Les origines
(d'après un travail de Maurice Agulhon)
 

Les troubles de l'an III, de l'an IV, de l'an V, sont dus principalement à la fin de la Terreur Montagnarde qui contraignait au silence et à l'inaction les ennemis de la République et maintenait les émigrés hors les frontières. A partir de l'an III ces derniers reviennent en France, et relèvent la tête. C'est la Terreur blanche. On la retrouve particulièrement intense dans une commune comme Pourrières qui deviendra un des pôles du brigandage.

Avec le coup d'Etat Républicain du 18 fructidor de l'an V les choses commencent à changer :

  • les administrations municipales sont changées partout où c'est possible dans un sens républicain,
  • l'armée que le traité de Campo-Formio libèe pour quelques mois de la guerre d'Italie, sillonner la grand'route qui traverse le Var d'est en ouest et prête main forte lorsqu'on en a besoin,,
  • le décret du 19 fructidor prévoit la peine de mort pour les émigrés rentrés, ce qui contraint de nouveau à la fuite des masses d'hommes. Les riches partent à l'étanger et les plus pauvres entrent dans la clandestinité dans les bois.

A partir de l'an VI la Terreur blanche est donc de moins en moins urbaine. Elle prend de plus en plus la forme d'une lutte clandestine et rurale qui crée un climat d'insécurité endémique dans les zones mal accessibles. Tous les éléments d'un brigandage classique sont réunis.

Les faits les plus importants se produisent dans le nord-oust varois forestier. Dans le seul village de Pourrières, en un seul mois, 18 Républicains sont tués par des "brigands" royalistes.

Une autre raison tient à la conjoncture économique. En l'an V, c'est le retour à la monnaie métallique dont l'excéssive rareté augmente le pouvoir d'achat, et fait baisser ainsi le cours des produits agricoles, transportant le malaise social des villes vers les campagnes.

Le vote de la loi Jourdan (fructidor de l'an VI) instituant la conscription obligatoire, conduit de nombreux villageois à prendre le maquis. Ils se regroupent par bandes dans les bois d'où ils ne sortent que pour accomplir des raids plus alimentaires que politiques prenant pour cible des fermées isolées ou des voyageurs.

C'est en cette époque que le Var est doté d'un nouveau chef. Le 15 floréal an VI, le Saint-Maximinois Gabriel Joseph Xavier RICARD qui a été membre des Etats Généraux, puis de la Constituante, est nommé Commissaire du Directoire exécutif.

Le 15 brumaire de l'an VII, RICARD écrit au Ministre de la Police Générale "les réquisitionnaires et conscrits des communes de La Roquebrussane et Tavernes se sont retirés armés dans les bois et bravent l'autorité publique". Il ajoute que ceux de Rians ont fait de même "et bravent au milieu des bois la troupe de ligne qui est en garnison dans la commune". Dès lors il n'est pas un de ses rapports qui ne fasse état d'actes de brigandage et d'opérations répressives.

Le 16 frimaire de l'an VII, RICARD écrit "... les émigrés, les égorgeurs, les gens sans aveu, et quelques réquisitionnaires se sont rassemblés à l'ouest du département du Var; leur nombre d'après des renseignements certains s'élève à environ 160. Deux compagniers de la 34ème demi-brigade les ont tenu en haleine, mais protégés par les gens du pays, ils se sont soustraits à toutes perquisitions". Il propose pour les traquer d'organiser cinq colonnes mobiles.

Après des semaines infructueuses, le 22 nivôse de l'an VII, une des colonnes accroche enfin une bande de 30 brigands dans la Sambuc. Deux brigands sont tués, un d'entre eux est blessé et quelques armes sont prises. La collonne poursuit la bande jusqu'à Saint-Savournin.

Pendant ce temps, plus au nord du département, une autre colonne mobile capture le 26 nivôse de l'an VII, entre Vinon et Saint-Paul-lez-Durance, trois évadés des prisons de Nice.

Le 15 ventôse de l'an VII, un détachement accroche dans les bois d'Ollières 25 brigands qui prennent la fuite en abandonnant leur butin. En outre un des brigands assassins d'Auriol est reconnu parmi les charbonniers. Le capitaine polonais, chef du détachement, le fait fusiller sur le champ.

Le 13 pluviôse de l'an VIII, l'agent municipal de Saint-Maximin Maunier écrit directement au Ministre de l'Intérieur "Il y a dans la forêt d'Ollières cent brigands armés, on assassine sans cesse. Les habitants de Saint-Maximin pour n'avoir pas voulu transiger avec ces scélérats ne peuvent plus quitter leurs foyers. Toutes les personnes volées sur les routes s'accordent à dire qu'on demande les passeports pour les compulser sur les listes qu'ils ont en mains. Après mûr examen, ils le rendent et disent : vous êtes heureux de n'être pas compris dans la liste de votre pays et surtout de ne pas être de ces coquins de Saint-Maximin, car il faut qu'il ne reste pas un de ces scélérats de patriotes".

Au début du mois de germinal de l'an VIII, Gabriel Joseph Xavier RICARD est nommé Préfet de l'Isère et Joseph FAUCHET est envoyé dans le Var pour le remplacer. Débarrasser le département des bandes de brigands sera une des principales préoccupations du premier Préfet du Var.