l’incompétence du maire précédent.

La société Promofar rappelle qu’elle a acheté le terrain avec le permis de construire à la société CG Promotion et n’a donc pas sollicité la mairie pour obtenir ce dernier. La société Promofar rappelle aussi que le permis initial comme les autres autorisations de construire sont étudiés en Mairie, instruites par la commune avec le concours de l’État (DDTM) et soumises au contrôle de légalité préfectoral attestant de leur régularité.

De plus, la société Promofar précise également que les travaux, objets d’autorisations de construire délivrées suivant la procédure décrite ci-dessus ont été réalisés et viennent d’obtenir leur certificat de conformité depuis le 24 avril 2015*(*selon la loi, conformité tacite en l’absence de toute contestation par l’actuelle municipalité dans le délai de trois mois).

Pour finir, la société Promofar précise qu’elle a agi en toute transparence avec la commune et l’État et ne peut donc accepter les termes mal fondés» utilisés dans l’article en question.