Lucane cerf-volant
(Lucanus cervus)

Lucanus cervus est une espèce de coléoptère de la famille des Lucanidae, sous-famille des Lucaninae, de la tribu des Lucanini et du genre Lucanus, vivant en Europe. Il est couramment appelé Lucane cerf-volant (pour le mâle) ou Grande biche (pour la femelle).

Ces scarabées peuvent mesurer jusqu'à 8,5 voire 9 centimètres de long, ce qui est particulièrement remarquable pour un insecte. Il s'agit d'ailleurs du plus impressionnant coléoptère d'Europe ! La taille de l'individu résulte de la qualité nutritionnelle du bois mais dans certaines régions du Sud-Ouest de la France, les Lucanes ont tendance à être plus grands que la norme les qualifiant ainsi de "major" par opposition aux "minor" et aux "medium". Cet insecte xylophage se présente sous la forme d'un gros scarabée brun-noir avec des nuances bordeaux et est doté de mandibules très impressionnantes laissant songer à des bois de cerfs, d'où le nom "Lucane Cerf Volant". Cette particularité physique n'est présente que chez le mâle de l'espèce car la femelle est plus petite et possède des mandibules beaucoup plus restreintes mais plus puissantes. À noter également que le le dimorphisme sexuel est lui-même hors-norme.

La larve blanche, translucide à tête orangée, saproxylophage (qui consomme uniquement du bois mort), se nourrirait durant 3 à 6 années de bois mort ou pourrissant, jusqu'à atteindre 8 à 10 cm pour les larves mâles.

Le moment venu, elles s'enterrent et se confectionnent une loge à leur mesure. Elles s'y transformeront en nymphes, puis en insectes volants l'automne venu, mais ces derniers n'émergeront qu'au début de l'été suivant.

Une fois métamorphosée en imago, l'individu vit sur ses réserves jusqu'à l'accouplement et la mort. Le scarabée adulte peut toutefois se nourrir de nectar, de fruits et de sève émise par les plaies des arbres pour prolonger sa vie et se restaurer.

Face aux menaces, le lucane mâle affiche ses mandibules, celles-ci sont puissantes et permettent de pincer fortement. Elles servent également à pousser ou saisir et éjecter d'éventuels opposants.

Les larves subissent les assauts de guêpes et autres coléoptères carnivores tel la Cicindèle des champs, petit, vert à taches et pinces jaunes).

Lors de la reproduction, les adultes s'affichent largement sur l'écorce des arbres, ce qui indique que ses prédateurs doivent être rares. Les lucanes cerf-volants sont la proie des pies, geais et autres animaux. Il est ainsi possible de trouver de nombreux cadavres sous les arbres, dont souvent seul l'abdomen est consommé.

La reproduction se fait vers juillet, les mâles et femelles se retrouvent sur des chênes malades et se nourrissent en léchant les plaies de l'arbre. Le mâle utilise ses grandes mandibules pour ramener sous lui une femelle et attraper et éjecter les concurrents à la manière d'un lutteur grec. Une fois une femelle rabattue sous lui, il reste au-dessus d'elle, utilisant sa taille double pour la couvrir physiquement et l'« enfermer » entre ses pattes. Le couple peut aussi se placer au-dessus d'une plaie de l'arbre pour profiter du jus qui en sort.

Le couple peut s'accoupler plusieurs fois, durant de courtes périodes (environ 2 minutes chacune). Le mâle se retire à l'approche d'un observateur et se dresse pour repousser toute menace à l'aide de ses mandibules.

D'autres mâles peuvent s'approcher, attirés par la femelle, mais les assauts qui s'ensuivent sont très timides et ne présentent pas une réelle menace pour un couple déjà installé.

La femelle pond dans la terre, au pied d'une source nourricière pour ses futures larves (un arbre mort, un arbre malade : chêne, hêtre, pommier...)

Les lucanes mâles semblent mourir après l'accouplement et les femelles après la ponte. On peut retrouver les exosquelettes aux pieds des arbres qui accueillent encore les autres couples.

Les oiseaux, comme le geai par exemple, mangent l'arrière du lucane cerf-volant, ce qui explique qu'on trouve des têtes en forêt.

L'espèce est actuellement protégée mais continue à se raréfier géographiquement, en gardant des poches de présence.

19 juillet 2016 : Sur le plateau du Plan d'Aups
 
 
 
 
Photos : Frédéric Portalier