VAR MATIN
11 février 2011

 
Horace Lanfranchi : le choix de Christine suscite la polémique
 
La rumeur a longtemps couru. On la pensait folle. Mais elle était bien fondée. Oui, Horace Lanfranchi a choisi sa fille, Christine Lanfranchi-Dorgal, comme suppléante, lors de la prochaine élection cantonale. Une décision qui fait couler beaucoup d'encre, mais le conseiller général du canton de Saint-Maximin n'en a cure. « Cela n'intéresse que ceux qui n'ont aucune vision de notre territoire ».
 
La crainte puis l'espoir
Le 11 décembre dernier, devant un parterre de 350 amis et soutiens, à la salle des fêtes de Saint-Maximin, Horace Lanfranchi a donc fait part de son choix. « Nous avions tenté de lui faire comprendre que c'était une erreur stratégique. Aujourd'hui, cela ne nous pose plus le moindre problème », avoue un de ses plus fidèles amis. Une fois encore, le vieux loup politicien est parvenu à faire adhérer les siens à son discours.
Sur le ton humoristique d'abord : « C'est bien la dernière personne à souhaiter mon décès » (1). Plus solennel ensuite : « Elle est au fait de tous les dossiers. Elle a dirigé le service financier de Saint-Maximin durant des années ; elle est aujourd'hui responsable d'un service au département et adjointe aux finances dans notre ville. Vous voudriez que je me prive d'un tel talent pour m'épauler ? » Une collaboratrice le consent : « Dès lors, nous sommes entrés en campagne. Cela tardait à démarrer. Il venait de nous booster tout en prévenant que nos adversaires seraient impitoyables ».
 
Une histoire de clan
Le premier à prendre l'étendard de la révolte est le candidat du Front national, Jean Cantisano : « Nous sommes dans une véritable dynastie ». Remarque étonnante pour l'adhérent d'un parti qui vient de prendre un virage plus prononcé. Alain Decanis, l'adversaire soutenu par le parti socialiste, préfère évoquer les origines corses. « C'est un clan qui a le pouvoir et qui ne veut pas le perdre ». Le principal opposant à la droite maximinoise voit à plus long terme. « Horace Lanfranchi veut promouvoir sa fille en vue des municipales de 2014. C'est au sein de leur famille politique que cela risque de laisser le plus de traces. Je leur souhaite bien du plaisir ».
 
La fin de la loi salique
À quelques lieues à la ronde, on évoque l'intercommunalité. « Dans la perspective d'une communauté d'agglomération, peut-être envisage-t-il de la propulser présidente ? » La succession d'Horace Lanfranchi a toujours posé un problème. En 2002, au moment de prendre la présidence du conseil général, la loi contre le cumul des mandats le contraint à céder son fauteuil de maire. Jean Ciantar pensait lui succéder, Gabriel Rinaudo fut désigné. Aujourd'hui, celui qui fut éliminé ne cache pas sa déception. « C'est la fin de la loi salique (2) » clame-t-il lorsque le sujet est évoqué. « N'étant pas un métier, la politique ne peut pas être héréditaire. Les électeurs n'aiment pas de tels comportements. Je sais que cela est passé de mode, mais quand on veut être un personnage public, il faut une certaine déontologie. Présenter sa fille comme suppléante, même si elle ne manque pas de qualités, n'est pas déontologique ».
 
En Provence verte, ce choix a bien évidemment surpris. De vieux briscards, installés dans les fauteuils de premier magistrat, n'ont pas manqué de le commenter. À gauche on pense que « c'est l'erreur qu'il ne fallait pas commettre ». Des maires estampillés UMP, eux aussi se montrent « réservés mais nous n'avons pas les tenants et les aboutissants. »
 
Dans le canton de Saint-Maximin, la désignation de la suppléante n'est pas une affaire d'État. Pour Sébastien Bourlin, le maire de Pourrières. « Notre seul objectif est la réélection d'Horace Lanfranchi et que celui-ci conserve son fauteuil de président du conseil général. Nous avons encore de nombreux travaux à terminer dans nos communes et sans lui, je ne suis pas certain que nous puissions les mener à bien ».
 
Une première tendance sera connue le 20 mars. Comme le dit si bien le principal intéressé : « Encore faut-il que les électeurs soient nombreux à se déplacer dans l'isoloir ! ».
 
arevello@varmatin.com
 

1. Pour ce scrutin, le suppléant prend la place du titulaire en cas de décès seulement.

2. Cette loi des francs saliens, le peuple de Clovis, déclarait purement et simplement les femmes inaptes à la succession à la couronne de France.