Saint-Maximin. L'opposition brimée réclame le droit de s'exprimer

 
Publié dans Var Matin le vendredi 27 mai 2011
 
La politique de la chaise vide incarnée au premier plan par l'abandon de séance des conseillers de l'opposition. Un boycott en règle qui témoigne d'un malaise chronique.
Etienne Charles
 

Dix minutes à peine, pour une séance pliée. Délibérations adoptées à l'unanimité... de la seule majorité. L'opposition ayant préféré quitter la salle dès la deuxième délibération, l'assemblée maximinoise a soudain pris des airs de simple chambre d'enregistrement.  Pas de place au débat. Encore moins à la critique des projets présentés. Les décisions ne souffrent pas la contradiction. La moindre interrogation, balayée d'un revers de main par le maire Alain pénal.

À la politique de l'autruche, l'opposition répond par celle de la chaise vide. Claude Nérin s'insurge. Balance ses piles de paperasses. Sortie de scène fracassante. Sans rappel. Ses trois homologues de l'opposition lui emboîtent le pas. Décidément, le débat démocratique trébuche sur un chemin à sens unique. La délibération de la discorde, pourtant, méritait quelques éclaircissements.

 

Opposition de fond

Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est un programme de construction de logements sociaux qui a semé la zizanie. En l'occurrence, une nouvelle phase de l'opération de résorption de l'habitat insalubre, visant entre autres la création de sept logements pour actifs. Mais pas n'importe où : dans l'historique Hôtel-Dieu. Un édifice classé, du XVIIe Siècle. Et Blandine Gommart-Jacquet de s'interroger sur la pertinence d'un tel projet en pareil endroit. « Vous nous reprochez de ne pas faire assez de social », rétorque aussi sec Alain Pénal. Sans pour autant aborder de front la question de fond... « Multiplier les logements sociaux en un lieu où sont déjà implantées de nombreuses familles défavorisées ne va-t-il pas à l'encontre d'une politique visant à favoriser la mixité sociale ? », renchérit Alain Decanis. « Quid du stationnement pour ces nouveaux habitants dans un centre-ville déjà saturé ? » questionne le même, comme pour enfoncer le clou. Des interrogations assorties de perpétuelles fins de non-recevoir.

Pas à tergiverser, affaire classée. Dialogue de sourds entre orateurs qui ne s'entendent pas. Et peuvent encore moins se voir !

 

Quelle liberté d'expression ?

De là à évoquer un déni de démocratie ? Pour Alain Decanis, le pas est depuis longtemps franchi. « Nous avons le sentiment que ce n'est plus le conseil municipal qui administre la ville, mais un petit groupe clientéliste à la botte du conseil général.

Dépossédée. Réduite à un second rôle. Voire presque à de la figuration. L'opposition semble résignée à accepter ce triste sort de représentation... Quelles solutions dès lors pour faire entendre une voix dissonante ? « On peut toujours aller au tribunal administratif, le règlement intérieur relatif au temps de parole imparti à l'opposition nous donnerait raison (...), mais encore faut-il avoir les moyens pour financer les frais de procédure ». L'opposition comme dépossédée... de sa raison d'être de s'opposer !

 

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