Saint Chely d'Aubrac - Figeac (123 km)
Sylvie et Alain Revello
 
16 août 2017 : De Saint-Chély-d'Aubrac à Saint Côme d'Olt
 

En août 2016, arrivés à Saint-Chély-d’Aubrac au terme de sept journées de marche, nous nous étions promis de revenir afin d’atteindre l’objectif de rallier Le Puy à Conques. Un an plus tard, nous revoilà donc à la terrasse de l’hôtel-restaurant « Les Coudercous ». Le temps de prendre un café et un jus d’abricot, ranger une dernière fois les sacs à dos, positionner les bâtons de marche à la bonne hauteur. Le clocher de Saint-Chely annonce « dix heures » lorsque nous retrouvons ce bon sentier GR 65 qui doit nous amener jusqu’à Saint-Côme d’Olt à travers les Monts d’Aubrac.

Un parcours vallonné, très agréable de par sa situation en sous-bois. Pas de grande difficulté pour cette première étape, c’est une bonne chose pour deux « pèlerins » en recherche de sensations. Cette deuxième saison s’annonce sous de meilleurs auspices. Les sacs sont moins lourds (8 kilos au lieu de 13), les bâtons de marche nous permettent de mieux appréhender les ascensions et surtout d’adopter une bonne cadence sur le plat.

Après un passage à l’Estrade, un charmant bourg situé à 830 m d’altitude nous voici à La Rozière au terme d’une descente très douce. Puis au-dessus de Saint-Côme d’Olt, une cité médiévale labellisée parmi « Les Plus Beaux Villages de France ». Protégée par une enceinte fortifiée dotée de trois portes, Saint-Côme-d’Olt se distingue des communes environnantes par son clocher tors. Cette oeuvre étonnante conçue au début du XVIe siècle par Antoine Salvanh, architecte rouergat a été conçue par les compagnons du devoir. Le clocher tourne de gauche à droite d’un huitième de tour et penche.

Ce clocher nous avons pu l’apprécier de notre chambre. Ayant fait le choix de ne pas réserver nos hébergements avant de partir, nous avons trouvé refuge à « La Bisquine de Jean ». Une bien sympathique chambre d’hôtes sur la place de la Porte Théron tenue par un… Varois ayant trouvé refuge dans un département « où l’on y trouve obligatoirement la sérénité qui nous fait défaut ailleurs. Depuis que je suis ici je revis » avoue cet homme aux vies multiples.

Cette première nuit a été salvatrice et le lendemain matin avant de reprendre le chemin pour Estaing, nous avons refait le monde avec Jean en évoquant plusieurs connaissances communes de l’ouest du Var. La rencontre de Jean à Saint-Côme d’Olt appartient à ces moments écrits à l’encre indélébile. Impossible de savoir si nous aurons la chance de franchir à nouveau la porte de « La Bisquine » mais son invitation est écrite dans nos mémoires et nous tenterons d’y répondre favorablement afin de découvrir les charmes de l’automne en Aveyron.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
17 août 2017 : De Saint-Côme d'Olt à Estaing
 

Le chemin a de multiples qualités. L’essentielle est de vous permettre de redécouvrir votre corps. Les chevilles, les genoux, ces vieilles articulations soumises à rude épreuve depuis des années vous rappellent combien la prudence doit être de mise lorsque le sentier s’élève ou descend un peu trop rapidement. Là encore, les bâtons sont d'une précieuse aide. Il faut bien avouer aussi que les kilomètres sur le bitume ont été bien plus nombreux que l’an passé.

Nous quittons Saint-Côme d’Olt en longeant le Lot. Longue de 485 km, la deuxième rivière la plus longue de France, prend sa source en Lozère et se jette dans la Garonne. Durant de nombreux kilomètres, le Lot nous accompagne comme à Espalion. Parfois, nous surplombons sa vallée, c'est le cas lorsque nous atteignons la Vierge Notre-Dame de Vermus. Le panorama est superbe et nous permet d’apercevoir le château-fort des seigneurs de Calmont.

Avant d’entrer dans Espalion, l’église de Perse s’élève sur notre gauche. Construite au 12e siècle, en grès rouge, elle a la particularité de posséder un clocher percé de quatre arcades. L’ancienne église paroissiale est aujourd’hui devenue la chapelle du cimetière.

Espalion est une cité charmante. Nous vous conseillons notamment la foire à la brocante sur les berges du Lot. Pas le temps d’effectuer une halte mais certains objets ont attiré nos regards. En revanche la sortie d’Espalion est bien moins plaisante. Arpenter le bitume n’est jamais fameux mais les expériences désagréables sont souvent annonciatrices de purs bonheurs. Nous pensions l’avoir atteint en découvrant le cadre bucolique de l’église Saint-Pierre de Bessuéjouls classée au Monuments Historiques. Nous ignorions alors devoir atteindre Le Briffoul par un sentier très étroit, composé de marches très hautes. Eprouvant, très éprouvant et les haltes sont de plus en plus nombreuses avant d’arriver à Estaing.

Dans ces moments, il ne faut surtout pas se demander ce que l’on fait là. Ne plus s’interroger et espérer que la ligne d’arrivée n’est plus très éloignée. Lorsque nous retrouvons le Lot, nous apercevons Estaing et son superbe château. Une fois le pont traversé, la porte de l'hôtel « Aux armes d’Estaing » s’ouvre comme par enchantement. Nous n’irons pas plus loin et nous ne le regretteront pas… le dîner était succulent, merci au chef des « Armes d’Estaing ».

 
Saint Côme d'Olt
 
 
 
 
Notre Dame de Vermus qui surplombe Espalion
 
Eglise de Perse
 
 
Château-fort du seigneur de Calmont
 
Espalion
 
Saint Pierre de Bessuejouls
 
Verrières
 
Estaing
 
 
18 août 2017 : d'Estaing à Espeyrac
 

La première préoccupation du randonneur une fois l’hébergement trouvé est de soigner ses pieds. Ils ne sont ps toujours douloureux… quoique…. mais les entretenir est la clé de la réussite. CE sont eux qui assurent la liaison entre le chemin, voire le bitume, et le reste de votre corps. Des pieds endoloris et le bonheur peut se transformer en calvaire. Dans la chambre d’hôtel d’Estaing, Sylvie se précipite vers la douche réparatrice avant de masser la plante de ses pieds et ses talons.

Au départ d’Estaing, le Lot est toujours présent afin de nous saluer. Il le se jusqu’à l’ascension vers Montagut. Un dénivelé de 144 mètres sur cinq kilomètres (au moins). Longue, très longue la côte dans un décor forestier assez idyllique. Montagut n’était qu’une première étape, il fallait encore attendre Fonteilles situé à 605 mètres d’altitude. Fort heureusement, une fois l’objectif atteint, nous avons eu la chance de trouver un étang inoccupé où nous avons pu enlever nos chaussures, faire respirer nos pieds avant de nous lancer vers Golinhac. Là, contrairement à nos habitudes, nous avons choisi de nous restaurer. Oubliées les barres de céréales pour un jour. Un déjeuner chaud bienfaiteur avant de prendre la route (et non plus le chemin) vers Espeyrac. Un charmant village mais, avouons-le, nous ne garderons pas un souvenir impérissable de son hôtel. C’est aussi cela le Chemin.

 
départ d'Estaing
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Arrivée à Espeyrac
 
19 août 2017 : d'Espeyrac à Conques
 

Les randonneurs ne l’ignorent pas. Le départ d’une étape est associé à une montée, l’arrivée de l’étape est synonyme de descente. Pour la matinée pas de problème, cela permet de chauffer nos corps abîmés ressemblant à un moteur diesel. En revanche, lorsque les jambes sont fatiguées après une journée de marche, atteindre le gîte par une descente caillouteuse n’est jamais très agréable.

Nous avons pu le constater une fois de plus en quittant Espeyrac. Atteindre le charmant village de Sénergues, via Célis, nous prouve combien ce territoire vallonné, est sculpté par les agriculteurs et entretenu par les troupeaux. Les cultures de maïs et les prairies forment une merveilleuse mosaïque. Les divers panoramas à 180° ou 360° sont de purs moments de sérénité. La sensation d’être seul au monde mais aussi le ressenti d’être une petite pièce au milieu d’un si grand univers. Humilité.

On nous avait prédit une descente dangereuse vers Conques. Finalement, nous avons connu bien pire par le passé. Nous voilà donc au-dessus de cette abbatiale construite au IXe siècle dans la vallée de la Dourdou. Inscrite au patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO, l’abbatiale attire de nombreux pèlerins sur le Chemin menant à Compostelle mais aussi les visiteurs curieux de découvrir cette charmante bourgade ayant conservé son aspect médiéval.

Nous avions décidé, dès le départ, de nous accorder une journée de repos afin de visiter Conques. Nous voici donc à l’auberge Saint-Jacques pour deux nuits.

Demain, visite de Conques.

 
Départ d'Espeyrac
 
 
 
 
Senergues
 
 
 
 
 
 
 
Conques
 
 
 
 
20 août 2017 : Conques
 

L’abbatiale de Conques abrite les reliques de Sainte-Foy. Des reliques volées par les moines à Agen. Et oui, il fallait attirer les pèlerins et les diverses reliques envisagées ne possédaient pas une notoriété suffisante. C’est donc à quelques kilomètres de Conques que les ecclésiastiques sont allées chercher les reliques de celle qui fut martyrisé par Dacien, le consul romain.

En arrivant au pied de l’abbatiale, le visiteur est frappé par le tympan du Jugement dernier datant du début du XIIe siècle. Un véritable chef d’oeuvre de l’art roman qui a su conserver ses couleurs d’époque. Les « rouge » comme les « bleu » sont encore bien visibles neuf siècle plus tard.

Le nombre de personnages du tympan est impressionnant. A gauche on y dépeint le paradis, à droite l’enfer. Et il faut bien reconnaître que les concepteurs de cette fresque étaient déjà bien habités par la représentation des péchés capitaux. Nous vous proposons de découvrir certains détails en photos.

L’abbatiale de Conques a été construire à partir de 1041 par l’abbé Odolric à l'emplacement de l'ancien ermitage de Dadon. En 1994, il a été décidé de confier à Pierre Soulages, peintre et graveur de la région, la réalisation des vitraux. Certains s’extasieront devant une telle oeuvre. Personnellement, nous avons trouvé que le mariage n’était pas très heureux. Mais les goûts et les couleurs…. Ne pas oublier de visiter la salle du Trésor qui se trouve dans une aile du cloître. C’est le plus riche trésor du Moyen-Âge conservé de nos jours.

Conques c’est aussi le charme médiéval, de charmantes maisons blotties qui en font un des Plus Beaux Villages de France.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
20 août 2017 : De Conques à Decazeville
 

Une fois arrivés à Conques, la question de la poursuite du chemin s'est posée. Ne le cachons pas. Après tant de merveilles, après avoir vu des sites aussi fabuleux, que nous réservaient les journées à venir ? Chaque avis entendu était bien explicite : "la partie du chemin entre Le Puy et Conques est la plus belle". Nous avons pris la décision de continuer et nous ne l'avons jamais regretté.

La montée au-dessus de Conques était annoncée comme périlleuse. Elle est difficile, certes, mais pas himalayenne. A son rythme, le pas lent mais sur et surtout le bon rythme de respiration. Ainsi, on atteint sans peine la chapelle Sainte-Foy d'où le panorama sur Conques est fantastique. Un dernier regard vers cette cité médiévale et nous voici en route vers Decazeville, la cité minière par excellence.

Le chemin est vallonné mais c'est bel et bien la chaleur qui fait son apparition. Jusqu'à Figeac, nous souffrirons un peu plus que les jours précédents.

A Decazeville, sur les conseils de Jean de Saint Côme d'Olt, nous avions réservé au "Volets Bleus" chez Thierry. Un hôte merveilleux avec lequel j'ai pu évoquer certains souvenirs de trampoline puisqu'il connaissait très bien le club de la Seyne avec lequel j'ai couvert de nombreuses compétitions internationales. Nous avons passé une superbe soirée avec un couple de Québécois, une médecin homéopathe et son compagnon catalan. La tablée était aussi composée de Manon et sa grand-mère. Agée de 80 ans, elle fait le chemin à un rythme effréné... Epoustouflant.

Nous nous souviendrons longtemps du chou farci en forme de lasagne de Thierry. Un régal.

 
 
 
 
Chapelle Sainte Foy
 
 
 
 
Chapelle Saint-Roch
 
 
Troupeau au-dessus de Decazeville
 
21 août 2017 : De Decazeville à Seyrignac
 

La distance (33 km) entre Decazeville et figea est trop importante, à nos yeux, pour être effectuée en une seule journée. Mais... il est impossible de trouve rune chambre sur le chemin. Thierry, notre hôte si convivial, nous conseille alors de prendre une variante et de réserver à Seyrignac, un fabuleux gîte totalement rénové. Certes cela nous fait un peu plus de chemin que prévu, mais Thierry nous propose de nous emmener jusqu'à Livinhac-le-Haut : "Cela comblera la différence de 5 km". Ce n'est pas de refus.

Après Livhinac, le chemin (la route) s'élève encore jusqu'à Montredon. Nous quittons l'Aveyron pour entrer dans le Lot. Cela ne change rien les paysages toujours sculptés par Dame Nature mais aussi par la main de l'homme. Les prairies succèdent aux cultures. Vaches, taureaux et veaux paissent en paix.

Au moment de la pause du déjeuner, nous atteignons le lac de Guirande. Un havre de paix où bon nombre de pèlerins-randonneurs effectuent une halte. Certains prennent plaisir à tremper les pieds afin de les rafraîchir même si la baignade est interdite. C'est l'occasion de retrouver Manon et sa grand-mère. Nous marcherons ensemble jusqu'à Seyrignac. elles ont réservé dans le gîte voisin.

La chaleur est étouffante. Chaque fontaine est grandement appréciée d'autant que le seul bar dans Saint-Félix est fermé.... vacances obligent. Nous arrivons au gîte de Seyrignac où nous attend une bien belle piscine. Malheureusement, nous avons oublié de prendre les maillots de bain. Remarquez la température de l'eau étant assez fraîche, nous nous sommes contentés de mettre nos jambes dans l'eau. Cela fait un bien fou. Comme celui de se retrouver à table, le soir, avec une famille composée des parents et six enfants ainsi que trois cyclistes. Les propriétaires dînent avec nous. L'occasion d'échanger, de rire et d'apprécier le fabuleux travail du maître de maison, ancien charpentier. Un homme aux mains d'or.

Demain, il ne restera plus que quelques kilomètres pour rejoindre Figeac. Nous aurons atteint notre objectif.

 
Départ de Livinhac-le-Haut
 
 
Entre l'Aveyron et le Lot
 
 
Montredon
 
 
 
 
Le lac de Guirande
 
 
 
22 août 2017 : De Seyrignac à Figeac
 
ET voilà c'est la dernière étape. Nous quittons le gîte de Seyrignac où les propriétaires nous ont réservé un accueil très chaleureux. Encore bravo à eux, le gîte est superbe et nous vous conseillons de vous y arrêter si vous êtes dans la région....
Le chemin jusqu'à Figeac est très facile et c'est avec un plaisir non dissimulé que nous retrouvons l'hôtel le Quatorze où nous avions laissé notre carosse en pension.