Intervention de l'INRAP dans le quartier des Arcades en 2014
 
Responsable d’opération : Robert Thernot
Rapport final d'opération : http://dolia.inrap.fr/flora/ark:/12345/0135265
 

1 - L’immeuble étudié, situé 41 rue Colbert, appartient à une série de maisons d’origine médiévale, protégées au titre des Monuments historiques et dotées au rez-de-chaussée d’une galerie d’arcades. La rue Colbert est l’ancienne « rue des Juifs », la cité ayant abrité une active communauté hébraïque jusqu’au rattachement de la Provence au royaume de France.

2 - Dès le premier Moyen Âge le bourg ecclésial de Saint-Maximin est un relai sur la route de pèlerinage vers la grotte de la Sainte-Baume, l’ermitage de Marie-Madeleine. Il devient à la fin du xiiie s. un centre de pèlerinage attractif avec l’invention des reliques de la sainte et connaît un développement urbain dont témoignent les tracés de ses deux enceintes successives, inscrits dans le tissu urbain. La rue Colbert correspond à la lice extérieure de la première enceinte et se trouve donc incluse dans le périmètre de la seconde construite au début du xive s.

3 - Le sondage ouvert dans l’arrière-cour a révèlé, grâce à la céramique, une occupation de la lice intérieure dans la fourchette fin xiiie-xive s. L’étude de bâti a mis en évidence un tronçon de l’enceinte romane. Ce mur large de 1 m à la base se réduit à 0,80 m aux étages. Le parement régulier en moellons et petits blocs de calcaire dur est soigneusement jointoyé au mortier de chaux. Son mode de construction l’apparente à celui du xiie s.

4 - Au cours de la deuxième phase, des maisons viennent s’appuyer sur le parement extérieur de l’enceinte. Elles se composent de murs de refend en petit appareil, s’élevant jusqu’aux combles actuels, et d’un mur de façade parementé en moyen appareil de blocs taillés, conservé uniquement au rez-de-chaussée. Trois unités mitoyennes comportent chacune une porte piétonne et une porte d’atelier ou de boutique, dont l’une a conservé son linteau monolithique en bâtière. Les niveaux de circulation de cette période semblent devoir être restitués au moins 0,50 m plus bas que le niveau actuel. D’après les données historiques et les indices architecturaux, cette phase pourrait se situer entre le xiie et le xiiie s.

5 - La troisième phase se caractérise par la construction d’une nouvelle façade en avant de la première de façon à créer au rez-de-chaussée une galerie d’arcades devant les boutiques. Les arcades en arc brisé sont construites par paires sur le même modèle. Elles sont revêtues à l’extérieur par un moyen appareil de blocs de calcaire dur ; aux étages, la nouvelle façade en blocage est simplement enduite. Ces transformations interviennent sans doute dans le cours du xive s. Dans le même temps, des caves sont creusées dessous les pièces du rez-de-chaussée, déchaussant les fondations des murs antérieurs. Ces caves sont couvertes de planchers, fixant les niveaux de circulation actuels.

6 - La quatrième phase se caractérise par le percement de communications à travers l’ancien mur d’enceinte. L’une des maisons bénéficie de la construction au revers de l’enceinte d’un bâtiment qui abrite une cage d’escalier en vis dans œuvre. Sur les paliers s’ouvrent des portes ayant conservé leur chambranle de plâtre à couvrement en accolade. Les quelques indices stylistiques et architecturaux invitent à situer cette phase autour du xvie s.

 
Saint-Maximin, plan phasé du premier niveau du 41, rue Colbert
Relevés R. Thernot et C. Barra, DAO Frédéric Guériel
 
 

Référence papier de cet article :

Robert Thernot, « Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var). 41, rue Colbert », Archéologie médiévale, 45 | 2015, 190-191.

Référence électronique de cet article :

Robert Thernot, « Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var). 41, rue Colbert » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 45 | 2015, mis en ligne le 15 février 2018.
http://journals.openedition.org/archeomed/7637