TEMOIGNAGE SUR LE DERNIER BARBIER DU VILLAGE
Propos recueillis le 27 août 2009 par C. CRESPIN et A.GERVAIS

 

Monsieur Henri LUQUET est l’ancien coiffeur de Nans les Pins. Dés son plus jeune âge, Henri a été formé à ce métier par son père François qui tenait un salon de coiffure dans la Grand’ Rue, au n° 26. Ce salon a déménagé plusieurs fois avant de se fixer définitivement au n ° 17 de la même Grand rue.
Henri a d’abord commencé par mettre la mousse sur la barbe des clients, son père assurant le rasage au couteau, opération très délicate qui demande beaucoup d’attention et de dextérité. Au fil du temps, étape par étape, Henri a réussi à maîtriser parfaitement cette prestation : « J’ai rasé mon premier client à l’âge de 15 ans. Au début, nous confie-t-il, c’est moi qui avais le trac et non les clients qui me faisaient entièrement confiance !! »
A l’époque des débuts d’Henri, Nans les Pins était partagé en deux grands groupes politiques, symbolisés par deux cercles : le cercle des Rouges et le cercle des Blancs. Mais la plupart d’entre eux se retrouvaient chez monsieur LUQUET pour se faire coiffer ou raser. Le salon de coiffure était devenu un lieu de rencontre des uns et des autres et tout se passait très bien. L’histoire de ce salon de coiffure fourmille de mille anecdotes qu’il serait très long de raconter ici.
Monsieur LUQUET était agriculteur, comme la majorité des gens du village. Il pratiquait son métier de coiffeur après sa journée de travail aux champs, cette deuxième activité durait environ deux heures. Sauf les samedis et dimanches où le salon était ouvert, et la journée se terminait quelques fois autour de minuit. Il nous rapporte « Un soir de Noël les derniers clients étaient encore dans le salon, alors que les paroissiens sortaient de la messe de minuit ».
Cela faisait de très nombreuses heures de travail et nous comprenons que ces fins de journées étaient en plus, parfois, particulièrement ani-mées.
Il nous confie que sa mère passait toute la jour-née du lundi au lavoir pour lessiver les serviettes de la semaine.
Henri a pris sa retraite en 2000 au grand regret de tous ses clients, y compris les plus jeunes, qui avaient su apprécier l’ambiance et la convivialité qui régnaient dans ce salon.

 
© Nans Autrefois