Alpes Maritimes

Priorité Davantage ministre que maire de Toulon, Hubert Falco pourrait avoir mis un terme à la zizanie politique régionale qui risque de priver une fois de plus Nice d'une ligne à grande vitesse directe vers Paris


Publié dans Nicematin.com le jeudi 30 octobre 2008 à 13H51
TGV : la Côte d'Azur tout près de gagner la bataille politique du rail
 
Après les rendez-vous manqués de ces dernières semaines, notamment le triste spectacle du boycott politique de la réunion sur le LGV PACA le 3 octobre à Marseille, le bout du tunnel semble se profiler.
 

Mardi soir, Hubert Falco, plus ministre de l'aménagement du territoire que maire de Toulon, a sans doute mis un terme à la suicidaire bataille des tracés qui risquait de faire définitivement dérailler le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse dont les Alpes-Maritimes ont un besoin économique vital. « Il n'est pas normal qu'une métropole aussi importante que Nice ne soit pas desservie. Avant la fin de l'année, une réunion aura lieu à la préfecture de région pour arrêter un choix définitif ». Du coup, le vrai TGV qui mettra enfin la Promenade des Anglais à 3 h 30 de la Tour Eiffel n'a jamais été aussi proche !

Fin de la zizanie politique donc ? Interpellé par le député UMP niçois Eric Ciotti lors de la commission des finances qui examinait le budget de l'aménagement du territoire, Hubert Falco n'a pas tranché définitivement. Mais poussé dans ses retranchements par la question plus que fermée d'Eric Ciotti - « Je compte sur vous, monsieur le secrétaire d'État, pour nous rassurer quant à la pérennité de ce projet capital qui doit être maintenant arbitré rapidement » -, il a dû se dévoiler au gré d'un exercice de « schizophrénie politique ».
 
Une étude lancée pour le tracé direct Nice Aix Paris
 
Entre les lignes de sa réponse au député niçois, le message est clair : le tracé Sud, celui des Métropoles qui, passant par Marseille et Toulon, avait les faveurs du maire de Toulon, n'a plus celles du ministre de l'aménagement du territoire.
La preuve ? Hubert Falco a révélé mardi en exclusivité aux membres de la commission des finances de l'assemblée nationale qu'il vient de « commander des études d'impact sur les deux autres tracés, reliant directement Aix à Nice, respectivement par le sud et par le nord qui offrirait la desserte la plus rapide de la métropole niçoise. »
La plus rapide et la moins coûteuse pour le contribuable.
« Le coût du tracé des métropoles a été évalué par RFF entre 12 et 14 milliards d'euros. Aujourd'hui on demande aux collectivités de participer au projet à hauteur de 50 %.
« Il s'agit d'investissements très lourds et qui seront difficiles à financer pour les départements concernés. Vous comprendrez que, même avec une intention intacte, nous réfléchissions à d'autres possibilités. »
 
Dix minutes gagnées pour Toulon
 
Difficile de faire plus clair. Et pourtant. Si Hubert Falco ne s'est jamais ouvertement déclaré pour le tracé des Métropoles, le conseil général du Var, dirigé par Horace Lanfranchi, un de ses proches, s'en était chargé pour lui. Mais c'était avant...
Avant que, ces derniers jours, le ministre-maire de Toulon obtienne une compensation ferroviaire à ce renoncement dicté par le pragmatisme budgétaire.
Quand bien même la LGV contournerait les Métropoles, Toulon aurait tout de même sa liaison à grande vitesse... puisqu'Hubert Falco confirme avoir reçu des assurances sur l'amélioration de la ligne actuelle Marseille-Toulon « qui devrait nous faire gagner dix minutes. »
Du gagnant-gagnant donc : Nice à 3 h 30 de Paris via le centre Var et Aix, Toulon raccordé au TGV par Marseille-Saint-Charles.
Tout le monde y trouverait son compte. Alors happy-end ? La balle est dans le camp des Marseillais, Jean-Claude Gaudin et Jean Noël Guérini qui restent arqueboutés sur le tracé des Métropoles, oubliant sans doute que la capitale phocéenne est à 3 heures de Paris depuis 1990... là où il faut encore près de 2 h 45 pour rallier Nice à Marseille en train !
Jean-françois Roubaud