CORTEZ Henri Jean Baptiste
 
15 décembre 1916 : L'assaut du village de Vacherauville près de Verdun
 

Du 9 au 11 novembre, le régiment est relevé pour aller cantonner aux environs de Bar-le-Duc. Une période d'instruction et d'exercice préparatoires à la nouvelle offensive projetée qui commence le 13 novembre. Les manoeuvres de cadres se poursuivent du 13 novembre au 9 décembre. L'entrain de tous est ramarquable. Le lieutenant-colonel de Gail prit le commandement du 112ème Régiment d'Infanterie le 19 novembre. Les 10 et 11 décembre, le régiment monte en secteur pour l'attaque de la Côte du Poivre qui, avec le village de Louvemont à l'est, de Vacherauville à l'ouest, devait être l'objectif de 8 divisions (4 d'attaque, 4 de réserve). La 126ème Division d'Infanterie était division d'attaque. Le 112ème Régiment d'Infanterie avait pour objectif Vacherauville et la route de Vacherauville à Louvemont. Le village étaut défendu en avant par trois lignes successives de tranchées : la tranchée Biberach, la tranchée Berthmann, la tranchée Kiderlin.

La préparation d'artillerie, peu intense, commence le 13 décembre. Le 14, à 20h10, l'ordre arrive d'attaquer le lendemain à 10h. Doze brèches de six mètres chacune sont ouvertes dans notre réseau à 6h. Le 15 décembre toutes les unités sont en place selon le dispositif suivant :

- le bataillon Morat (1er bataillon), avait en 1ère ligne les compagnies Palanque (2ème) et Ebener (3ème); en 2ème ligne, les compagnies Dugua (1ère) C.M. 1. Sa gauche, s'appuyant sur le Canal de l'Est avec le peloton Ebano (3ème), était en liaison avec le 55ème Régiment d'Infanterie par un peloton de la 11ème. Le commandant Morat avait à sa disposition un canon de 37mm, une section du génie et une demi-section de pionniers. Les objectifs intermédiaires du bataillon étaient les tranchées Biberach, Berthmann et le boyau Bülow. L'objectif final était la contre-pente en arrière de la crête que gravit la route de Vacherauville à Louvemont.

- le bataillon Thinus (3ème bataillon) en 2ème ligne avec, à droite, la compagnie Onofri (10ème) et trois sections de la C.M. 3 (capitaine Pizot). A gauce, appuyés au canal, le peloton restant de la 11ème compagnie (capiaine Maigrot) et une section de mitrailleuses. La compagnie Guieu (9ème) était en réserve du régiment. Le commandant Thinus disposait aussi d'un canon de 37 mm, d'un peloton de sapeurs-bombardiers, d'une section du génie et d'une escouade de pionniers. Sa mission était de réduire le centre de résistance constitué par Vacherauville. Ses objectifs : les lisières Nord Nord-Ouest et Nord-Est de ce village.

Opérations du bataillon Morat : La 2ème compagnie trouve effondrée et inoccupée la tranchée Biberach. Elle rencontre un essai de résistance promptement réglé dans la tranchée Berthmann. Les deux premières sections (lieutenant Palanque) dépasse, sans la reconnaître, la route de Vacherauville-Louvemont, défoncée par les obus, et dévalent jusqu'à la route de Beaumont où elles sont arrêtées par le feu de mitrailleuses. Les deux autres sections s'arrêtent à la tranchée Kiderlin qu'elles organisent, en liaison avec la gauche du 55ème Régiment d'Infanterie. Le lieutenant Palanque, grièvement blessé, est remplacé par le lieutenant Beauvais. La 3ème compagnie gagne rapidement ses objectifs. Le peloton Ebener s'installe dans la tranchée Berthmann et le peloton Ebano dans le boyau de Berthmann qu'il nettoie de ses défenseurs. La 1ère compagnie atteint aussi son objectif : la partie est de la tranchée Berthmann. Les Allemands se rendaient de toutes parts et gagnaienr d'eux-mêmes l'arrière. Le bataillon fit ainsi plus de 100 prisonniers.

Opérations du bataillon Thimus : La 10ème compagni, après avoir subi de 9h à 10h un bombardement violent, sort de ses tranchées à l'heure H à la suite du bataillon Morat. Formée en petites colonnes, elle traverse le tir de barrage allemand sous les feux de mitrailleuses des avions ennemis et entre dans Vacherauville au pas de charge. Les défenseurs du village (2 compagnies), terrés dans les caves, sont surpris par la vigueur de l'attaque mais tentent de résister.

Pendant que les nettoyeurs font environ 300 prisonniers, s'emparent de 3 mitrailleuses et d'une grande quantité de matériel, les 10ème et 11ème compagnies se portent rapidement sur leurs objectifs définitifs et organisent leur position.

A 10h30, chacun des deux bataillons est renforcé par une section de la compagnie Guieu. A 12h, les Allemands tentent une contre-attaque qui est repoussée. La compagnie Palanque, diminuée du peloton aventuré sur la route de Beaumont, est renfornée par la compagnie Dugua. Vers 15h30, l'aspirant Waringhem, qui a réussi à se replier, ramène le peloton. Vers 17h30, la 7ème compagnie rejoint le bataillon Morat sur l'ordre du général commandant la 126ème division.

Opérations du bataillon Morat : Après avoir envoyé la compagnie Caire en renfort, le commandant Moyret se trouvait réduit à deux compagnies la compagnie Paccini (8ème) et la compagnie Verdollin (6ème).

Le 15 décembre, à 22h30, il reçoit l'ordre de se porter dans le secteur du 55ème Régiment d'Infanterie pour réduire une poche formée par deux tranchées ennemies non encore occupées. Le 16, à 4h du matin, la 6ème compagnie attaqueà la grenade une des tranchées et s'en empare. A 10h, le bataillon avait rempli sa mission et assurait la liaison avec le 55ème Régiment d'Infanterie.

Cette attaque des 15 et 16 décembre constituait un magnifique succès pour le 112ème Régiment d'Infanterie. Les objectifs avaient été atteints sans pertes considérables. Trois officiers furent blessés dont l'un, le lieutenant Palanque, mourut à l'ambulance. La troupe eut 27 tués, 102 blessés, 91 disparus. Les prisonniers furent évalués à 450 dont 4 lieutenants. Un chef de bataillon fut abattu à bout portant devant son PC par l'adjudant Jambette de la 11ème compagnie.

Le butin de guerre fut important : 4 lance-bombes, 6 lance-grenades, 6 mitrailleuses qui furent retournées contre les Allemands.

A la suite de ce combat le sous-lieutenant Henri Cortez est cité à l'ordre du Corps d'Armée : "Officier très brave. A l'assaut du 15 décembre 1916, a sauté le premier dans une tranché ennemie et a fait de sa main sept prisonniers."

 
20 août 1917 : L'assaut du Talou
 

Du 13 au 17 août, la pluie tomba presque sans interruption, gênant la préparation d'artillerie. Le 16, et dans la nuit du 17 au 18, des reconnaissances hardies (sous-lieutenants Dupuy et Cortez), rapportèrent d'utiles renseignements sur les destructions effectuées par l'artillerie. Le 17 août, notre bombardement commenca à devenir intense. Le 19 août, la pluie ayant cessé, le terrain s'étant raffermit, tout était prêt pour l'attaque qui devait être menée par deux bataillons en profondeur.

A droite, le bataillon Moyrat (1er) avait pour premier objectif les ouvrages 72.39 et 71.36 encerclés de fil de fer, renfermant des sapes profondes et garnies de mitrailleuses ; la tranchée du ravin de Vaudoine, creusée à contre-pente. Puis, il devait traverser le ravin et s'installer sur la position intermédiaire entre les points 69.46 et 65.45.
A gauche le bataillon Thinus (3ème) devait attaquer la tranchée Mackensen, réduire l'ouvrage d'Hector et s'installer sur la position intermédiaire entre les points 64.45 et 60.43. La mission de ce bataillon était des plus ardues à cause de l'importance de l'ouvrage d'Hector. Le bataillon Moyret (2ème), placé en réserve de division, devait se porter à la hauteur de l'ouvrage d'Hector et de l'Enfontaine, après le déclenchement de l'attaque pour en assurer l'occupation.

Le 20 août à 4h40, les bataillons d'assaut s'élancèrent hors de la tranchée de départ. De l'observatoire du colonel, il était impossible d'apercevoir les tranchées de départ, ni même le Talou, aussi, dès 5h05, le colonel transporta-t-il son observatoire dans un trou d'obus sur les pentes du ravin de Vaudoine, après avoir essuyé les rafales d'une mitrailleuse qui blessa son officier adjoint, le lieutenant Tardieu.

Opérations du 3ème bataillon : Le bataillon sort à 4h40 de la tranchée de départ sous un bombardement peu serré. Sa progression est normale jusqu'à cent mètres de la tranchée Mackensen où les vagues d'assaut entrent dans le barrage ennemi. Deux mitrailleuses allemandes sont en action dans cette tranchée. La compagnie Rossin (9ème) les déborde, les réduit et les capture. Puis, sous les obus qui font rage, elle se rue sur l'ouvrage d'Hector, saute dans la tranchée bouleversée, encombrée de cadavres pris dans un enchevêtrement de rails tordus et écrasés sous des débris de blocs de ciment, surprend 55 soldats ennemis, s'empare d'un canon révolver et d'un minenwerfer. A gauche, la compagnie Onofri (10ème) capture, après un vif combat, 40 soldats qui venaient de sortir de l'ouvrage d'Hector et qui avaient commencé à ouvrir le feu. Après un arrêt de quelques minutes, la progression continue jusqu'à la position intermédiaire où, dès l'arrivée, une section organise le terrain sous le bombardement et prend toutes les dispositions utiles pour faire face aux contre-attaques.

Opérations du 1er bataillon : Le bataillon Morat sort de la tranchée de départ à l'heure H. Il traverse le ravin de Vacherauville sous un tir de barrage extrêmement violent et arrive à son premier objectif. L'ouvrage 71.36 a été bouleversé par notre artillerie et toutes les entrées de sapes sont obstruées. L'ouvrage 72.39 se défend encore. Il est débordé, pris d'assaut, une mitrailleuse y est capturée. Notre progression continue résolument malgré les barrages et les tirs indirects. Le bataillon fait une vingtaine de prisonniers et s'établit sur la position intermédiaire.

Opérations du 3ème bataillon : Le bataillon Moyret, franchissant le tir de barrage, vient occuper l'ouvrage d'Hector, la tranchée de Vaudoine et l'ouvrage de l'Enfontaine.

Cette attaque coûtait au 112ème Régiment d'Infanterie cinq officiers blessés, dont le sous-lieutenant Girard qui mourut des suites de sa blessure et pour la troupe 14 tués, 175 blessés et 28 disparus.

A la suite de ce combat le sous-lieutenant Henri Cortez est cité à l'ordre de la Brigade : "Officier du plus beau courage. Le 20 août 1917, a entrainé sa section à l'assaut avec un sang-froid remarquable."

 
La bataille du Santerre-Arvillers du 9 au 11 août 1918
 

Le 8 août, le 112ème Régiment d'Infanterie, alerté à 3h, vient occuper ses emplacements de soutien sur les deux rives de la Noye.

A 4h20, la troisième bataille de la Somme s'engage. Le régiment suit d'abord la progression des troupes d'attaque, puis le 9 août, passe en première ligne dans la région de Fresnoy-en-Chaussée et d'Hangest.

A 15h, le 3ème bataillon du 112ème Régiment d'Infanterie (capitaine Bartholoni) entre dans la mêlée, en renfort du 55ème Régiment d'Infanterie. Il s'empare de la station d'Hangest, après une lutte sévère.

Le 10 août, à 4h30 le régiment est rassemblé à la hauteur de Berchoir (1er et 2ème bataillon en 1ère ligne, 3ème bataillon en soutien). L'objectif de ce jour est le bois Z au bord de la route de Roye.

Dans un terrain semé d'embûches, où trous d'obus et organisations anciennes permettent de dissimuler de nombreuses mitrailleuses, les bataillons se portent enavant et progressent lentement mais sûrement, jusqu'à la route d'Erches à Le Quesnoy. Là, court arrêt : du bois 98 partent des rafales de mitrailleuses et le tir de barrage de l'artillerie s'intensifie aux abords de la route et du carrefour. La compagnie Quilgars (5ème), aidée par la section Richaud de la 7ème, attaque le bois et s'en empare.

Au-delà le terrain devient de plus en plus difficile. Bien que les Britanniques, à gauche, soient arrêtés, devant le bois Carré et que des éléments de la 153ème Division d'Infanterie, à droite, ne puissent déboucher d'Andrechy, le 1er batailon du 112ème RI s'empare de la Cambuse, sur la route nationale, et le 2ème bataillon du 112ème RI dépasse le chemin d'Andrechy à Damery. Le bois Z est maintenant tout près.

Mais ce bois se révèle formidablement défendu. Une attaque en règle avec préparation d'artillerie est nécéssaire. Il faut attendre. La nuit est arrivée : les 1er et 3ème bataillons prennent les avant-postes de combat, tandis que le 2ème est placé en réserve.

Le 11 août à 14h30, c'est l'attaque du bois Z par le 1er et le 3ème bataillon. La 2ème compagnie (capitaine Davignon), à gauche, prend pied dans le bois, et la 1ère (capitaine Cazalis) arrive aux lisières, malgré la perte de son chef, blessé au départ d'assaut. Mais l'ennemi contre-attaque la 3ème et la menace d'encerclement. Elle doit dse replier. Le 3ème bataillon a progressé jusqu'à 150 m de la lisière du bois. Là, le barrage et les feux des mitrailleuses l'ont cloué sur place.

De leur côté les Britanniques se replient en deça de la ligne atteinte par le 1er bataillon du 112ème RI, mais les bataillons du 112ème tiennent ferme.

A 17h30, une nouvelle attaque permet de s'emparer de la dernière ligne de tranchées qui couvre le bois. Une forte contre-ataque ennemie essaie de la reprendre, mais elle est repoussée. La nuit tombe et les bataillons s'organisent sur place.

A la suite de ces combat le sous-lieutenant Henri Cortez est cité à l'ordre du Corps d'Armée : "Officier mitrailleur calme et énergique. Le 11 août 1918 nos éléments avancés ayant conquis un bois, a judicieusement placé sa section sur le flanc découvert du Bataillon, neutralisant par ses feux une puissante contre-attaque ennemie. A ainsi rétabli la situation, infligeant de lourdes pertes à l'adversaire."

 
Les batailles de Santerre, Fresnoy-les-Roye, Nesle du 26 au 31 août 1918
 

Malgré des pertes sensibles, malgré la chaleur, le 112e fournit un deuxième et puissant effort. Relevant la 3e brigade canadienne, il se lance à l’assaut de Fresnoy-les-Roye le 26 Août à l’aube. Collant au barrage roulant, les bataillons Bartholoni et Moyret traversent le village et vont s’organiser au-delà après avoir capturé de nombreux prisonniers et un important butin. L’ennemi crible les troupes d’obus et se replie il faut à tout prix conserver le contact. Maintenant le combat avec les arrières-gardes, le 112e R.I. s’empare successivement de Crémery - Sept-Fours - Liancourt sous de violents barrages, il progresse vers Nesle dont il s’empare le 28 Août.
Les Allemands reculent toujours, malgré la fatigue, malgré la soif, malgré les pertes, ceux qui restent n’abandonnent pas la tâche, talonnant sans cesse l’ennemi, se heurtant parfois violemment à ses arrières-gardes (Languevoisin - Quiquery) ils arrivent le 31 Août au canal du Nord, importante ligne que les Allemands défendent avec fureur. Les barrages ennemis sont extrêmement violents les gaz délétères répandus avec abondance, le 112e rassemble toute son énergie dans un splendide effort, il bouscule l’ennemi et établit une tête de pont.

A la suite de ce combat le sous-lieutenant Henri Cortez est cité à l'ordre de la Division : "Jeune officier-mitrailleur dont l'ardeur et l'activité courageuse ont été admirables pendant les combats du 29 au 30 août 1918. Le 27 août, chargé de protéger le flanc gauche de son bataillon, est allé seul en avant et sous un feu violent de mitrailleuses, reconnaître le terrain. A réussi, après de longs efforts, à mettre en batterie, et à réduire au silence les mitrailleuses ennemies, restant en position pendant douze heures consécutives."