Hier à l'Arbois, ils ont crié leur hostilité au tracé Nord de la LGV
Publié dans la Provence le dimanche 1 février 2009 à 10H30
 
Trois à quatre mille personnes, dont de nombreux maires et conseillers généraux, ont convergé hier
 
 
Le spectacle était inhabituel : des CRS, en tenue anti-émeute, sur trois ou quatre rangs, mettent leur casque, face à un nombre équivalent de rangs… d'élus, tous ceints de leur écharpe tricolore. Il y avait là un sénateur, Sophie Joissains, un député, Richard Mallié, des conseillers généraux -MM. Guinde, Genzana, Bouvet, Amiel- des maires du Pays d'Aix -MM. Boulan, Féraud, Bonfillon, Canal, Lagier, Guiniéri, Légier- et bien d'autres élus.
Les Varois aussi étaient venus en force, de Pourrières et de Pourcieux en particulier. La manifestation organisée hier par l'association des vignerons de Sainte-Victoire, et à laquelle se sont joints plusieurs autres associations et un grand nombre d'élus, n'a pas été toujours été très calme.
Les organisateurs, Jean-Luc Jauffret et Olivier Sumeire, avaient négocié avec la préfecture de police l'autorisation de pénétrer dans la gare avec les élus, en un geste symbolique, d'où serait absente toute dégradation. Mais sur place, vers 9h, il n'était plus question d'accès dans l'enceinte de la gare, d'autant que les grandes grilles d'accès avaient été cadenassées par les CRS : d'où la tension…
Comme l'on était entre gens civilisés, l'accord initial a fini par être respecté. Dans la cohue, vers 10h30, les élus ont pu franchir la grille entr'ouverte. Quelques manifestants, qui voulaient s'engouffrer dans la brèche, en ont été empêchés par les forces de l'ordre. Re-tension… Dans la place, le face-à-face s'est révélé moins tendu, mais empreint d'arrière-pensées : les élus voulaient retarder des TGV, descendre sur les voies -ils y sont parvenus quelques instants, avant d'être remontés manu militari sur le quai.
Michel Boulan, ironique, lance : "Il est où, le préfet ?" Une voix lui répond : "Il ne savait pas qu'il y avait une manif !" Et le maire de Châteauneuf-le-Rouge reprend : "Ah, c'est comme pour la neige, il ne savait pas…" Un haut-parleur annonce l'arrivée d'un TGV. Pierre Bourlois, le commissaire central d'Aix, qui commande l'ensemble du dispositif, veut faire reculer les élus. Jean-Louis Canal, le maire de Rousset, veut avancer pour bloquer le train.
Tricolore contre tricolore, force restera… aux plus costauds. Le TGV, qui avait ralenti bien avant la gare, arrive à toute petite vitesse. Les voyageurs embarquent. Au bout de quelques minutes, estimant avoir manifesté un temps convenable, les élus lèvent le camp. Le TGV 6114 à destination de Paris sera le seul retardé de la matinée, d'une vingtaine de minutes environ.
Peu après 11h, les élus sortent de l'enceinte de la gare. Ils sont accueillis par le reste des manifestants qui, spontanément... entonnent "La Marseillaise". C'est fini. Chacun s'en retourne, qui à sa voiture, qui à son bus, qui à son tracteur -il y en avait une douzaine hier aux abords de la gare. Le 11 février, de nombreux élus comptent se rendre à Paris, pour une réunion fort importante relative à la LGV et à son tracé. Ils reviendront donc à la gare. Mais de façon pacifique cette fois.
Par Paul-Henry Fleur ( phfleur@laprovence-presse.fr )