Embuscade du 15 août 1944 au Castellas
 
d'après le témoignage de Georges JEAN recueilli par Alain DECANIS
 

Le 15 août 1944, jour du débarquement, le poste avancé du Castellas situé sur un piton rocheux dominant la route nationale 560, est investi par vingt résistants qui se tiennent prêts. L'instituteur du village, Monsieur Guyader, agant de liaison entre le PC de la Bouisse et la guérilla de Brue-Auriac, a pour mission de signaler le déplacements des troupes allemandes.

Le 17 août 1944, à quinze heures, un convoi de soldats à pied et de mulets se trouve à Barjols. Il doit emprunter la route de Barjols à Brue-Auriac. L'ordre est donné à la guérilla de Brue-Auriac de l'attaquer. Marius Rastegue, sergent de réserve qui commande le groupe en l'absence du premier Maître de Marine André Le Roux, répète une dernière fois les instructions :
- laisser le convoi atteindre la partie centrale du ruban de route visible avant d'ouvrir le feu,
- ne pas tirer s'il s'agit d'un convoi motorisé important.

Sont présents, outre Marius Rastegue, Albert Reynier, Louis Aumage, Siméon Audibert, Ernest Fabre, Fernand Audibert (servant la mitrailleuse), Pierre Abello, Raoul Authieu, Louis Gautier, Maurice Gautier, Baptiste Calegari, Sylvain Auvet, Paul Autran (tireur de la mitrailleuse), Robert Maille, Bernard Dupont, Georges Doudon, Georges Jean et Eugène Guyader.
Albert Guigou, fils du Maire de la commune, ainsi que René Viserie sont au PC de Sceaux.

Vers seize heures, un camion, chargé de soldats allemandes armes en main, fait son apparition. Lorsqu'il arrive au dessous des ruines du Castellas, on aperçoit plusieurs autres véhicules qui le suivent. Les résistants s'interrogent, mais, déjà, un coup de feu claque. Aussitôt les armes crépitent, la mitrailleuse entre en action. Les Allemands ripostent, des éclats de rochers jaillissent. Un officier qui se trouve au milieu de la route crie des ordres. Des obusiers sont mis en position de tir. Les premiers obus éclatent Trop courts, ils tombent entre la route et le Castellas. Pendant ce temps, tout en poursuivant leur tir, des soldats grimpent, de l'autre côté de la route, pour se mettre à couvert dans les fourrés. Soudain, une fumée dense monte de la route. Elle provient d'un feu que les Allemands viennent de mettre aux buissons, afin de se dissimuler derrière l'écran de fumée. Des obus éclatent maintenant dans le dos des assaillants. Tous à coup, la mitrailleuse se tait, enrayée. Immédiatement l'ordre de décrochage est donné. En un instant le Castellas est évacué.

Alors que les hommes se replient comme convenu à travers bois vers le camp de Martine, la fusillade se poursuit dans la direction de Barjols. Les Résistants s'interrogent : les Allemands ont-ils reçu l'ordre de les poursuivre ? Dans ce cas il faut éviter de se rendre à Martine car le camp utilisé uniquement comme dépôt d'armement n'est pas aménagé pour être défendu efficacement. L'ordre de dispersion est alors donné, avec regroupement le soir même à la ferme Les Maurels, située sur la commune de Barjols. A vingt heures pratiquement tout le monde a rejoint le point de ralliement. Seuls deux hommes manquent à l'appel. Ce n'est que le lendemain que l'on apprendra avec soulagement qu'ils ont dû rester cachés sous un pont pour se soustraire aux recherches des Allemands, mais qu'ils sont sains et saufs.