Le 163e RI dans les Vosges
(du 23 juin 1916 au 9 juin 1917)
 
 

Après un repos d'un mois à Gimecourt, Lignières, Courcelles au Bois, Menil au Bois, repos bien gagné après Verdun, nous embarquons à Nançois-Trouville à destination de Bruyère et Laveline, dans les Vosges.

Nous restons encore 15 jours au repos à Granvillers, Frémifontaine, Vimenil, Guguecourt où le général de Villaret commandant la 7e armée vient nous rendre visite le 29 mai.

Le lieutenant-colonel Rivas, promu colonel le 30 mai, prend le commandement de la 89e brigade. Le lieutenant-colonel Jacquart prend le commandement du Régiment.

 
Le secteur de St-Jean d'Ormont (du 8 juin au 26 août 1916)
 

Le 8 Juin, le Régiment se rend par étapes à St-Jean d'Ormont et ses environs où il est mis pendant 10 jours à la disposition de la 132e Brigade pour exécuter des travaux dans le secteur.

Pendant cette période, d'après le règlement qui vient de paraître, les Bataillons sont formés à 3 compagnies. On leur adjoint une compagnie de mitrailleuses.

Le dépôt divisionnaire est constitué par les 4e, 8e, 12e et16e compagnies du Régiment.

Le 20 juin, le Régiment relève la 132e Brigade dans le secteur de St-Jean d'Ormont :
- le 3e bataillon au bois en y,
- le 2e bataillon à la Fontenelle,
- le 3e bataillon à Launois-Hermanpère.     

Après Verdun, ce secteur devient pour nous un secteur de tout repos. En raison du calme relatif, les petites actions occupent une plus grande place.    

Le 25 juin, une patrouille ennemie vient attaquer un petit poste de 2 hommes. Plusieurs assailants sont tués, les autres mis en fuite..

Les patrouilles sont très actives de part et d'autre. Nos visites nous sont régulièrement rendues.     

Le 10 Juillet, le 253e RI au repos à gauche de notre secteur fait un coup de main au «Cerisier,>. Il fait 7 prisonniers.

Cela nous vaut des contre-offensives locales (sur notre lère ligne) que nous repoussons aisément.     

Le 21 juillet, l'ennemi déclanche une assez forte attaque sur nos tranchées. Après une heure de lutte assez vive, nous mettons l'adversaire en fuite en lui infligeant de sérieuses pertes.

 
Le secteur du Violu (du 27 août 1916 au 8 janvier 1917)

Le Régiment est relevé le 26 août pour aller occuper le secteur du Violu (à droite de St-Dié) :
- le 1er bataillon relève le quartier de la Cude (Regnault, le Collet, la Rotonde).
- le 2ème bataillon le quartier du Violu (Nord, Centre, Sud et le Mézé). 
- le 3ème bataillon est détaché au quartier de la «tête des Faux» (tranchée Grethner, carrefour Duchène, camp Valentin).

Le Violu et la Cude sont des secteurs à coup de main.     

Il s'en produit régulièrement au moins un de part et d'autre par semaine.     

Les Allemands n'ont pas beaucoup de chance dans leurs opérations.     

Leur premier coup de main assez violent échoue devant nos balles le 10 septembre.

Le 23 septembre, ils recommencent avec plus de forces et d'apparat, mais sans succès. Nous leur infligeons de sérieuses pertes.     

Nous recevons les félicitations du général de Villaret commandant l'Armée.

Le 30 septembre, nouvelle répétition de la part des boches avec gros orchestre. Leur échec est encore complet. Ils nous laissent leurs cadavres pour compte dans nos barbelés.

Cependant il convient de leur donner tout de même une bonne leçon.    

Le Colonel décide de faire un coup de main le 12 octobre à l'est du Violu centre : deux groupes avec chacun un officier sont chargés de l'exécution. Ils ramènent 10 prisonniers et du matériel, (félicitations du général Franchet d'Esperey).    

Les Boches sont furieux ; ils se vengent en redoublant leurs bombardements.    

Outre la spécialité des coups de main, le secteur possède aussi le désavantage de quelques mauvais coins où bombes, torpilles et gros minens se donnent rendez-vous. Cela vientgâter le charme (très relatif d'ailleurs) de notre séjour.

Le 1er novembre, la 97e Brigade est dissoute. Le 163e passe (pour ordre) de la 76e à la 161e Division,secteur 107, commandée par le général Brécard.    

Le 3 décembre, le Lieutenant-Colonel Carlier de l'Etat-major de la 6e Brigade des chasseurs alpins, prend le commandement du Régiment.

Le Régiment est relevé les 5 et 6 décembre par le 67e BCA. Il, se rend à Fraize et le lendemain au camp d'Arches pour y accomplir une période d'instruction selon les nouvelles méthodes de guerre. Cette période dure du 8 au 25 décembre et se termine par une manœuvre de Division.

Le 26 décembre, le régiment se déplace par voie de terre et se rend en Alsace par Bellefontaine (Vosges), St-Loup (Haute-Saône), la Chapelle les Luxeuil , Clairegoutte ,Perouse (Haut-Rhin).   

Il arrive le 1er janvier 1917 à Traubach le Bas-Wolfersdorf Mauspach,Saint-Leger (Alsace) où il effectue pendant 8 jours des travaux en vue de la pose d'un câble téléphonique souterrain.

Nos pertes sont jusqu'ici de :
- 3 officiers blessés,
- 39 hommes tués,
- 100 hommes blessés.

 
Retour dans les Vosges (du 8 janvier 1917 au 9 juin 1917)
 

Le 8 janvier 1917, la 161e Division reçoit l'ordre de retourner dans les Vosges relever la 66e Division qui a son centre à Géradmer.     

Nous quittons l'Alsace à Fontaine par voie ferrée et débarquons à Corcieux. Nous nous dirigeons par étapes vers nos anciens secteurs et relevons le 11 Janvier aux avant-postes le 68e Chasseur:
- le 3ème bataillon à la Tête des Faux,
- le 2ème bataillon à Violu-Bagenelle,
- le 1er bataillon à la Cude.     

Les coups de main classiques reprennent de part et d'autre avec plus ou moins d'activité. Citons les plus importants:

Le 24 février, les Boches décident de nous faire des prisonniers. A 5 h. 50, après 50 minutes d'une forte préparation d'artillerie de tous calibres sur tout le secteur, ils se lancent en trombe sur notre tranchée Ta 38 du Violu-Nord.      Ils tombent sur la 3e Compagnie qui, sans s'émouvoir, entame la lutte à coups de grenades et les met en fuite avec une rapidité telle que les Boches abandonnent tout le matériel qu'ils avaient emporté, grenades, flammenwerfer, fusils etc. Ils laissent aussi un grand nombre de cadavres.     

Six heures après cet échec, les Allemands après une nouvelle préparation plus forte que la précédente font un nouveau coup de main sur la 7e Compagnie à Ta 49 (Fort Regnault).Pas plus que la 3e Compagnie, la 7e ne se laisse intimider. Elle reçoit les intrus comme il convient, à grand renfort de grenades et les Boches, honteux et confus, s'enfuient à toutes jambes en oubliant volontairement cadavres et matériel.     

Le général de Division transmet au 163e RI par un ordre général, ses félicitations les plus vives et fait honneur à la vaillance des poilus.     

Le 27 février, nous ripostons aux tentatives boches par une triple opération.     

Trois de nos groupes commandés chacun par un officier doivent sortir à 14 h. et aller chacun, dans un secteur déterminé, faire sauter des blockhaus ennemis qui nous gênent considérablement et faire des prisonniers si c'est possible.     

A l'heure prévue, les 3 groupes sortent simultanément.     

Le 1er pénètre dans les tranchées allemandes en face de Regnault, fait sauter un blockhaus et une sape où se trouvaient des Allemands.     

Pendant ce travail qui exigeait un certain temps, des Boches viennent en renfort pour contrebattre le groupe.      Une partie du groupe tient l'ennemi en respect jusqu'à l'explosion du blockhaus et de la sape, puis tout le groupe rentre en ramenant ses blessés.     

Le 2e groupe agit de même pour le blockhaus 26 fermé et blindé qui saute à son tour.

Le 3e groupe peut enfoncer la porte d'un blockhaus et s'emparer de 2 prisonniers avant de le faire sauter. Il fait également sauter une sape habitée.     

Le sous-lieutenant, blessé pendant l'opération, continue sa mission jusqu'au bout. Il est blessé une deuxième fois en rentrant.     

Les résultats de cette opération ont dépassé tout espoir.     

Le Général Brécard adresse à ce sujet au Régiment ses plus vives félicitations.     

Le 24 mars, les Allemands tentent un gros coup de main avec deux heures de grosse préparation d'artillerie sur Ta 53 (sous-quartier Regnault, 5e Compagnie). Il est facilement repoussé.     

Entre temps nos patrouilles et reconnaissances, très actives, nous donnent de bons résultats et leurs succès nous valent une note très élogieuse (note 382/3) du Général De la Guiche Commandant la Division.     

Le 23 avril, deux gros coups de main ennemis sur Ta 33 et Ta 27 de Violu-Centre sont encore aisément repoussés à la grenade et au F. M. Les Allemands se retirent en désordre, laissant des morts et des blessés.     

Le 26 avril, le sous-lieutenant Pacchiodo fait un coup de main au cours duquel il trouve la mort dans la tranchée ennemie.     

Le 10 mai, gros coup de main allemand: échec complet.

Le 11 mai même tentative à deux reprises entre Ta 49 et Ta 50 (Fort Regnault). Les Allemands prennent pied un moment dans la tranchée. Ils en sont chassés par une contre-attaque vigoureuse, abandonnent leur matériel et éprouvent de sérieuses pertes.     

Le 3 juin, deux forts coups de mains ennemis, l'un sur Ta 20bis (Violu sud), l'autre sur Ta 36 (Violu centre). Piteux échec. Les Allemands nous laissent leurs armes, munitions et matériel.     

Le 8 et le 9 juin le Régiment est relevé et se dirige sur Géradmer.

Pertes pendant cette période :
- 2 officiers tués,
- 30 hommes tués,
- 102 hommes blessés.