LA MARSEILLAISE
10 février 2011
 
Les cantonales en ordre de bataille dans le Var
 
Les électeurs varois auront à renouveler les conseillers généraux de 22 cantons sur 43, dont 7 sont détenus par la gauche. Un scrutin marqué par la diversité des candidatures, la crise et la réforme territoriale. Décryptage.
 
 
Alors que le dépôt des candidatures en préfecture du Var n’est pas encore ouvert (du 14 au 18 février), la campagne commence à prendre tournure, même si d’avis d’experts les électeurs ne semblent guère intéressés par le scrutin. Et pourtant, ils devront bien se prononcer pour renouveler les 20 et 27 mars les 22 conseillers généraux sortants* (sur 43). Sur fond de réforme territoriale, les enjeux sont de taille et la gauche compte bien aller titiller la droite sur ses terres et conserver ses 7 cantons remis en jeu cette année pour seulement deux ans.
   
Pour ce scrutin, la gauche dans sa diversité compte bien renvoyer la majorité départementale de droite face à ses responsabilités
Depuis les dernières élections varoises, le Département ferme les robinets et les Varois grincent des dents. La faute à la crise et la
 
chutede l’immobilier depuis deux ans, ont clamé les caciques de la droite varoise qui ont dû tailler dans les deux précédents budgets départementaux, réduire les aides aux communes, vendre quelques bijoux de famille et augmenter les taux d’imposition pour combler les trous. Sauf que la réforme fiscale est passée par-là depuis, ne laissant que peu de marge aux collectivités. Le tout doublé d’un gel des dotations de l’Etat. L’équation semble de plus en plus difficile à résoudre.
La culture, les petits clubs sportifs, la jeunesse et la vie associative en ont fait les frais, comme l’a pointé l’opposition de gauche (12 élus) au sein de l’assemblée départementale. Combien d’associations ont dû mettre la clé sous la porte, faute de subsides ? Et ce dans tous les secteurs d’activités.
Si les compétences obligatoires s’en tirent bien en terme comptable (social, transports, routes ou encore collèges), il y a là aussi matière à débat. En matière sociale notamment. La récente grève des services sociaux départementaux de 2010 a mis en lumière les carences : manque de temps et de moyens alors que la file d’attente de l’urgence sociale ne cesse de s’allonger, avec un taux de chômage qui augmente dans le Var intérieur et qui reste largement au-dessus de la moyenne nationale sur la côte.
Et quid de la dépendance dont le département est un acteur majeur avec le versement de l’Allocation personnalisé d’autonomie (APA) ?
Dans le même temps, les grands dossiers sont encore devant nous. Citons entre autres l’achèvement de la traversée souterraine, et son surcoût à financer, ou encore la réalisation de plus en plus hypothétique de la Ligne à grande vitesse PACA. Avec quels moyens en effet alors que les usagers ont toujours davantage besoin de déplacements de proximité ? Sans oublier que les grandes inondations de juin ont marqué durablement les esprits et les budgets…
Le décor est planté ou presque, notamment pour la gauche dans son ensemble qui vise à faire barrage à la droite et à l’extrême droite (qui risque de peser). Comme à La Garde, à Tavernes, à Hyères ou encore Saint-Maximin où le président de Conseil général, Horace Lanfranchi, aura fort à faire face à ses adversaires et ses propres contradictions.
 
Une gauche dans sa diversité (Front de gauche, Parti socialiste, Europe écologie-les Verts ou encore NPA) qui n’aura de cesse avec ses candidats de pointer les responsabilités de la droite locale qui soutient à Paris et ici la politique gouvernementale. « Nous sommes dans une situation qui place les collectivités locales dans des situations financières quasi-inextricables, favorisant ainsi la suppression des communes, de départements et de régions pour construire de grandes métropoles et des pôles métropolitains si chers à Hubert Falco et à l’UMP, dessaisissant les citoyens des choix politiques de proximité par la suppression de la clause de compétence générale. C’est le pouvoir centralisé qui imposerait ses options politiques. La démocratie est en danger », expliquait récemment dans nos colonnes le secrétaire départemental du PCF, Alain Bolla.
Au cours de cette campagne, plusieurs cantons seront à surveiller de près. Notamment ceux détenus par la gauche : Callas où le socialiste sortant Pierre-Yves Collombat se représente ; Lorgues où Barthélemy Mariani (PS) face à de nombreux candidats de gauche et de droite ; Brignoles évidemment où le communiste Claude Gilardo (Front de gauche-PCF), brigue un nouveau mandat ; à La Seyne où Patrick Martinenq (PS) se retrouvera confronté à 10 autres candidats dont 4 à gauche et 5 à droite (à noter la présence d’Arthur Paecht, sans étiquette cette fois-ci, qui revient après avoir perdu le canton Sud et la mairie). Sans oublier Le Luc ou encore Rians.
A Toulon, le maire se targue de vouloir faire le grand chelem avec ses poulains, tandis que dans le 2ème canton, le socialiste Bruno Maranzana se ne se représente pas. L’adjoint à la jeunesse Michel Bonnus devra se mesurer à deux candidats de gauche (Front de gauche avec Philippe Himber et socialiste avec Mohad Bourouis, soutenu par Europe écologie), un centriste (Ahmed Touati) fort du soutien de Mourad Boudjellal, omniprésent président du RCT, et les candidats du FN et de la Ligue du Sud. A surveiller aussi le 9ème canton, anciennement détenu par la communiste Danielle Daumas, où le sortant UMP Jean-Guy Di Giorgio aura face à lui seulement trois candidats (deux à gauche et un FN).
 
*Les cantons renouvelables sont : Callas, Saint-Raphaël, Le Muy, Saint-Tropez ; Tavernes ; Brignoles ; Rians ; Besse ; Hyères Est et Ouest ; La Garde ; Ollioules ; Toulon 9, 2 et 5, La Seyne, Six-Fours, Saint-Maximin, Fréjus, Le Luc, Lorgues, La Valette.
G. de Saint Vulfran (avec D.P. et N.T.)