La campagne de Dalmatie (janvier 1806 - juillet 1807)

 
Bélligérants
 
Empire français Empire russe
Royaume d'Italie    
 
Commandants
 
  Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont   Amiral Siniavin
  Gabriel Jean Joseph Molitor    
 
Forces en présence
 
  15 000   10 000 russes
      10 000 monténégrins
 
Le contexte
 

Le Traité de Presbourg, qui fait suite à la Troisième Coalition, a cédé la Dalmatie au Royaume d’Italie, qui devait y installer une administration civile relevant du gouvernement royal de Milan, la France devant simplement y envoyer une troupe d’occupation. La remise des provinces cédées à l’Italie devait s’effectuer du 30 janvier au 28 février.

Le Général Molitor prend donc avec sa troupe d’occupation (5è, 23è, 79è, 81è de ligne) la direction de la Dalmatie, traversant la Croatie, pour arriver le 20 février à Zadar. Cependant, les Russes (à qui les autrichiens ont finalement laissé le contrôle de la province) ont pris possession de tous les forts des Bouches de Kotor, sans intention de respecter les accords passés.

Avant d’attaquer, Molitor décide d’attendre le soutien de son artillerie et de la logistique nécessaire à ses 2300 hommes. Cette situation de cantonnement qui dure apporte son lot de difficultés : relations avec les autochtones, épidémies et multiples escarmouches avec les troupes russes. Napoléon décide donc d’agir et crée sur les bases de cette troupe d’occupation l’Armée de Dalmatie le 16 avril 1806, Molitor ayant pour mission de reprendre au plus vite la province aux Russes.

 
Siège de Raguse
 

Lauriston rejoint Molitor avec les 5e et 23e de ligne, deux compagnies d’artillerie, dont une italienne, pour prendre possession des Bouches de Kotor. Le 28 mai, Raguse est occupée, mais il fallait encore atteindre Castel-Nuovo et Kotor afin de refouler les Monténégrins et forcer les Russes à se rembarquer. Ce fut l’inverse qui se produisit et Lauriston se vit assiéger dans Raguse et dut soutenir un siège de 20 jours qui coûtera à l’Armée de Dalmatie près de 2 000 hommes et que n’interrompront pas plusieurs tentatives de sorties.

Molitor ayant été prévenu prit ses dispositions pour se porter au secours des troupes françaises enfermées dans Raguse malgré le fait que les secours promis à l’Armée de Dalmatie n’étaient pas encore arrivés et que sa propre armée était décimée par les fatigues et les épidémies.

Un concours de circonstance aida l’armée française. Ayant intercepté un courrier concernant les intentions de Molitor, l’état-major russe en place, mal informé des dégâts dans les troupes françaises, prit peur. Usant de plusieurs ruses, Molitor sut faire croire à son ennemi qu’il était beaucoup mieux pourvu que dans la réalité et profita d’effets de surprise pour se dégager l’accès jusqu’à Raguse. La marche sur Raguse et la délivrance de la place constituait l’opération la plus pénible et la plus remarquable de la campagne de Dalmatie. Plusieurs soldats du 79e moururent de soif pendant la route, d’autres furent obligés de boire leur urine pour se désaltérer. L’Empereur, pour montrer sa satisfaction au 79e, lui accorda six décorations sur douze ; il en ajouta dix peu de temps après et fit proposer le chefs de bataillon Lecousturier (futur général) pour le grade supérieur.

Après la délivrance de Raguse, le Général Marmont prend le commandement de l’Armée de Dalmatie et s’occupe de l’urgence : réorganiser son armée qu’il trouvait dans un état sanitaire déplorable.

 
Bataille de Castel-Nuovo
 

En septembre 1806, Marmont apprend que les Russes, ayant reçu des renforts de Corfou, se trouvent en force à Castel-Nuovo. Il laissa à Raguse les blessés et partit avec 5 000 hommes. Après une marche de nuit retardée par la pluie, les troupes françaises se trouvèrent au lever du jour à Gruda, où l’on savait trouver les Russes. La célérité de l’action de Marmont lui permit de faire des ravages dans les rangs russes en limitant les pertes françaises.

Le lendemain 1er octobre 1806, Marmont se dirige vers Castel-Nuovo. Les hauteurs étant enlevées par les troupes d’élite, la colonne qui avançait par la vallée déboucha et arriva sur une ligne de 4 000 russes rangés en bataille. Au corps à corps avec une armée russe bien supérieure en nombre, les régiments français font des miracles, notamment les tirailleurs du 79e. Les russes sont obligés d’évacuer la place et de réembarquer.

 
Le traité de Tilsit
 
Suite au Traité de Tilsit signé le 8 juillet 1807, entre la France et la Russie, Marmont fut informé que les Bouches de Kotor allaient être livrées aux troupes françaises et confia à Lauriston le soin d'en prendre possession définitivement (16 août).