La Provence
13 mars 2011

 

Canton de Saint-Maximin : une élection qui traverse les frontières

 
Dans le canton du président du Conseil général du Var, ce sont les salariés des Bouches-du-Rhône qui font l'élection
 
55,3%. Non ce n'est pas un score canon mais la proportion "d'actifs" qui vivent dans le canton de Saint-Maximin et travaillent dans les Bouches-du-Rhône (1). Ceux de Saint-Zacharie ou Plan-d'Aups gagnent leur vie du côté d'Aubagne. À Rousset, Atmel et STMicroélectronics emploieraient à elles deux 350 salariés domiciliés à Saint-Maximin, 17 kilomètres plus loin.
Horace Lanfranchi (UMP) et sa suppléante, Christine Dorgal, qui est également sa fille, vendredi soir à Saint-Zacharie. (Photo A.K).
En clair, ce sont eux qui font l'élection ! Le président UMP du conseil général a retapé la départementale 560 "pour faciliter leurs trajets, matin et soir", de Saint-Zacharie au reste du pays de l'Étoile. À Saint-Maximin, il a suivi la même logique. Et c'est sur ce bilan qu'il fait campagne, détaillant les chantiers qu'il a financés, chiffres à l'appui. En réunion publique vendredi soir à Saint-Zacharie, il longuement commenté les diapositives illustrant les réalisations les plus récentes, comme un touriste présentant ses photos de vacances à ses amis.
Collège: 280 000 euros, crèche: 106 000 euros, etc. Assuré du soutien de six maires sur huit et fort d'une victoire confortable en 2004, avec 50% au second tour face au FN et à la gauche, Horace Lanfranchi ne devrait avoir aucun souci à se faire concernant sa réélection. Quoique. Son adversaire socialiste, Alain Decanis, soutenu dès le 1er tour par Europe Ecologie est un coriace. Ce prof de maths laboure le terrain depuis plusieurs mois.
Avec Jean-Louis Canal, maire de Rousset, il a monté un projet de nouvelle zone d'entreprise : argument qui pourrait résonner aux oreilles des salariés tournés vers les Bouches-du-Rhône. Sur le plan des institutions, il est d'ailleurs hostile à un enfermement du canton dans les frontières varoises, qualifiant "d'hérésie" l'intention du préfet de créer un schéma de cohérence territoriale promettant à un avenir commun Saint-Maximin, Barjols, Garéoult et Brignoles, le représentant de l'État refusant tout nouveau rapprochement entre communes varoises et bucco-rhodaniennes.
Loin de ce débat technique, un choix de l'actuel conseiller général peut lui apporter autant de voix qu'il peut lui en coûter: il a choisi sa fille pour suppléante. Choix parfaitement assumé: l'intéressée met en avant ses "25 ans d'expérience" professionnelle et le travail réalisé comme deuxième adjointe au maire de Saint-Maximin. Jean-Marcel Cantisano, candidat FN peste contre ces "candidatures familiales", d'autant qu'il ne trouve pas si extraordinaire le bilan d'Horace Lanfranchi. "S'il n'avait rien fait comme président, cela eut été inconcevable".
La communiste Catherine Lecoq, au nom du front de gauche s'étonne de son côté que le candidat sortant "n'inscrive pas en gros son appartenance politique sur ses affiches". Nulle part, les trois lettres du sigle UMP. Un "manque de courage" pour cette artiste de profession. Horace Lanfranchi a trois adversaires déclarés. Dans son propre camp, il n'a pas que des amis.
Assurée de garder la majorité à l'issue de ce scrutin - elle détient 31 sièges sur 43 - la "majorité départementale" laisse fuiter le nom de successeurs possibles, comme le maire de Carqueiranne Marc Giraud, au cas où elle perdait ce canton. En vieux sage, l'actuel président se garde de tout pronostic enflammé quant à sa réélection: "Je fais ce qui est nécessaire".

(1) Chiffre 2007. Source Insee
 
Patrice MAGGIO (pmaggio@laprovence-presse.fr )